Procrastination, éparpillement et épuisement créatif sont trois redoutables sources de blocage d’écriture. Comment se manifestent-ils et pourquoi ? Et comment peut-on les combattre ?
Je vous propose quelques pistes de réflexion.
La procrastination
La semaine dernière, j’ai doucement repris le tome 2 de mon roman steampunk, Météorites.
Dont je n’avais pas effleuré le plan depuis le mois d’avril.
Et dont j’avais laissé le premier jet en plan fin janvier.
Sachant que j’ai pris tout mon temps pour retravailler le synopsis de fond en comble… En remettant la rédaction toujours à plus tard.
La procrastination, c’est ça : le fait de toujours remettre certaines choses au lendemain.
Ça se manifeste parfois de façon un peu fourbe, parce qu’on peut procrastiner tout en étant très actif.
Depuis le mois d’avril, par exemple, j’ai corrigé en profondeur mon tome 1 et écrit 2 nouvelles. Mais il n’empêche que dans mes objectifs pour 2020, j’avais prévu de finir mon premier jet du tome 2, de le corriger et de l’envoyer en bêta-lecture. J’en suis bien loin.
Pourquoi est-ce qu’on procrastine ?
D’abord, parce qu’on recherche une gratification rapide.
C’est sûr que c’est plus gratifiant de finir un texte que de se lancer dans un long processus de rédaction qui ne trouvera sa récompense que plusieurs mois plus tard.
Mais aussi, je pense, à cause de la peur. Du moins, dans mon cas.
La rédaction du 1er jet de Météorite-II, en fin d’année dernière, n’est pas un bon souvenir. J’avais l’impression de raconter n’importe quoi, que mon histoire partait dans des directions qui ne me plaisaient pas du tout et que je ne contrôlais plus rien. J’avais fini par me sentir complètement bloquée et par arrêter d’écrire.
À ce moment, mon blocage était surtout dû au fait que je n’étais pas satisfaite de mon histoire, que je sentais qu’elle était bancale et que je n’avais pas envie de la raconter dans cet état-là.
Pourtant, depuis que j’ai retravaillé mon plan au printemps, je me sens beaucoup plus à l’aise. J’ai même été heureusement surprise en le relisant : j’ai toutes les raisons de croire que mon histoire va être très cool !
Mais je traîne encore un peu.
Parce que l’autre motif de la procrastination, c’est aussi que je n’ai personne qui me demande des comptes sur ce tome 2 (ou presque – j’ai de gentils bêta-lecteurs ;)). Et pour cause, le tome 1 est encore loin de sortir.
Mais quand on est auteur et qu’on écrit seul dans son coin, à qui peut-on demander de nous motiver et de nous pousser à avancer ?
Cette semaine, j’ai justement lancé un nouveau service où je propose aux auteurs de jouer moi-même ce rôle de Jiminy Cricket, la bonne conscience qui demande régulièrement des comptes pour savoir comment l’histoire avance 😉
Ça s’appelle Le Mois de la Plume et ça consiste en un accompagnement intensif sur 5 semaines. Ça s’accompagne d’un groupe Facebook privé où venir partager ses problématiques et recevoir des encouragements, parce qu’on en a bien besoin.
[NB : Je ne propose plus Le Mois de la Plume, remplacé par mon programme de formation Le Manoir Littéraire]
Ça vous intéresse ? C’est par ici.
Et pour développer le sujet de la procrastination, je vous renvoie à cet excellent article du nom moins excellent blog Wait but Why (c’est en anglais, mais l’essentiel est repris dans cette conférence TED disponible avec des sous-titres).
L’éparpillement
L’éparpillement peut être un symptôme de procrastination et une autre forme de blocage d’écriture.
Vous savez, quand vous avez un jour une idée d’histoire qui a l’air super cool, mais dont l’intérêt s’émousse au bout de quelques temps. Vous pourriez vous attaquer sérieusement à son synopsis pour en faire un roman accrocheur…
Ou vous pourriez aussi vous consacrer à telle autre idée qui vient de vous venir et qui a l’air beaucoup plus cool 🤩
Enfin, au moins pour la semaine.
L’éparpillement, c’est aussi le fait d’avoir 12 projets d’écriture en même temps, de vous y perdre et, au final, de n’avancer sur aucun.
Bref, c’est très sympa et créatif, mais si vous voulez aller au bout de l’écriture d’un roman, ce n’est pas le plus souhaitable.
Mon papa me dit souvent que tout choix est un renoncement. C’est vrai et c’est un peu triste. Mais ne rien choisir, finalement, c’est renoncer à tout, puisqu’on n’approfondit rien, on ne vient à bout de rien. Et c’est encore plus dommage, non ?
