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Comment écrire de la fantasy et de la SF (3/5) : Construire le récit

    On continue la série d’articles sur l’ouvrage d’Orson Scott Card, Comment écrire de la fantasy et de la science-fiction (paru chez Bragelonne). Après avoir abordé les spécificités des genres littéraires de la fantasy et de la science-fiction, puis la construction d’univers imaginaires, on se penche maintenant sur les techniques liées à la construction du récit et à la structure de l’intrigue. O.S. Card aborde notamment une thématique que je trouve passionnante : où commencer son histoire et où la conclure ?

    Retrouve les premiers articles de la série :

    Comment écrire de la fantasy et de la SF (2/5) : Univers imaginaires

    Comment écrire de la fantasy et de la SF (1/5) : Genres littéraires


    Construire un récit de SFFF orson scott card

    Construire son récit de SFFF

    Une fois qu’on a mis en place son univers imaginaire et établi ses règles, comment est-ce qu’on passe à l’étape de “raconter une histoire” ?

    Préparation et rédaction

    O.S. Card encourage les auteurs à laisser leurs idées mûrir pendant des mois et des années, à les mélanger entre elles, pour les rendre plus riches et plus abouties.

    Il reconnaît qu’”il n’existe pas deux histoires qui se développent de la même façon”, ni deux auteurs qui s’y prennent de la même manière.

    Parfois, on a d’abord une idée de personnages et on crée l’univers ensuite, parfois c’est l’inverse. Dans tous les cas, chacun de ces processus a une forte influence sur l’autre, et il faut être prêt à remettre sans cesse ses premières idées en question.

    Certains écrivains doivent tout créer avant d’essayer de fournir un travail narratif. D’autres doivent entamer la narration sur-le-champ, la retravailler encore et encore, en laissant les nouvelles idées leur venir pendant la rédaction de chaque jet.

    On retrouve la bonne vieille distinction Architectes vs Jardiniers.

    Lui-même se situe plutôt entre les deux. Il imagine d’abord le décor, puis l’intrigue qui s’y joue. Pour développer ses histoires, il fait beaucoup de préparation, puis se lance dans un premier jet brouillon et laisse les idées nouvelles surgir pendant qu’il écrit. Au final, ses romans achevés n’ont pas grand-chose à voir avec leur première version.

    Pour certains écrivains, l’une des meilleures façons d’aider une idée à mûrir est d’essayer d’en écrire un brouillon, de voir ce qui en résulte lorsqu’on essaye véritablement d’en faire une histoire. Tant que vous admettrez que le brouillon que vous rédigez immédiatement après avoir conçu l’idée devra certainement être mis à la corbeille et repris depuis le début, tout ira pour le mieux.

    Comme c’est aussi ma manière de faire et celle que je propose aux auteurs de mon programme La Légende, je trouve O.S. Card très pertinent dans ses recommandations 😇. Un premier jet n’a pas, jamais, du tout, à être parfait. Il a juste à être écrit et à permettre d’y voir plus clair.

    Qui est le protagoniste ?

    O.S. Card distingue 3 types de personnages, qui peuvent parfois être fondus en un seul :

    • Le héros ou l’héroïne

    C’est le personnage que les lecteurs veulent voir réussir à atteindre ses objectifs

    • Le personnage principal

    C’est le plus important du récit, “celui qui fait que tout arrive, celui dont les choix et les combats sont le centre du récit” – et qui peut en fait être un anti-héros, voire l’antagoniste du héros.

    C’est le personnage qui vit le plus de conflit, qui souffre le plus, donc qui a le plus envie que les choses changent.

    C’est aussi quelqu’un qui doit avoir le pouvoir et la liberté d’agir, ce qui exclut les enfants trop soumis à leurs parents (d’où la fréquence des jeunes héros orphelins), mais aussi les rois et les dirigeants trop contraints dans leurs choix ou trop éloignés du feu de l’action.

    De quoi parle votre histoire ? D’une personne qui a une très bonne raison de vouloir que la situation change – et qui a à la fois le pouvoir et la liberté d’essayer d’y arriver.

    • Le personnage de point de vue

    C’est la personne par les yeux de laquelle les lecteurs découvrent l’action, c’est-à-dire le narrateur dans une narration à la 1re personne, ou le personnage qu’on suit et dont on connaît les pensées, dans une narration à la 3e personne.

