Les grandes grandes vacances
Cette année, mon entreprise a mis en place un nouveau concept : la possibilité pour ses employés de prendre un à trois mois de congés (sans soldes, hélas) à peu près n’importe quand, sans avoir besoin de se justifier. Cette opportunité a été annoncée peu de temps après que j’ai reçu une proposition de publication pour mon roman Chevalier. Et dans ma tête, ça a fait tilt. J’avais besoin de temps pour travailler dessus à fond, et on m’offrait justement ça. Du temps. Luxe merveilleux dans notre époque de gens pressés.
Pour ne pas faire les choses à moitié, j’ai donc décidé de prendre 4 semaines de vacances classiques en août (pour me détendre et voyager) puis 5 semaines de congés pour écrire en septembre. De vraies grandes vacances, comme quand on était petits. Et un objectif clair : retaper l’intrigue de Chevalier sur la base des discussions que j’avais eues avec mon éditrice entre mars et mai. J’avais bien besoin de ces 5 semaines. Entre juin et juillet, j’avais péniblement réussi à grappiller sur mon temps libre pour retaper seulement 2 chapitres … sur 13. Les corrections, ça prend un temps fou.
Comment ce sont passées ces cinq semaines ?
Merveilleusement bien ! J’avais peur, avant de me lancer, de ne pas réussir à me motiver assez pour me dédier entièrement à l’écriture. J’avais connu auparavant des périodes de chômage et de vacances qui, malgré mon peu d’activité, n’avaient pas forcément été très prolifiques en termes d’écriture car la flemme, la procrastination et les séries me rattrapaient toujours. Mais cette fois ça a bien mieux fonctionné car j’avais deux choses essentielles : un but précis et une deadline.
Dès la fin de mes vacances, je me suis doucement remise à l’écriture : 30 minutes par-ci, 1 heure par-là … Voyant que je n’avançais pas vite (et parce que je suis « un peu » maniaque de l’organisation), je me suis fait un fichier Excel pour suivre mon avancée quotidienne : les heures de mes séances d’écriture, le temps passé à écrire chaque jour, la page à laquelle j’en étais par rapport au nombre de page total. Sauf que ce nombre de page total a augmenté en continu pendant tout le mois, passant de 123 pages Word à 210 ^^ J’ai densifié certains chapitres, j’en ai ajouté d’autres, j’ai remanié toute la fin. J’ai supprimé certains personnages qui n’apparaissaient qu’une fois et ne servaient à rien, j’en ai ajouté d’autres plus complexes. Les 13 chapitres en sont devenus 20.
J’ai revu trois fois mon éditrice au cours de cette période pour lui faire lire mes avancées et avoir ses retours. J’ai appris a endurer plus facilement l’exercice de faire des coupes dans mon texte et de supprimer les scènes qui ne fonctionnent pas ou ne font pas avancer l’histoire.
Qu’est-ce que ça a donné ?
A ma grande satisfaction et au bout de 132 heures d’écritures, j’ai réussi à atteindre mon but ! J’ai aussi réussi à me tenir à la discipline d’écrire régulièrement, et (presque) sans avoir à me forcer. Au contraire, plus les semaines passaient et plus j’arrivais à écrire chaque jour : d’abord 3 heures par jour en moyenne, puis 4, puis 5 … Et même une pointe à 7 heures un jour de grande inspiration #fierté.
Avant de démarrer, je pensais qu’écrire pouvait être un boulot « comme un autre » qu’on pouvait faire 7 ou 8 heures par jour sans trop se fatiguer. Mais j’ai découvert que ce n’était pas le cas (en tout cas pas pour moi). Quand on écrit et qu’on est à fond dans ce qu’on fait, ça consomme énormément d’énergie. C’est important et nécessaire de prendre le temps de faire des longues pauses entre deux séances pour reposer le cerveau.
Qu’est-ce que j’ai le plus aimé ?
Ecrire 🙂 C’est tout simple, mais cette expérience m’a confirmé qu’écrire était une passion très sérieuse pour moi.
J’adore partir dans l’univers que j’ai créé, découvrir mes personnages à mesure que j’écris leur histoire. Je suis fascinée par le processus créatif, en fait. Imaginer des aventures de personnages fictifs dans leurs moindres détails, je trouve ça dingue. Irréel. Je trouve que j’ai une chance fabuleuse d’en être capable. Je ne comprends pas comment ça marche. Où nos cerveaux vont-ils chercher toutes ces idées ? Ces noms, ces mots, ces conversations ? C’est vraiment un sujet qui m’émerveille.