Pourquoi a-t-on tendance à s’éparpiller ?
Il me semble que, si on n’arrive pas à s’attacher à un projet plutôt qu’un autre, c’est peut-être parce qu’on n’a pas été creuser assez loin son potentiel.
Tant qu’une histoire reste à l’état de vague idée, on peut facilement s’en désintéresser.
Mais dès lors qu’on commence à lui donner de la substance, à construire des personnages, à leur donner des objectifs, des enjeux, de l’incertitude, du suspense, alors cette idée d’histoire peut commencer à nous tenir vraiment à cœur. Je pense que ce travail permet de s’attacher à une histoire, lui donner la priorité sur les autres et donner envie de la développer pour en faire le roman de ses rêves.
C’est pour ça que je me suis penchée sur le processus qui permet de partir d’une simple idée de récit et de lui donner une vraie forme, un cadre dans lequel s’épanouir et devenir une histoire captivante, pour le lecteur bien sûr, mais aussi, avant tout, pour l’auteur.
À travers près de 40 exercices, c’est ce que j’explore dans le guide « Reprenez le contrôle de votre histoire » que vous pouvez trouver en vente ici.
L’épuisement créatif
Voici un autre blocage qui peut entraver l’état d’esprit des auteurs.
Lui, c’est l’inverse de la procrastination. On ne remet pas tout à demain, mais à hier, parce qu’on est hyper enthousiaste.
On veut tout faire, très vite. On est super impatient de donner vie à nos histoires et on veut faire notre maximum pour y arriver. On fait de longues journées de travail sur des projets qui nous passionnent (coucou le NaNoWriMo) et/ou qui payent le loyer et les factures.
Sauf qu’au milieu du chemin, on est rattrapé par l’épuisement créatif. Et on s’arrête, crevé.
L’écriture est une activité très éprouvante pour le cerveau. On réfléchit de façon si intense qu’on est physiquement fatigué, même si on n’a rien fait d’autre que rester assis à son bureau.
Il faut donc du temps et de la pratique pour se mettre à écrire une, voire plusieurs heures par jour, tous les jours. Vouloir adopter ce mode de fonctionnement d’un seul coup, c’est le risque de se faire un claquage créatif et de se retrouver bloqué, à bout de forces. Même si on a très, très envie d’écrire.
Si vous tâtonnez encore pour trouver le rituel d’écriture qui vous convient, gardez à l’esprit que l’important, c’est d’en faire une pratique durable. Une pratique qui s’adapte à vous, à votre vie, qui grandit tranquillement avec vous, pas quelque chose que vous forcez au chausse-pied et dans la douleur.
C’est pour ça que dans mon guide « Reprenez le contrôle de votre histoire », avant même de parler de synopsis et d’enjeux et de personnages, je dédie 35 pages à l’importance de prendre soin de son état d’esprit et de trouver une organisation qui convient.
Vous pouvez le découvrir dès maintenant en cliquant ici.
J’espère qu’il vous aidera à combattre ces trois horribles monstres que sont la Procrastination, l’Éparpillement et l’Épuisement créatif !
Et pour y contribuer, même si vous avez raté les premiers jours, n’hésitez pas à venir relever les défis gentils que je propose dans mon calendrier de l’Avent sur Instagram (cette fois, c’est gratuit ^^).
Crédits image : Aubrey Odom on Unsplash
Bonjour, ayant eu l’envie d’écrire depuis peu, je parcours votre blog avide de connaissance et de nouveaux savoir depuis maintenant quelques semaines. J’apprécie beaucoup les différents articles que vous postez tant pour le sujet traité, les conseils prodigués ainsi que pour la manière dont ils sont écrits. Merci pour de que vous nous apportez en tant que lecteur de votre blog.
Merci beaucoup d’avoir pris le temps de me laisser ce gentil commentaire ! Je suis très contente de pouvoir vous aider 😊
Merci pour cet article. Je repousse depuis des années mon rêve d’écrire un livre et je viens enfin de prendre mon courage à deux mains pour me lancer. Je me reconnais bien dans ce que vous décrivez ici donc je suis contente de mettre des mots sur ce que je ressens. Pour m’encourager je me suis également relancée dans mon projet de blog pour écrire des courts textes à partir de contraintes laissées dans les commentaires. Cela me forcera à écrire régulièrement ! Du moins je l’espère 🙂
Super ! Je suis ravie d’avoir pu vous aider 🙂 bonne chance dans tous vos projets !
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