    Sans forcément être le personnage principal, ce personnage est néanmoins majeur et doit être en mesure d’assister, voire de prendre part, aux principaux événements de l’histoire.

    Lire aussi : Les différents types de narration du roman

    Où commencer et terminer le récit ?

    Pour O.S. Card, la règle d’or est que le début et la fin d’une histoire se répondent.

    Il est essentiel de vous assurer que votre début crée le besoin que votre fin va satisfaire ; ou que votre fin satisfait le besoin que vous avez créé !

    Pour déterminer comment les choisir, il conseille de déterminer quel élément de l’histoire est le plus important : le Milieu (l’univers), l’Idée, le Personnage ou l’Événement.

    • Le Milieu

    Si ce qui t’intéresse le plus, c’est de présenter la planète, la société ou la famille qui sert de cadre à ton récit, comme dans Les Voyages de Gulliver, O.S. Card estime que la meilleure façon de s’y prendre est de suivre la structure suivante :

    Un observateur qui verrait les choses comme nous part dans un endroit étrange, y voit toutes les choses intéressantes, est transformé par ce qu’il voit, et rentre chez lui en homme nouveau.

    Début : l’étranger arrive.

    Fin : il repart (ou décide de ne pas le faire).

    Personnage principal : l’étranger.

    • L’Idée

    Il s’agit des histoires d’enquêtes, qui mettent en avant le processus par lequel les personnages découvrent des informations. Il peut s’agir de résoudre un meurtre, ou de comprendre comment une civilisation a disparu, par exemple.

    Début : on soulève une question.

    Fin : la réponse est trouvée.

    Personnage principal : un·e détective, un·e scientifique, un·e psychiatre, un·e historien·ne…

    Comme avec le type “Milieu”, ce type d’histoire ne doit pas commencer par une longue présentation des personnages, qui sont d’une importance secondaire.

    O.S. Card met en garde les “écrivains novices” contre l’envie d’utiliser trop souvent ce type de structure et de cacher au lecteur des informations importantes sur les personnages et leurs motivations, sous prétexte de créer du suspense.

    Ce n’est pas le cas. Le suspense survient lorsqu’on a presque toutes les informations – assez d’informations pour que le public soit émotionnellement impliqué et qu’il s’intéresse vivement à celle qui lui manque, [à savoir] ce qui va se produire ensuite. […] On utilise la structure du récit d’Idée seulement lorsque ce sont les personnages qui cherchent les réponses à leurs questions.

    • Le Personnage

    Là, au contraire, on veut raconter “la transformation du rôle du personnage dans la communauté qui lui importe le plus”. Il peut bien sûr y avoir des transformations de personnages dans les autres types d’histoires, mais ici ce sera l’intrigue principale et le cœur du récit.

    C’est dans ce type de récit qu’il est particulièrement important d’avoir des personnages complexes et approfondis. Le changement du personnage principal affecte aussi ceux qui l’entourent.

    Début : “le personnage devient si malheureux, impatient ou agacé par son rôle actuel qu’il commence son processus de transformation”

    Fin : “le personnage soit s’installe dans un nouveau rôle (heureux ou non), soit abandonne la lutte et conserve son ancien rôle (heureux ou non)

    Personnage principal : celui dont les changements déclenchent toutes les autres transformations.

    • L’Événement

    Un bouleversement s’est produit qui met à mal l’ordre du monde. L’âge d’or est terminé et le monde devient un terrain chaotique, plein de dangers. Cet événement peut être un meurtre, une invasion d’aliens, une naissance, ou une simple décision.

    Début : “le personnage dont les actions sont le plus cruciales pour l’établissement d’un ordre nouveau se retrouve impliqué dans la lutte”.

    ⚠️ O.S. Card insiste sur le fait que ce type d’histoire ne doit PAS débuter au moment où le monde plonge dans le chaos, et encore moins par un prologue interminable et impersonnel sur toute l’histoire de l’univers. Mieux vaut simplement commencer par la petite partie du monde où évolue le personnage principal.

    Fin : un ordre nouveau est établi, ou l’ordre ancien est rétabli… ou le monde sombre dans le chaos 😈.

    Pour O.S. Card, cette structure est la plus courante en SFFF, et c’est notamment celle du Seigneur des Anneaux qui ne se termine pas par la mort de Sauron, mais par la mise en place du Quatrième Âge.


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    2 commentaires sur “Comment écrire de la fantasy et de la SF (3/5) : Construire le récit”

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