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Inspiration : le steampunk

    Machines à vapeur, aérostats, corsets, Tour Eiffel en construction, tasses de thé, cuivre, rouages, horloges et mécaniques… Le steampunk est difficile à décrire, parce qu’il évoque à la fois beaucoup de choses et rien de précis.

    J’ai découvert ce genre il y a environ 5 ans, et il m’a immédiatement fascinée. Il m’a notamment servi de source d’inspiration pour développer l’univers de mon roman Météorites. Dans cet article, je vous propose d’en savoir plus sur ce genre, si vous ne le connaissez pas encore, et de vous raconter comment je me le suis approprié.

    Le steampunk

    Définition du steampunk

    Le concept est très bien expliqué dans cet article de Madmoizelle, qui date un peu (2014) mais qui n’en reste pas moins d’actualité.

    « Steam », la vapeur, évoque le XIXème siècle et en particulier l’ère victorienne, avec l’essor de la machine à vapeur. Le « punk » y apporte un twist dystopique, un côté futuriste et un peu déjanté. Le steampunk, c’est la science fiction vue par Dickens ou Jules Verne, un mélange baroque de science et de magie.

    Il s’agit d’abord d’un genre littéraire, pour évoquer des histoires se déroulant au XIXème siècle, souvent à Londres, et qui imaginent un « futur » où les technologies ne se seraient pas développées de la même façon. Par exemple, les univers steampunks sont souvent peuplés d’automates et d’engins volants en tous genres, tels des zeppelins ou des aéronefs (ne serait-ce que parce que tous les mots comportant le préfixe « aéro » sont d’un esthétisme irrésistible). Si l’énergie principale dans les univers steampunk est souvent la vapeur, on peut aussi croiser des univers où c’est l’électricité qui s’est développée en avance, ou bien d’autres technologies plus exotiques.

    Les histoires steampunk peuvent être soit des uchronies (c’est-à-dire des histoires qui se passent dans notre monde mais où l’Histoire a basculé lors d’un « point de divergence » : par exemple un personnage historique n’est pas né, ou bien n’est pas mort, une victoire s’est changée en défaite, etc.), soit se tenir dans des univers complètement imaginaires.

    Un autre thème souvent abordé dans les œuvres steampunk est celui du spiritisme, ou plus globalement du dialogue avec l’au-delà et du paranormal. Ces sujets suscitaient beaucoup d’intérêts au XIXème siècle (on peut notamment penser à la figure de Franz Mesmer, mort au début de ce siècle et fondateur de la théorie du « magnétisme animal » – je vous renvoie vers Wikipédia pour plus de détails). Dans le steampunk, on croise donc souvent des fantômes – pardon, des ectoplasmes, des zombies, des gens qui essaient d’utiliser l’énergie générée par la mort, de dialoguer avec les défunts ou même de les ressusciter. Après tout, avec les innovations technologiques plus ou moins délirantes qui sont explorées dans ces œuvres, tout devient possible.


    Les œuvres steampunk

    Quand on attribue une œuvre au genre steampunk, on parle donc de son décor, mais l’intrigue peut être de n’importe quel style : il y a des enquêtes steampunk comme celles de Rébecca Borakovski, des romances steampunk, des croisements entre steampunk et fantasy avec des elfes et des gobelins, etc.

    Dans mes précédents articles, je vous ai notamment parlé de BDs steampunk avec Lady Mechanika (♥) de Joe Benitez, de romans policiers-ésotériques-steampunks avec la série La 25ème heure et Le Chrysanthème noir de Feldrik Rivat, et de la série Doctor Who qui présente des éléments de steampunk. La trilogie Le Paris des Merveilles de Pierre Pevel est aussi une très chouette aventure (dont je n’ai pour l’instant lu que le premier tome), qui nous plonge dans une Belle Epoque pleine de magie. Quant à La Stratégie des As, de Damien Snyers, c’est un mélange de fantasy et de steampunk que j’avais beaucoup apprécié pour ses rebondissements et son histoire de cambriolage.

