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Lu récemment : « Les contours de la mélancolie », humour noir et dépression

    Les contours de la mélancolie est le premier roman de Léa Herbreteau. Anciennement connue sous le nom de Léa Hendersen, elle a créé son blog « Le Bazar de l’Imaginaire » en décembre 2017, soit deux mois après le lancement de « L’Astre et la Plume ».
    Cela fait donc deux bonnes années qu’on se suit mutuellement, que je dévore tous ses articles et toutes ses vidéos (ah, le fameux arc dramatique du personnage !), qu’on apprend mutuellement l’une de l’autre et qu’on est devenues plutôt copines (même si on n’a pas encore eu l’occasion de se rencontrer pour de vrai !). D’ailleurs on a le même âge à un mois près.

    Je l’avais même interviewée l’an dernier > vous pouvez retrouver l’article ici et découvrir ce qu’elle mange au petit-déjeuner.

    Au fil du temps, j’ai suivi l’évolution de Léa dans l’écriture, ses doutes et ses joies avec ses premiers manuscrits, mais aussi sa période de dépression. Fin 2018, j’ai appris qu’elle avait terminé un manuscrit – inspiré, justement, de cette dépression, puis qu’elle l’avait envoyé à des maisons d’édition, que Calmann Levy avait retenu son texte et que Les Contours de la Mélancolie allait être publié le 2 janvier 2020.

    À travers ses nombreux articles, je savais que Léa avait parfaitement compris les principales règles de l’écriture, de la structure d’une histoire et de la construction des personnages. Mais je suis très bien placée pour savoir qu’entre connaître une règle et savoir l’appliquer à ses propres textes, il y a un monde. J’étais donc très curieuse de voir comment tous ces conseils étaient mis en pratique dans son roman.


    De quoi parle Les Contours de la Mélancolie ?

    Elena est consultante en philosophie et doit rédiger une thèse sur le bonheur. Elle est même spécialisée dans le bonheur au travail. Ce qui est assez ironique puisque pour elle, le travail est un enfer où règne son horrible patronne, Corinne. Corinne n’est jamais satisfaite d’Elena et ne manque jamais une occasion de le lui faire savoir, elle la harcèle de mails et de coups de fil du matin au soir. Si bien qu’après des années à s’être détruite à petit feu en s’efforçant d’être à la hauteur, Elena a été mise en arrêt maladie.

    Et au passage Théo, l’amour de sa vie, l’a quittée.

    Seule chez elle, Elena alterne entre ruminer ses échecs et angoisser à l’approche d’une échéance capitale pour son avenir : elle n’a plus qu’une semaine pour terminer sa thèse. C’est alors que sa voisine Madeleine, une petite vieille dame, s’incruste chez elle. Malgré les efforts d’Elena, Madeleine ne veut pas partir. Elle sent mauvais, elle est sinistre, toutes ses paroles retournent le couteau dans les plaies d’Elena… Mais Elena n’a plus qu’elle, désormais.

    Impression générale

    Non seulement j’ai adoré ce roman, mais j’ai lu ses 328 pages en 24 heures et j’ai eu les larmes aux yeux à la fin. J’ai été complètement happée par l’histoire, les pages se tournaient toutes seules. Ce qui était très touchant, c’était qu’à travers les lignes il me semblait entendre la voix de Léa par-dessus celle d’Elena (d’ailleurs j’oubliais régulièrement qu’Elena était rousse, je l’imaginais avec des cheveux noirs et bouclés). Quand, par exemple, Elena est toute fière d’avoir construit le plan de sa thèse, parce que construire un plan c’est une grosse partie du travail d’écriture 😉

    Les contours de la mélancolie  : Un roman moderne

    Je lis peu de littérature contemporaine (même si j’y fais de plus en plus de place dans mes lectures, notamment via les romans de Samantha Bailly). Ce roman tranchait donc avec mes habitudes de fantasy et de biographies historiques, mais j’ai apprécié de lire quelque chose qui pouvait me toucher plus personnellement. Elena est consultante, métier que j’ai occupé pendant plusieurs années, et même si ça fait bien longtemps que j’ai arrêté la philosophie, j’ai trouvé que c’était une caractéristique très intéressante pour le personnage.

