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6 choses que j’admire dans les romans que je lis

    Je vous l’avais promis dans mon article défouloir sur les 8 choses qui m’énervent en littérature : il est temps de redresser la balance.

    J’ai toujours adoré lire. Il y a tant de choses merveilleuses dans les romans. Être capable de décrypter des signes sur une feuille de papier, en déduire des mots, activer son imagination et parvenir à partager l’esprit d’un auteur pour aller voyager dans l’histoire qu’il a inventée… C’est encore mieux qu’une machine à remonter le temps, non ?

    Voici une liste (non exhaustives) des choses qui me fascinent et m’enchantent dans mes lectures.


    1. Les enquêtes pleines de suspense dont je ne devine pas la fin

    En tant qu’autrice, je suis infichue d’imaginer une intrigue policière. Concevoir un crime, un motif, un coupable ou plusieurs, embrouiller tous les fils d’une enquête, semer des indices qui titillent la curiosité sans ruiner le suspense… C’est quelque chose qui m’intimide, je ne m’en sens pas capable. Je suis donc très admirative face aux auteurs qui y arrivent.

    Récemment, pour avancer dans ma liste des 100 livres à lire dans sa vie, j’ai lu deux romans d’Agatha Christie : Le Train Bleu et Ils étaient dix. J’ai particulièrement aimé ce dernier ! La mise en scène, avec la présentation des dix protagonistes, leur isolation sur une île, puis leur élimination progressive et implacable m’a beaucoup impressionnée. Evidemment, comme avec tous les romans policiers que je lis, j’ai été incapable de trouver le coupable, j’ai multiplié les fausses hypothèses, et j’ai été ravie par la résolution 🙂

    Ce qui m’a plu, c’est que c’était à la fois étonnant et crédible. Je garde à l’inverse le souvenir du Mystère de la Chambre Jaune où le coupable réussissait à changer de vêtements en quelques secondes quand il était pourchassé : spectaculaire, mais moins plausible.

    2. Les systèmes de magie simples mais efficaces

    Une autre chose qui me donne du fil à retordre en écriture, c’est d’imaginer des systèmes de magie (c’est fâcheux quand on prétend écrire de la fantasy, me direz-vous, et je vous donne tout à fait raison). J’ai souvent l’impression que tout a déjà été imaginé, que les super-héros et Harry Potter ont épuisé tous les pouvoirs imaginables : voler, traverser les murs, faire de la télépathie, se transformer, attaquer et se défendre, etc. Aussi, je suis toujours agréablement surprise quand un roman propose une façon rafraîchissante de faire de la magie.

    Dans l’Assassin Royal de Robin Hobb, il y a l’Art (permettant de communiquer avec les animaux) et le Vif (plutôt axé télépathie et téléportation) qui reposent sur des règles et des traditions extrêmement codifiées, si codifiées que leur transgression est un des fondements de l’intrigue de la première trilogie. ET LES VIVENEFS ❤️ (les vivenefs sont des navires « intelligents », dont la figure de proue est vivante). Quelle merveille.
    La beauté de la chose, c’est que ces formes de magie ont des niveaux de complexité qui se dévoilent peu à peu, et qui créent des liens entre les différents pans de l’univers.

    Dans Liavek, autre roman de Robin Hobb (publié cette fois sous son vrai nom, Megan Lindholm), la magie repose sur la chance. Chaque année, le jour de leur anniversaire, les habitants de Liavek reçoivent une dose de chance qui ouvre une infinité de possibles. Simple, mais brillant.

    Et bien sûr, il y a les innombrables formes de magie de l’univers de La Passe-Miroir de Christelle Dabbos (la magie des objets, de la mémoire, de la température, de lire l’avenir et le passé, etc.), dont la diversité m’a laissée complètement jalouse bluffée.

    3. Les mythes classiques revisités

    J’adore la mythologie, les légendes et les contes de fées. Ils ont bercé mon enfance, dans mes souvenirs c’était une part très importante de mes lectures. J’ai peu connu les traditionnelles bibliothèques vertes et roses, en revanche j’ai lu et relu tous les mythes grecs, romains et égyptiens, les légendes de la table ronde, les histoires d’Ali-Baba, de Raiponce, de la Belle au Bois Dormant, du Rossignol de l’Empereur, de la Reine des Neiges et de Barbe-Bleue (au-delà de leur version Disney, bien sûr).