J’ai aussi beaucoup apprécié de profiter tranquillement de Paris en septembre, de prendre mon petit PC pour aller écrire dans des cafés ou des salons de thé, d’avoir tout plein de temps libre pour cuisiner, me balader, voir mes amis, faire un saut de quelques jours au bord de la mer juste parce que pour une fois j’avais le temps de le faire … La belle vie, quoi.
Qu’est-ce que j’ai moins aimé ?
- Que ce soit si court … Le retour à la réalité de mon véritable travail n’a pas été drôle. Mais je ne pouvais pas laisser mon compte en banque à sec plus longtemps !
- L’insupportable lenteur de mon PC quand il décide de n’en faire qu’à sa tête
- Le coup de mou des 60%. C’est un phénomène que j’ai déjà observé pendant le NaNoWriMo : pendant la première moitié d’un effort, on est motivé et fier de sa progression. Puis, passés les 50%, on commence à ressentir la fatigue. On sait tout le travail qu’impliquent les 50% restants … qui paraissent alors bien laborieux. Pour moi, ça a aussi correspondu à 8 ou 10 jours où j’étais un peu seule chez moi, sans avoir beaucoup d’occasions de voir du monde. Ecrire peut vraiment être un travail solitaire et c’est difficile de s’accrocher sans encouragements.
PS : « Les grandes grandes vacances » est le titre d’une série animée très, très bien faite qui raconte la vie d’enfants pendant la 2ème Guerre Mondiale, vous pouvez la trouver sur YouTube, je la recommande.
Crédits image : Dan Dimmock on Unsplash (je ne sais pas d’où vient l’image « How it looks / How it feels », mea culpa)
Je trouve ça génial que tu aies réussi à avancer aussi efficacement pendant ces 5 semaines.
Les corrections, c’est dur et laborieux… C’est très dur de s’y mettre à fond, et je sais de quoi je parle, je suis en plein dedans ^^
N’empêche, cela laisse rêveur les séances d’écriture dans les salons de thé…
Courage pour les corrections !
Et pour les salons de thé, c’est sympa mais ce n’est pas parfait 😉 il y a souvent de la musique assez forte, des gens qui bavardent autour, les prix sont ridiculement élevés pour un thé et un gâteau … Donc chez soi, ce n’est pas mal non plus ! Mais ça permet de prendre l’air, de changer d’ambiance et d’éviter les distractions (parce qu’on n’a souvent pas le WiFi)
Je suis contente d’en apprendre plus sur ces cinq semaines.
Etant dans une phase où je n’ai pas d’autres priorités qu’écrire (et chercher un travail mais bon) je constate aussi qu’il faut être assez dur avec soi même (mais gentille aussi) : tu as raison un but précis et une date ‘de péremption’ ainsi qu’un bon hygiène de vie sont essentiels pour avancer dans son projet.
Bravo en tout cas ! Je suis fière de toi.
Merci 🙂
Et courage à toi aussi. Quand on cherche du travail, ça peut vite être assez préoccupant et angoissant donc je trouve que c’est difficile de vraiment se concentrer sur un projet créatif dans ces moments-là. Il y a aussi le problème de ne pas pouvoir prédire combien de temps la période de recherche va durer. Peut-être que se fixer des objectifs mensuels peut aider, j’ai vu ça sur un autre blog et je trouve ça assez sain.
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Super expérience ! Très inspirante…
Comme toi, j’ai déjà eu du temps devant moi (à l’échelle de mois ou semaines) mais ne suis pas parvenue à avancer dans mon écriture (ni même à m’y mettre tout court)… C’était très frustrant (procrastination, culpabilité, procrastination etc)
Je suis ravie d’apprendre que ces 5 semaines t’ont été profitables et j’espère que ce happy end pourra un jour être le mien aussi 🙂
Ecrire dans les cafés ça m’a toujours attiré, je pense que c’est un fantasme d’auteur (ou d’aspirant auteur) très répandu 😉 mais pour moi ça ne marche pas ^^ dommage …
Encore un article très intéressant auquel je m’identifie beaucoup
Je comprends ta frustration. Dans mon cas, je savais que j’avais 5 semaines et rien de plus pour écrire, et un objectif précis à atteindre dans mon écriture. Comme il s’agissait de congé sans solde ça voulait aussi dire de renoncer à plus d’un mois de salaire, donc ça a joué dans ma motivation à en sortir quelque chose 😉
Et oui, écrire dans les cafés fait clairement partie des fantasmes d’auteurs (on me disait souvent que je « faisais ma JK Rowling » ^^) ; je trouve que ça marche quand on a le temps de se déplacer, d’emporter son PC etc., mais c’est plus difficile à faire au milieu d’une journée / semaine déjà chargée.
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