    Le ton du récit est moderne, parfois cru, ce qui est à la fois rafraîchissant et un peu déroutant par rapport à ce que je lis ou écris en général ^^

    « J’avais arrêté de fumer au prix de longs et douloureux efforts l’année dernière. Mais depuis que mon ex s’est barré, il n’y a plus personne pour me balancer des regards atterrés dès que j’en allume une. Épicure, dans son jardin à la con, me dirait que c’est un désir non naturel. Non nécessaire. Ce connard ne s’en est jamais allumé une après un entretien avec Corinne, c’est certain. Perchée sur mon trottoir, dos voûté, j’allume ma clope, et soudain, l’air devient plus respirable. Approximativement vingt secondes, et puis mon cœur se remet à crier. »

    Léa Herbreteau, Les Contours de la Mélancolie

    Un roman sombre

    Ça ne m’a pas empêché d’apprécier l’histoire, mais je note que c’était bien plus sombre que ce que j’ai l’habitude de lire (malgré les touches d’humour) et le thème de la dépression peut être angoissant. Ce qui me mettait mal à l’aise, c’était que j’avais envie de réconforter Elena, mais sans savoir ce que j’aurais pu lui dire. Ça me rappelait des personnes de mon entourage, qui ont elles aussi traversé des dépressions, et que je n’avais pas su réconforter à l’époque. Bref, pas très réjouissant. Il y a aussi des passages très violents (psychologiquement, en tout cas), où j’ai sauté quelques paragraphes, comme quand je ferme les yeux devant les scènes trop gores au cinéma.

    Pour l’anecdote : pile au moment où je découvrais l’affreux personnages de Madeleine, ma voisine a sonné à la porte de chez moi. J’étais pas bien.

    Une belle histoire

    Mais n’allez pas croire que ce roman est entièrement sinistre. Au contraire, il est illuminé de touches de lumière, d’amour et d’espoir qui m’ont heureusement surprise et qui m’ont encore plus attachée à l’histoire.

    Une chose est certaine : Léa Herbreteau a très bien compris comment écrire un bon roman. Les enjeux étaient parfaitement clairs et prenants, les personnages très bien développés, même les plus secondaires. Tous ont leur nuance de gris (même Corinne et Madeleine !) et je me suis beaucoup attachée à la plupart d’entre eux. Le rythme était bon et l’alternance entre les souvenirs d’Elena et le présent est faite sans confusion.

    C’est juste très bien écrit, quoi.

    Ce que j’ai préféré dans Les contours de la mélancolie

    • La relation entre Elena et sa sœur, Ophélia. J’adore les belles relations entre sœurs, franches mais solidaires, et j’ai eu un coup de cœur pour ces deux-là ❤️
    • L’humour – également une des choses que j’adore trouver dans un roman – qui malgré son côté noir était bien amené et juste assez présent pour alléger l’atmosphère
    • Le dévoilement progressif des informations, très bien géré, avec plusieurs révélations qu’on découvre au milieu de l’histoire et qui apportent une profondeur de compréhension supplémentaire
    • L’histoire d’amour entre Elena et Théo, racontée à travers des flashbacks, est adorablement mignonne sans tomber dans les clichés. Ce qui rend leur rupture encore plus douloureuse, haha
    • Tous les petits clins d’œil à la culture pop, en particulier la tasse Tardis (j’ai la même à la maison)

    Ce que j’ai moins aimé

    • S’il faut vraiment dire quelque chose, j’ai relevé des mini-incohérences dans la timeline. Mais elles ne m’ont pas dérangées au cours de la lecture, je les ai plutôt relevées après
    • J’aime beaucoup le portrait de femme (endormie ? noyée ?) sur la couverture et j’ai été un poil déçue de voir qu’il s’agissait d’une manchette amovible. Je n’aime pas les manchettes de couverture, c’est vraiment pas pratique

    Note finale

    4,5/5

    Grille d'évaluation : 4,5/5

    Je ne sais pas si la crudité du style et la tonalité sombre du thème plairont à tout le monde, mais ce livre a en tout cas été pour moi une magnifique découverte. Je ne veux pas vous spoiler mais j’ai tellement adoré la fin aqsxcvhjklm ❤️ J‘ai vraiment hâte que Léa Herbreteau écrive plein d’autres histoires, dans plein de styles et d’univers différents. Et je vous recommande chaudement celle-ci !

    Vous pouvez trouver le livre en librairie ou bien l’acheter en ligne : consultez le site de Calmann-Lévy pour plus d’infos.

    7 commentaires sur “Lu récemment : « Les contours de la mélancolie », humour noir et dépression”

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