Quels sont les problèmes qu’on peut rencontrer quand on se lance dans l’écriture ?
Ça y est, vous êtes déterminé à vous lancer : vous allez écrire un roman ! Vous êtes motivé comme jamais, vous avez une idée incroyable, c’est l’ébullition dans votre cerveau.
Profitez de ce moment de jubilation… Et sachez qu’il ne dure pas toujours. Si l’écriture créative est une activité merveilleuse, elle n’est pas toujours tendre envers ceux et celles qui la pratiquent – loin de là. Voici les principaux écueils auquel vous devriez vous attendre et quelques idées pour les contourner quand on débute en écriture.
1- Attendez-vous à vous impatienter
Vous êtes tellement débordant d’inspiration que vous pensez que quelques semaines suffiront à donner vie à votre texte. Peut-être même allez-vous profiter du NaNoWriMo pour l’écrire : 1 mois, 50 000 mots et hop !
Mais voilà la réalité : écrire un roman prend au minimum plusieurs mois et peut facilement déborder sur plusieurs années.
Même si les frontières entre nouvelle, novella et roman sont floues (comme le rappelle cet article de Narration et caféine), on considère qu’un roman classique contient en général 80 000 mots ou plus. Donc même en travaillant d’arrache-pied pour produire 50 000 mots en un mois, le compte n’y sera pas.
Pour peu que vous ayez une activité annexe à l’écriture (travail, études, recherche d’emploi etc.) vous ne pourrez pas y consacrer plus de quelques heures par jour – et encore, les bons jours. Chaque auteur écrit à un rythme différent : certains 1500 mots par heure, d’autres 200. Et encore, cela ne concerne que la rédaction pure et omet tout le travail de préparation puis de corrections de votre roman.
Il faut encore prendre en compte la taille que fera votre livre : si vous avez l’ambition de produire un pavé de 500 pages, voire une tétralogie, sachez que le temps de rédaction en sera démultiplié. L’article « Combien de temps prend l’écriture d’un roman ? » du blog Le Souffle Numérique vous en dira plus sur les délais à prévoir approximativement.
Mais dans tous les cas, ce sera long.
Comment faire pour écrire un roman rapidement ?
Il n’y a pas de recette magique, vous devrez forcément y consacrer du temps. Mais voici deux conseils pour concentrer l’écriture de votre manuscrit sur une période restreinte :
- Préparez-vous en amont. Réfléchissez à votre histoire, définissez le fil rouge qui vous conduira jusqu’à la fin, faites un plan (même succinct). Cela vous permettra de savoir où vous voulez aboutir et vous évitera de trop dévier en cours de route (et de devoir tout réécrire ensuite)
- Travaillez régulièrement. C’est la méthode « les petits ruisseaux font les grandes rivières » pour avancer petit à petit. De plus, passer du temps chaque semaine (voire chaque jour) sur votre texte vous permettra de garder l’histoire fraîche dans votre tête et d’être plus efficace
2- Attendez-vous à fatiguer
Même si c’est un plaisir, écrire et corriger un roman demande beaucoup de concentration et d’énergie. Il ne s’agit pas seulement de jeter des mots sur un clavier comme ils vous viennent : il faut réfléchir, trouver des idées, résoudre des problèmes, relire et retravailler les mêmes phrases des dizaines de fois. Construire une intrigue qui se tient demande beaucoup de travail.
Vous allez découvrir qu’à la fin d’une séance d’écriture vous vous sentirez fatigué, vous aurez mal à la tête, avec l’impression d’avoir des cloches qui résonnent dans votre crâne.
Et peut-être que la prochaine fois que vous voudrez vous y mettre, vous renâclerez un peu.
Vous aurez déjà une longue journée dans les pattes et finalement, pour vous détendre, vous aimeriez mieux vous installer devant votre canapé avec une petite série.
Comment faire pour trouver l’énergie d’écrire ?
