L’an dernier, j’avais écrit le premier jet de mon roman n°4 en 26 jours à l’occasion du NaNoWriMo (je raconte tout ça ici). Et en faisant le bilan de ce challenge assez foufou, j’avais remarqué quelque chose :
Je me suis rendu compte avec un certain amusement que j’avais écrit chacun de mes premiers jets trois fois plus vite que le précédent : trois ans pour Le Page de l’Aurore, neuf mois pour Cité de Foudre, trois mois pour Empire d’Orage, et maintenant moins d’un mois. Qui sait, peut-être que j’écrirai le prochain en dix jours ?
Challenge accepted 😉.
Le 1er novembre, j’ai commencé à écrire le premier jet de mon roman n°5. Et le 9 novembre, 73 000 mots et quelques plus tard, je l’ai terminé.
Même moi, j’ai halluciné 😱.
Voyons comment j’ai fait (et pourquoi je me suis infligé une épreuve pareille).
Utiliser des méthodes qui fonctionnent
L’élément principal de ma réussite tient à une formule simple : “on prend les mêmes et on recommence”. C’est-à-dire que j’ai réutilisé l’essentiel des méthodes qui m’avaient permis d’être si productive l’an dernier :
- Une préparation minutieuse et un plan très détaillé, pour ne jamais avoir à me demander ce que j’allais raconter maintenant
- Un niveau zéro d’exigence sur la qualité de ce que j’écrivais : dans mon premier jet, il y a des phrases interrompues, des répétitions partout, des monologues intérieurs de 10 pages, bref, c’est super moche. Mon éditeur intérieur est bâillonné et ligoté
- Une acceptation sereine du fait que je vais, par conséquent, à peu près tout réécrire. Mais c’est pas grave. Pour le premier jet, mon seul objectif c’est de mettre mes idées par écrit et d’avoir une vision complète de mon histoire
Et quand je dis tout réécrire, je parle littéralement.
J’ai partagé un avant / après aux auteurs que j’accompagne dans le cadre du Manoir Littéraire, entre le premier jet de roman n°4 (celui que j’ai écrit l’an dernier, donc) et la version que j’ai depuis réécrite et travaillée avec mes alpha-lectrices. Ils peuvent confirmer que, même si tout le chapitre décrit la même scène, il n’y a qu’une dizaine de phrases qui ont survécu d’un texte à l’autre.
- Dernier élément : des notes sur les choses à corriger PLUS TARD, pour ne pas avoir à m’interrompre et à revenir en arrière
Tous les jours, je créais une nouvelle entrée dans mon journal de bord sur Notion. Au fur et à mesure de l’écriture, dès que je trouvais qu’un personnage ou un aspect de l’univers n’était pas assez développé, ou qu’il y avait une incohérence par rapport à quelque chose au début de l’histoire, je le notais.
Puis je me remettais à écrire.
Toutes ces notes, c’est une liste de courses pour “moi du futur”, qui aura l’amabilité de se charger des corrections.
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S’adapter pour mieux sprinter
Il y a une chose qui m’avait réussi l’an dernier, mais que je n’ai pas vraiment réutilisée cette fois-ci : les sprints d’écriture.
En 2021, j’adorais me mettre une limite de temps pour écrire le plus vite possible dans un intervalle de 10, 20 ou 30 minutes.
Sauf que cette année, ça m’a frustrée. À chaque fois que je faisais un sprint, il se terminait pile au moment où j’étais en plein flow d’écriture.
J’étais forcée de m’arrêter et d’attendre un petit moment qu’un autre sprint se relance. Entre-temps, je perdais complètement mon élan et j’avais parfois beaucoup de mal à m’y remettre.
Donc au bout d’une semaine, j’ai décidé de me passer de ces sprints artificiels et de me laisser écrire librement, jusqu’à ce que mon inspiration s’assèche, que je termine une scène, ou que j’aie vraiment besoin d’une pause.
Comme quoi, il faut toujours rester souple dans son process d’écriture et s’écouter pour savoir ce qui nous convient.
C’est pas parce qu’on s’y est pris d’une certaine façon pour écrire ses précédents romans que ça fonctionnera bien pour les suivants (parole d’une ancienne Jardinière).
Se faciliter la tâche
Pour finir, deux choses m’ont permis d’avancer plus vite cette année.
La première, c’est que ce roman n°5 est un tome II (la suite et fin du roman n°4, donc). Avant de me lancer, je connaissais donc déjà bien mon univers et la plupart de mes personnages. J’avais donc beaucoup moins de questions à me poser que pour le tome I, où tout était à inventer.
J’ai aussi le fol espoir que ça me simplifie la vie pour les corrections.
Le deuxième point est le plus basique.
Je me suis simplement accordé plus de temps pour écrire chaque jour.
Au final, je pense avoir écrit à peu près à la même allure que l’an dernier, au rythme d’environ 2000 mots par heure. Sauf qu’au lieu d’écrire 1h30 par jour, j’en faisais le double, voire le triple.
J’ai aussi consacré l’essentiel du 1er novembre (jour férié) et du week-end suivant à l’écriture.
J’avais fait attention, avant le mois de novembre, à bien libérer mon emploi du temps pour n’avoir quasiment rien d’autre à faire de mes après-midi. J’avais acheté des plats rapides à préparer pour ne pas passer trop de temps en cuisine.
Mon activité de formatrice était en stand-by. J’avais conservé celle de scénariste de jeu vidéo, mais elle n’occupe que 25% de mes journées.
Je raconte pas tout ça pour me la péter
⚠️ Qu’on soit bien clair : le but de cet article n’est PAS de dire “je suis la meilleure, j’écris super vite, pondre un roman en 10 jours c’est facile”.
C’était PAS facile.
J’en ai bavé. Vraiment. C’était super dur à vivre, ces neuf jours. J’ai eu l’impression qu’ils duraient une éternité. J’étais épuisée. Je détestais une grosse partie de ce que j’écrivais. Ça m’a demandé énormément d’efforts.
❗C’était un challenge débile lancé à moi-même, pas une méthode à suivre.❗
Je voulais juste savoir si j’en étais capable, j’ai ma réponse.
Je suis fière de moi, de m’être accrochée, d’avoir testé les limites de ma détermination 💪.
Mais toutes les personnes qui écrivent méritent d’en être fières, qu’elles soient rapides ou non, qu’elles participent au NaNoWriMo ou non.
Aller vite n’est pas un but en soi. L’important, c’est de se faire plaisir et d’écrire des livres qu’on aime. Et c’est déjà bien assez de boulot comme ça, sans se rajouter en plus la pression de comparer son rythme d’écriture à celui des autres.
Et si tu débutes, si tu as un travail à plein temps, ça n’a aucun sens de te comparer à quelqu’un qui en est à son 5e roman et qui n’avait quasiment que ça à faire de ses journées.
OK ?
D’ailleurs, c’est pas parce que je suis rapide pour le premier jet que c’est pareil pour le reste : je suis très lente sur les corrections, je ne me crois pas capable d’écrire et de publier plus d’un livre par an (c’est même déjà un exploit).
Je ne sais vraiment pas si je retenterais l’expérience pour des prochains romans.
Et NON, je ne vais certainement pas tenter d’écrire le prochain en 3 jours, parce que là c’est sûr que j’exploserais en vol 😅.
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