Aller au contenu
Accueil > Publication & Promotion > Lectorat & Genre littéraire > Comment écrire de la fantasy et de la SF (1/5) : Genres littéraires

Comment écrire de la fantasy et de la SF (1/5) : Genres littéraires

    Après Personnages et points de vue qui m’avait laissé une impression un peu mitigée, je viens de lire Comment écrire de la fantasy et de la science-fiction, toujours d’Orson Scott Card. Et j’en ai à peu près adoré chaque ligne 🤩 ! Ce livre m’a passionnée et j’ai très envie d’en partager les meilleurs enseignements.

    J’ai lu le livre dans son édition de 2018 chez Bragelonne, qui a le mérite d’apporter beaucoup de notes utilies pour contextualiser et moderniser certaines recommandations et remarques d’O.S. Card liées au marché de l’édition américain dans les années 1990.


    Le livre comporte 5 parties :

    1. La frontière infinie, qui parle de ce que représente le fait d’écrire de la SFFF (science-fiction, fantasy et fantastique) aujourd’hui
    2. La création de mondes, pour des conseils sur la création d’univers
    3. La construction du récit, pour des conseils sur les personnages, le point de vue et la structure
    4. Bien écrire, une courte section qui aborde l’exposition et le style
    5. L’écriture : vie et carrière, qui aborde la gestion d’une carrière d’auteur

    Chacune fera l’objet d’un article dédié, pour donner à chaque sujet l’attention qu’il mérite 🙂

    Que sont la science-fiction et la fantasy ?

    Les frontières de l’imaginaire

    Que sont la science-fiction et la fantasy ?

    Pour O.S. Card, plusieurs choses.

    Une catégorie éditoriale “ghettoïsée”

    Pour des raisons simples et pratiques de classement en librairie, les ouvrages de fiction sont rangés en catégories : Science-Fiction, Fantasy, Western, Historique, Romance, Policier…. et “Littérature blanche”, « Littérature Contemporaine » ou “Littérature Générale” pour tout le reste (voire parfois juste “Littérature”, une dénomination qui me donne personnellement envie de cramer des trucs – merci de sous-entendre une fois de plus que la littérature de genre est de la sous-littérature, ça fait toujours plaisir)(sur ce sujet, je recommande d’ailleurs un épisode du podcast Les Mots Raturés sur “La “vraie” littérature”)(bref).

    Cette catégorisation est assez récente. Elle était en tout cas beaucoup moins vive à l’époque des romans de Jules Verne ou H.G. Wells.

    Elle contribue par ailleurs à renforcer le sentiment de communauté dans chaque catégorie, ce qui peut conduire à “enfermer” les auteurs de l’imaginaire dans ce genre : on (les éditeurs et les lecteurs) va s’attendre à ce qu’ils continuent d’écrire de la SFFF

    Une grande liberté interne

    Ce que nous avons fait, c’est d’étendre les catégories de la science-fiction et de la littérature, de les rendre plus libres et plus accueillantes que n’importe quel autre genre littéraire contemporain. Nous avons de la place pour tout le monde, et nous sommes extraordinairement ouverts à toute authentique expérimentation.

    Non, O.S. Card n’est jamais avare d’éloges pour la communauté des auteurs et des lecteurs de SFFF 😉.

    Pour lui, les frontières de la SFFF ont toujours été et sont encore continuellement repoussées. Néanmoins, pour s’inscrire dans ce genre, il recommande de revenir d’abord aux bases et de lire un échantillon représentatif des grands auteurs et des œuvres qui ont marqué l’imaginaire pour, au choix :

    • Identifier le sous-genre qu’on préfère
    • Déterminer si on a des goûts “démodés” (ce qui n’est pas forcément gênant)
    • Se rendre compte éventuellement que rien ne ressemble à ce qu’on aimerait écrire, ce qui est bien aussi
    • et dans tous les cas, comprendre “les clichés dont le public se méfiera, ce que le public attendra de votre récit, ce que vous devez expliquer, et ce que vous pouvez considérer comme acquis”

    Ici, O.S. Card rassure contre la peur de ne plus avoir aucune idée originale après en avoir découvert tant :

    La nouveauté et la fraîcheur que vous apporterez au domaine ne viendront pas de vos idées neuves. Les idées véritablement neuves sont rares, et, de toute façon, se révèlent souvent être des variations sur de vieux thèmes. Non, votre fraîcheur viendra de votre façon de penser, de la personne que vous êtes.