- Commencez doucement. Faites d’abord des séances d’un quart d’heure (ou même moins), puis augmentez progressivement les doses. Vous allez voir que votre cerveau va s’habituer à l’effort et se muscler. Vous pouvez d’ailleurs utiliser la formule du défi sablier, proposé par l’autrice Samantha Bailly
- Essayez d’écrire le matin, quand vous avez encore les idées fraîches et l’esprit reposé. Pour en savoir plus sur les meilleures horaires pour écrire, découvrez mon article « à quelle heure de la journée écrire ? »
3- Attendez-vous à vous tromper
Comme tous les arts, l’écriture est quelque chose qui s’apprend qui se travaille. Comme tous les arts, quand on débute on fait généralement des erreurs (pensez à la douleur de l’entourage des apprentis violonistes !).
Le choix des erreurs est large, aussi bien sur le fond que sur la forme du récit.
Vous allez peut-être tomber dans le piège de l’exposition à outrance, dans celui des personnages caricaturaux, de l’intrigue plate ou de celle qui s’éparpille, des dialogues inutiles, du manque de représentation, des narrations confuses, des verbes faibles ou des excès d’adjectifs. Il y en aura forcément un, et sans doute plusieurs !
C’est parfaitement normal de ne pas maîtriser toutes les clés au démarrage. D’ailleurs, vous passerez sans doute toute votre vie d’écrivain à traquer vos faiblesses et à les corriger. La bonne nouvelle, c’est que vous ne pouvez que progresser. De nombreuses ressources existent pour vous y aider.
Comment éviter les erreurs en écriture ?
- Lisez d’autres œuvres et aiguisez votre sensibilité de lecteur pour apprendre à reconnaître ce que vous appréciez ou ce qui vous dérange dans vos lectures. De cette façon, vous y serez plus attentif au moment de prendre la plume. N’hésitez pas à vous inspirer des meilleurs ! (en évitant le plagiat, bien sûr)
- Pour aller plus loin, vous pouvez également réaliser des bêta-lectures pour aider d’autres auteurs
- Il existe des manuels théoriques reconnus qui peuvent vous guider sur de nombreux sujets, qu’il s’agisse de construire votre intrigue ou de choisir le mode de narration. J’en évoque un certain nombre dans cet article sur les livres sur l’écriture.
- Enfin, Internet regorge de blogs et de chaînes YouTube dédiés à l’écriture qui vous donneront gratuitement des myriades de conseils. Si vous avez déjà fait le tour de mon blog, je vous invite à découvrir mes blogs d’écriture préférés 😉
4- Attendez-vous à douter
Le syndrome de l’imposteur est un fidèle compagnon des auteurs. Que ce soit dès l’écriture de la première phrase ou après avoir jeté vos idées sur le papier, vous allez vous poser des tas de questions existentielles. D’autant plus que vous serez fatigués et que vous aurez commis des tas d’erreurs (cf. plus haut).
« Est-ce que ce que j’ai écrit est bien ? Est-ce que ça intéressera des lecteurs ? Est-ce que ça ne ressemble pas trop à [roman classique du genre] ? Est-ce que mon histoire est cohérente ? Est-ce que le lecteur va s’attacher à mes personnages ? »
Le problème, c’est que cette phase de questions est généralement accompagnée de sévères remises en question. Vous allez vous trouver nul, déprimer, vous dire que vous n’êtes bon à rien, que personne ne vous lira jamais et qu’il vaudrait mieux tout arrêter.
Ne renoncez pas.
Oui, l’écriture est difficile. Non, vous ne produirez sans doute pas un chef d’oeuvre dès le début.
Mais perdre toute confiance en vous ne vous permettra pas de devenir le romancier ou la romancière du siècle.
Comment reprendre confiance en soi quand on écrit ?
- Persévérez et gardez courage ! C’est en écrivant qu’on apprend à progresser. Chaque scène écrite, relue, corrigée, réécrite et retravaillée vous amènera plus loin sur le chemin de l’écriture. Si vous n’êtes pas satisfait de ce que vous écrivez aujourd’hui, relisez ce que vous faisiez il y a un an, ou cinq ans, et mesurez le chemin parcouru
- Comparez-vous aux autres ! Si, si 😉 Relisez des livres que vous n’avez pas aimé, et dites-vous que vous pouvez faire mieux !
- Demandez à des gens bienveillants de vous donner leur avis sur vos textes, des conseils pour vous améliorer, et de vous encourager. Quitte à affronter la critique, autant le faire dans des conditions de confiance. Et vous serez peut-être surpris du résultat.