    Plus récemment, j’ai lu un livre qui est censé être un classique du genre : les Confessions d’un automate mangeur d’opium, co-écrit par les auteurs Mathieu Gaborit et Fabrice Colin. Malheureusement, je n’ai pas trop accroché aux personnages et j’ai trouvé la fin un peu tirée par les cheveux. C’est un souci que j’ai parfois avec les romans steampunks : les auteurs travaillent énormément le décor, créent un univers magnifique … et délaissent un peu l’intrigue ou bien construisent des personnages assez clichés.

    Au Salon Livre Paris 2019, j’ai eu l’occasion d’assister à une conférence sur « La mécanique du steampunk » qui réunissait les auteurs Victor Fleury (auteur de L’Homme Electrique et de l’Empire Electrique), Ariel Holzl (auteur des Sœurs Carmines), Lucie Pierrat-Pajot (autrice de la trilogie Les Mystères de Larispem). Deux de ces auteurs ont choisi de jouer avec l’histoire en allant sur le terrain de l’uchronie, le troisième ayant quant à lui construit son propre univers. Je suis contente d’avoir découvert ces nouvelles œuvres françaises dont les descriptions m’ont parues originales et intrigantes. J’ai hâte en particulier de me lancer dans Les Mystères de Larispem, qui décrit un Paris où la Commune de 1871 a triomphé et où la corporation des bouchers a pris le pouvoir.

    Il y a aussi des groupes de musique 100% steampunk, comme l’excellent Abney Park que j’ai écouté en boucle pendant une bonne période. Pour vous citer un extrait des paroles de leur chanson « Steampunk Revolution » :

    « We’ve got a steampunk revolution

    We’re tired of all your so-called evolution

    We’ve darted back to 1886

    Don’t ask us why; that’s how we get our kicks

    Out with the new

    In with the old »

    Très visuel, le steampunk est aussi un style qui attire de nombreux cosplayeurs (à savoir des gens qui se fabriquent des costumes de personnages célèbres ou de leur cru, et peuvent souvent être admirés dans les salons geeks tels que la Comic Con). J’ai moi-même un magnifique chapeau haut-de-forme que je réserve à ces grandes occasions 😉

    chapeau haut-de-forme steampunk
    Admirez comme il va bien à mon hibou

    Le steampunk dans Météorites

    Météorites est un roman structuré en deux parties, dont seule la deuxième présente un univers steampunk. La première partie, située dans un territoire que j’appelle « L’Empire », est un mélange d’inspirations XVIIIème et XIXème siècle, disons un croisement entre Marie-Antoinette, le Second Empire, la Traviata et Autant en Emporte le Vent 🙂 Bref, pensez « crinolines » et « Opéra Garnier ».

    En voici quelques illustrations :

    Moodboard pour la partie 1 de Météorites

    Dans la deuxième partie en revanche, l’intrigue se joue dans une ville nommée « Mirage » souvent baignée dans la brume, une ville aux vieilles ruelles en pierre et aux hauts bâtiments, reliés entre eux par des nacelles aériennes (un peu comme des téléphériques). L’énergie provient de la Foudre, une puissance exploitée par de grandes turbines à Foudre qui vrombissent au milieu des éclairs. Mirage a une atmosphère mystérieuse et vit plutôt la nuit que le jour. Ses habitants portent des hauts-de-forme, des bas rayés, des barbes exubérantes, des jupes honteusement courtes, des masques de carnaval, et changent de couleur de cheveux comme de chemise.

    Voici quelques extraits des descriptions de la ville :

    « La pluie tombait toujours, baignant la cité d’une atmosphère brumeuse et floue, et le vent soufflait avec une force désagréable. De temps en temps, des étincelles blanches illuminaient le ciel ou bien couraient le long des tours et des ponts de Mirage, tels de petits serpents de lumière. Des nacelles s’élevaient vers le ciel en grinçant et se perdaient dans les nuages. Dans la rue, les Mirageurs semblaient indifférents à tous ces phénomènes qui sidéraient encore Vïnchka … à moins que cette apparente impassibilité soit due aux masques qui leur couvraient parfois le visage. »