    La littérature de l’étrange

    Pour O.S. Card, la SFFF “comprend toutes les histoires qui prennent place dans un environnement contraire à la réalité connue”, à savoir :

    • Les histoires qui se passent dans le futur et, notamment, celles qui spéculent sur les futures technologies
    • Celles qui se déroulent dans un passé uchronique (par exemple : et si Napoléon avait conquis l’Angleterre)
    • Celles qui imaginent d’antiques civilisations disparues, incompatibles avec les données archéologiques connues
    • Celles qui se passent sur un autre monde
    • Celle où des lois naturelles sont contredites, avec l’intégration par exemple de la magie ou du voyage dans le temps

    (Une définition qui, de son propre aveu, n’est pas idéale puisqu’elle englobe aussi des œuvres d’autres genres, mais à laquelle au moins tous les textes de SFFF peuvent correspondre.)

    C’est donc l’environnement et son étrangeté qui déterminent le genre, sachant que les êtres humains – et les lecteurs de SFFF en particulier – sont généralement attirés par un certain degré d’étrangeté, d’inconnu et de découverte mystérieuse.

    La différence entre SF et fantasy

    Si ces genres sont distincts au niveau éditorial et dans les classements des (bonnes) librairies, la frontière qui les sépare est parfois floue.

    J’ai tendance à dire simplement que les univers de fantasy évoquent le passé tandis que ceux de SF évoquent le futur. Plus subtil que moi, O.S. Card préfère cette distinction :

    La SF parle de ce qui pourrait être mais qui n’est pas ; la fantasy parle de ce qui ne pourrait être.

    Ou encore :

    S’il y a des gens pour faire de la magie – chose impossible – en frottant un talisman ou en priant auprès d’un arbre, c’est de la fantasy ; s’ils accomplissent la même chose en appuyant sur un bouton ou en s’installant dans une machine, c’est de la SF.

    Dans tous les cas, ces frontières de l’imaginaire, de la fantasy et de la SF sont pour O.S. Card à voir non pas comme des obstacles, mais comme des digues qui permettent de guider notre créativité.

    Donc concrètement, s’il y a de la magie, des dragons, des démons et que tout le monde trouve ça normal, c’est de la fantasy. (En revanche, si tout le monde trouve ça très étrange et se demande si c’est vrai, c’est plutôt du fantastique – cf. la définition donnée par Tzvetan Todorov.)

    Et c’est justement parce que TOUT est possible en fantasy qu’il est important de limiter les possibilités de la magie, en lui donnant un coût, un prix, ou des conséquences désastreuses – pour éviter que les personnages puissent se tirer de n’importe quelle situation d’un coup de baguette.

    Ce qui nous amène – fabuleuse transition – à discuter de la création de mondes imaginaires et de leurs lois.

    Ce sera l’objet du prochain article de cette série : Comment écrire de la fantasy et de la SF (2/5) : Univers imaginaires !


    Cet article t’a plu ? Épingle-le sur Pinterest pour le retrouver plus tard 📌 !

    2 commentaires sur “Comment écrire de la fantasy et de la SF (1/5) : Genres littéraires”

    1. Retour de ping : Comment écrire de la fantasy et de la SF (2/5) : Univers imaginaires - L'Astre et la Plume

    2. Retour de ping : Comment écrire de la fantasy et de la SF (4/5) : Travail du style - L'Astre et la Plume

    Laisser un commentaire

    Ce site utilise Akismet pour réduire les indésirables. En savoir plus sur comment les données de vos commentaires sont utilisées.