5- Attendez-vous à recommencer
Eh oui, l’auteur est un personnage un peu masochiste !
En réalité, toutes ces difficultés valent la peine d’être endurées et surmontées pour apprécier le plaisir inimitable de donner vie à une histoire et de la partager.
Comme les 5 phases du deuil, ces phénomènes sont des passages obligés pour quasiment tous les auteurs. Vous voilà donc prévenu(e). Mais la bonne nouvelle, c’est tout de même que maintenant que vous savez à quoi vous attendre :
- Vous n’aurez aucune raison de culpabiliser. Tout le monde passe par là, y repasse régulièrement, et c’est normal
- Vous saurez que vous n’êtes pas seul(e) ! La communauté des auteurs est très active sur internet, que ce soit à travers les blogs, les forums ou les réseaux sociaux. N’hésitez pas à partager vos doutes et vos angoisses, à chercher des conseils, il y aura toujours quelqu’un pour vous répondre.
Allez, bon courage.
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Crédits image : Nicolas Cool on Unsplash
Tous ces points sont très vrais, on les retrouve très souvent sur les blogs d’écriture, mais ça fait toujours du bien de se les entendre (re)dire de temps à autre !
Merci 🙂 j’ai voulu faire une petite synthèse justement !
Super article pour les débutants. C’est exactement ça.
Et c’est vrai que c’est important de commencer petit en temps (15 min d’écriture, 30 min etc) mais aussi en projet. Afin d’éviter le syndrome de « je commence par une trilogie alors que je n’ai jamais écrit de roman ». C’est le meilleur moyen de ne rien écrire et de se décourager.
Il vaut mieux commencer par des petites nouvelles, puis des plus longues, puis des petits romans, des moyens, des gros etc.
ps: merci Astrid pour la citation, c’est sympa 🙂
Je t’en prie 😉
Un très bon article, utile et au ton très bienveillant, bravo !
Les illustrations m’ont un peu désarçonné en cours de lecture, parce qu’elles ressemblent à des couvertures de livres et que du coup elles ne m’ont pas fait l’effet de respiration qu’apporte d’ordinaire une illustration. C’est sans doute une faille très personnelle. Elles sont très jolies, cela dit.
Merci pour ton avis ! Je pense que le format vertical doit donner cet effet un peu bizarre… Mais c’est dommage parce que c’est pratique pour Pinterest 😉
J’avoue que le format des illustrations m’a aussi déstabilisée un peu en cours de lecture. Un format carré passerait sans doute mieux (ça n’est pas pratique pour Pinterest mais ça peut l’être pour Instagram 😉 )
Cela dit, ça n’enlève rien à la qualité de l’article ! Ce sont d’excellents conseils à destination des débutants, et ça ne fait pas de mal non plus de se le rappeler régulièrement, même après quelques années d’écriture dans les pattes. J’ai retrouvé ma propre expérience dans chacun des points, et je continue de le vivre (ce qui confirme que l’écriture est une activité en bonne partie masochiste).
Hahaha ça c’est clair ! Je vais voir pour changer le format des photos, merci pour le retour 🙂
J’aime bien les illustrations. C’est différent mais ça agrémente la lecture. Ça permet de faire des pauses dans la lecture, si besoin.
C’est rigolo parce que j’ai entrepris de lire ton article plus pour te lire que pour le sujet. Après tout, je ne débute pas en écriture… Et pourtant. Il y a cinq minute je vivais un sale coup du syndrome du syndrome de l’imposteur. Et donc finalement cet article est un excellent rappel même pour ceux qui ont déjà finit des projets d’écriture et ne se considère pas comme novice.
Donc merci pour le rappel.
Par contre, je me demandais un truc : n’est ce pas en se comparant à d’autres auteurs/artistes qu’on accentue le syndrome de l’imposteur ? Perso ce qui m’aide c’est justement de bloquer les autres et me concentrer sur ma voix.
Oui, nous sommes tous des padawans 😉
Concernant la comparaison aux autres je trouve que ça dépend beaucoup des gens, j’ai plusieurs personnes qui m’ont dit qu’ils avaient du mal à lire d’autres romans quand ils écrivaient, et d’autres au contraire qui s’en nourrissent. C’est drôle de voir qu’il n’y a pas un seul sujet qui mette tout le monde d’accord…