    « La cité de Mirage était bien souvent plongée dans la brume et, pour un regard trop fugace, pouvait sembler terne et morose. Quelques éclairs, parfois, frappaient le paysage d’une lumière éblouissante et faisaient alors apparaître les riches teintes de la vie. Ici, c’était un superbe gilet brodé dans des tons d’un bleu profond qui se cachait sous une cape noire ; là, une paire de bas à carreaux d’or. Une Mirageuse, rousse la veille, avait ce jour-là poudré ses cheveux de rose. Une autre révélait, sous un nuage de boucles claires, des lèvres carmin tranchant sur sa peau blanche. »

    Et le moodboard que j’avais conçu pour illustrer l’atmopshère de Mirage :

    Tableau d'inspiration / moodboard pour Météorites

    Comme vous le voyez, il y a un petit changement d’ambiance 😉

    Par rapport aux autres romans du genre, Météorites n’est donc pas une uchronie mais un univers complètement imaginaire. La vapeur n’est pas spécialement présente, l’énergie principale est celle de la Foudre – on est donc, à strictement parler, moins dans du steampunk que dans du lightningpunk 😉 Je n’aborde pas du tout dans ce roman le thème du spiritisme, que j’avoue ne pas vraiment apprécier – c’est même quelque chose qui m’avait déplu dans La 25ème Heure. L’enjeu est plutôt la confrontation entre l’immense Empire conquérant et la petite cité cachée, abritée derrière ses technologies, ses traditions et ses secrets.

    Enfin, dernière spécificité par rapport à un genre qui présente souvent des empires, des monarques comme la Reine Victoria, voire des dictatures, ma ville de Mirage fait preuve d’une certaine démocratie. Mais je vous parlerai du Quatuor Altier, du Fantôme et du Cercle de Mirage une autre fois !

    Crédits image : Fabrizio Verrecchia on Unsplash

    Les images de mes moodboards proviennent de Pinterest et malheureusement je ne connais pas leur origine exacte … 

    14 commentaires sur “Inspiration : le steampunk”

    1. Tu as des petits romans purement steampunk à conseiller ? 🙂 J’arrive à saisir les touches dans quelques livres, mais j’ai l’impression que des romans misant entièrement sur cette ambiance sont plus difficiles à trouver, je me trompe ?

      1. Il y en a ! « Les Voies d’Anubis » est un classique, « La 25eme heure » rentre tout à fait dans le genre. Il y a aussi « Confessions d’un automate mangeur d’opium », personnellement je n’ai pas été très fan mais il rencontre un certain succès donc tout dépend des goûts. En tout cas l’ambiance est là ! Après j’ai pour l’instant lu peu de romans purement steampunk, et le souci c’est que parfois je trouve que le développement de l’ambiance a été fait au détriment de la qualité de l’histoire … Mais je ne renonce pas !

    2. Tes moonboards sont très beau ! Et merci pour toutes ces chouettes références. Vrai que l’ère victorienne est la plus privilégiée, cela dit j’ai eu croisé un excellent roman steampunk… au XVIe siècle ! Ambiance Borgia, le tout saupoudré d’inventions et de mécaniques à la Léonard de Vinci. J’ai trouvé ça super original ! « Le Sang des Princes » chez L’Homme sans nom, si jamais 😉

      1. Ah oui oui je connais ! J’en ai même fait une critique il y a longtemps. Effectivement c’est très intéressant comme ambiance, même si pour moi du coup ce n’est pas exactement steampunk

    3. Je suis totalement amoureuse de l’esthétique Steampunk (je suis déjà allée à un salon avec un costume steampunk, malheureusement très modeste, je n’ai pas encore craqué pour un corset ou une paire de lunettes d’aviateur^^). Par contre c’est vrai que je suis capable de citer assez peu d’oeuvres dans ce genre, je vais m’empresser de jeter un coup d’oeil à celles que tu cites…

    4. J’adore tout ce qui concerne le steampunk ! C’est tout simplement fascinant et ça s’ouvre à d’innombrables possibilités je trouve. J’ose pas encore m’y plonger à fond mais j’ai intégré certains éléments du genre dans mon roman. J’aime bien mélanger des idées par ci et par la et c’est peut être là que réside l’essentiel de mon problème 😀

      Merci pour cet article !

      1. Et j’adore les visionboard que tu fais ! Je vais essayer…
        J’enregistre à chaque fois plein d’images qui m’inspirent mais je n’ai jamais pensé à les assembler !!!

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