    J’apprécie donc beaucoup les histoires dont l’auteur arrive à s’emparer de ces classiques et à les réinventer, les transformer en les projetant dans notre monde ou autre. Sur les contes de fées, il y a eu la série télé Once Upon A Time dont les débuts étaient intéressants, mais aussi la BD Fables de Bill Willingham ou le roman Le Livre des Choses Perdues de John Connolly. Dans Fables, la Belle et la Bête évoquent leurs crises conjugales devant Blanche-Neige, adjointe au Maire. Dans Le Livre des Choses Perdues, un jeune garçon bascule dans un monde peuplé de créatures magiques, d’un preux chevalier et du perfide Rumpelstiltskin. Chacune de ces adaptations joue avec les codes bien connus des contes tout en leur apportant une nouvelle fraîcheur. C’est à la fois scandaleux et très amusant de les voir désacralisés comme ça.

    Au-delà des contes de fées, je pourrais aussi évoquer les vampires que George R.R. Martin (auteur du Trône de Fer, pour ceux du fond qui ne suivent pas) déplace dans le contexte du Mississipi au XIXème siècle et des bateaux à vapeur dans Fevre Dream.

    4. Les romans qui me font voyager

    J’aime beaucoup les livres qui me font découvrir des époques, des cultures et des pays que je ne connais pas. Pour reprendre l’exemple de Fevre Dream, ce sont les régions centrales des Etats-Unis au milieu du XIXème siècle et le rôle vital mais éphémère des bateaux à vapeur dans le commerce et les transports.
    Dans La Rivière et son Secret, de Zhu Xiao Mei, c’était le monstrueux lavage de cerveaux de la Révolution culturelle dans la Chine communiste.
    Dans Les oiseaux se cachent pour mourir, de Colleen McCullough, le mode de vie des éleveurs de moutons en Nouvelle-Zélande et les immenses paysages de l’Australie.

    Ou encore, dans les romans historiques de Juliette Benzoni (Catherine, Marianne, le Gerfaut des Brumes, la Florentine, Secret d’Etat, le Boiteux de Varsovie, etc.), les intrigues merveilleuses et rocambolesques qui parsèment toute l’Histoire de France et d’Europe et pour lesquelles ma passion ne s’est jamais démentie depuis.

    5. L’humour bien dosé

    Ce n’est pas toujours facile d’utiliser l’humour. Du comique de situation à la petite phrase qui vient désamorcer une scène à l’ambiance tendue, l’humour a la capacité de séduire le lecteur, de créer un lien et une complicité entre l’auteur et lui.
    En la matière, j’aime énormément l’ironie subtile que manie Jane Austen, que ce soit à travers ses personnages caricaturaux au comportement absurde (Mr Collins, ou bien la ridicule Mrs Palmer de Raison & Sentiments), ou bien dans sa critique de la société superficielle de son époque. Je l’admire d’autant plus que, pour avoir lu récemment quelques autres romans à peu près contemporains des sœurs Brontë ou de Mary Shelley par exemple, je trouve que Jane Austen est de loin la plus agréable à lire aujourd’hui. C’est notamment cet humour, je pense, qui rend son style intemporel.

    Pour citer Orgueil & Préjugés :

    • Les lamentations de Mrs Bennet auprès de sa belle-soeur :

    « It makes me very nervous and poorly, to be thwarted so in my own family, and to have neighbours who think of themselves before anybody else. However, your coming just at this time is the greatest of comforts, and I am very glad to hear what you tell us, of long sleeves. »

    • Ou Mr Bennet rassurant Lizzy à la fin du roman :

    «  »I admire all my three sons-in-law highly », said he. « Wickham, perhaps, is my favourite; but I think I shall like your husband quite as well as Jane’s. » »

    (Evidemment, imaginer ces répliques prononcées par les merveilleux acteurs de la série BBC ajoute encore à leur charme).

    En termes d’humour, j’ai aussi adoré dans La Passe-Miroir (voilà qui est original) toutes les comparaisons loufoques de la famille d’Ophélie : « Vous êtes plus exaspérant qu’un tube de dentifrice », « Ils étaient moches comme des moulins à poivre et grossiers comme des pots de chambre », « Tu es plus arrangeante qu’une commode, mais dès qu’on te parle de mari, tu es pire qu’une enclume », « Je me sens nerveuse comme une cafetière. ».

    Ou encore « Ophélie avait vécu des situations peu banales au cours de sa vie. Écouter la radio dans la même pièce qu’un tigre à dents de sabre y figurerait désormais en bonne place. »

    6. Le style qui donne une leçon de français

    Il y a certains livres qui mettent une claque, tant ils sont bien écrits. Que je suis obligée de poser en cours de lecture parce que, wow, je ne savais pas qu’on pouvait faire tout ça avec la langue française. Dont je relis les phrases avec émerveillement pour essayer de m’en imprégner, de comprendre comment l’auteur a manié leur structure pour essayer de m’en inspirer.

    Pour ça, La Horde du Contrevent d’Alain Damasio a été un de mes plus grands chocs de lecture.

    A l’origine fut la vitesse, le pur mouvement furtif, le « vent-foudre ».

    Puis le cosmos décéléra, prit consistance et forme, jusqu’aux lenteurs habitables, jusqu’au vivant, jusqu’à vous.

    Bienvenue à toi, lent homme lié, poussif tresseur des vitesses.

    Nous sommes faits de l’étoffe dont sont tissés les vents.

    Ceux qui vous disent « pendant la vague, j’ai pensé à ceci et à cela » mentent. Quand elle passe, tu ne penses plus. Tu oublies ce que tu voulais faire, rêvait d’être, croyait pouvoir. Le corps seul répond. Et il répond ce qu’il peut. Il défèque, il se pisse dessus. Il se mange la bouche avec les dents, comme une viande. Il brûle ses tendons à crisper la sangle devant. Il bave. Après ? Après chacun dit ce qu’il veut, il raconte, elle étire, il introduit des mots, il fend ce qui n’est qu’un roc de peur brute… Ce que je pourrais moi vous dire – à vous, tas d’abrités blottis dans vos cages de pierre quand vous nous interrogerez du beau milieu de vos villages, là demain ou dans six jours – je vous vois déjà, les rescapés des puits confortables, des burons lissés à l’enduit, avec vos joues mûries de fin de soirée, oui, au soleil rougeaud qui brille dans vos verres transparents, à attendre qu’on vous dise, qu’on vernisse la blocaille de l’exploit, c’est que sous furvent…. Mais n’en parlons plus. Sous furvent, il n’y a rien à dire.

    Sélème

    « Caracole va faire carpette
    Devant mes vers escarpés
    Il restera face à ma harpe
    muet comme une carpe »

    Caracole

    « Tes cadences ont des carences
    Ta caravelle manque d’ailes
    tant pis pour toi, tu perds le tempo
    Excuses pour cet écart à ton égo
    Mais l’ascaris troue l’escargot, yo !

    Je suis Caracol le caracal,
    Sphinx lynx serval
    J’ai le verbe carnassier,
    Le mordant, la dent dure
    Sans carie ni caresse
    J’ai la vitesse et la carrure

    Quarte juste,
    mi bécarre
    Je contrecarre
    et je t’ajuste ! »

    Pour conclure, j’invoque un autre classique : A la recherche du temps perdu, de Proust. C’est typiquement le genre de livre que je traîne à lire parce qu’on ne peut pas dire que l’intrigue soit palpitante, mais dont je surligne des tas de passages magnifiques :

    […] et celle aussi du petit coquillage de pâtisserie, si grassement sensuel sous son plissage sévère et dévôt.

    C’est ainsi qu’au pied de l’allée qui dominait l’étang artificiel, s’était composée sur deux rangs, tressés de fleurs de myosotis et de pervenches, la couronne naturelle, délicate et bleue qui ceint le front clair-obscur des eaux, et que le glaïeul, laissant fléchir ses glaives avec un abandon royal, étendait sur l’eupatoire et la grenouillette au pied mouillé les fleurs de lis en lambeaux, violettes et jaunes, de son sceptre lacustre.

    Je le trouvai tout bourdonnant de l’odeur des aubépines. La haie formait comme une suite de chapelles qui disparaissaient sous la jonchée de leurs fleurs amoncelées en reposoir ; […]

    Mais du sein de son état morbide, à vrai dire, il redoutait à l’égal de la mort une telle guérison, qui eût été en effet la mort de tout ce qu’il était actuellement.

    Il savait que le souvenir même du piano faussait encore le plan dans lequel il voyait les choses de la musique, que le champ ouvert au musicien n’est pas un clavier mesquin de sept notes, mais un clavier incommensurable, encore presque tout entier inconnu, où seulement çà et là, séparées par d’épaisses ténèbres inexplorées, quelques-unes des millions de touches de tendresse, de passion, de courage, de sérénité, qui le composent, chacune aussi différente des autres qu’un univers d’un autre univers, ont été découvertes par quelques grands artistes qui nous rendent le service, en éveillant en nous le correspondant du thème qu’ils ont trouvé, de nous montrer quelle richesse, quelle variété, cache à notre insu cette grande nuit impénétrée et décourageante de notre âme que nous prenons pour du vide et du néant.

    J’espère que cet article vous a plu 🙂 En tout cas j’ai pris plaisir à vous l’écrire. N’hésitez pas à partager les choses que vous préférez dans vos lectures !

    Crédits image : Ben White on Unsplash

    15 commentaires sur “6 choses que j’admire dans les romans que je lis”

    1. Quel plaisir de te lire ! Je me suis retrouvée dans la plupart de tes raisons d’aimer la lecture ^^ Une des raisons pour lesquelles j’adore lire, c’est parce que ça me permet d’élargir mes horizons et de m’ouvrir à d’autres cultures, selon les auteurs et les histoires que je lis.

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