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Interview : Keuma, auteur multiformat

    Comment fonctionnent les autres auteurs ? Quels sont leurs doutes et leurs motivations ?

    L’écriture est généralement un art solitaire dans lequel il est difficile de se reposer sur des méthodes toutes faites. Rencontrer d’autres auteurs et découvrir leurs façons de faire, les confronter aux nôtres, est donc un bon moyen pour explorer l’étendue des possibles. 

    Et aussi pour se rendre compte que nous traversons tous des épreuves très similaires ! 

    C’est pourquoi j’ai le plaisir aujourd’hui de vous présenter Keuma, un de mes amis qui est écrivain (même s’il ne veut pas l’admettre, crée plein de trucs très cools, a récemment été publié chez Rocambole* et m’a fait l’honneur d’une interview. 

    Ce que je trouve particulièrement intéressant dans son approche, c’est que Keuma nous surprend un peu tout le temps avec des formats inattendus aussi surprenants que réussis. Il a même créé un jeu dont vous êtes le héros.

    (*Pour ceux et celles qui ne connaissent pas, Rocambole est une maison d’édition / application qui se présente comme le « Netflix du livre ». Ils remettent le roman-feuilleton au goût du jour en proposant des séries littéraires aux épisodes courts, à lire en 5 minutes sur son portable.)

    Interview d'auteur : Keuma, publié chez Rocambole

    Keuma – l’interview

    1. Même si on se connaît déjà, la présentation est un rituel de mes interviews ! Quel âge as-tu et dans quelle région vis-tu ?

    Je m’appelle Marc-Antoine, j’écris sous le nom de Keuma, j’ai 28 ans et je vis à Paris.


    2. Tu as écrit des nouvelles, des séries littéraires, du théâtre, des fictions audios… Qu’est-ce qui t’a donné envie d’explorer ces différents formats ?

    Dis comme ça, cela pourrait donner l’impression que j’ai beaucoup écrit dans ma vie alors que pas tant que ça ! 
    Disons que je me concentre surtout sur l’écriture de roman (au sens large, j’inclus par là les séries littéraires et les nouvelles) et le reste est venu à moi sans que je recherche forcément à explorer d’autres formats. Si j’ai écrit une micro pièce de théâtre récemment c’est parce que l’idée que j’avais pour un concours littéraire s’y prêtait plus. Et les fictions audios, c’est un projet que je fais avec un pote musicien avec qui on avait fait du théâtre au lycée. On avait envie d’avoir un projet qui mélange écriture, théâtre et musique et la fiction audio est un bon format pour ça.


    3. Quel est ton format préféré et pourquoi ?

    Je pense que je me sens plus à l’aise dans l’écriture de roman car c’est ce que je consomme en tant que lecteur. Je pense qu’il faut être client du format qu’on écrit. Par exemple, le premier truc que j’ai écrit c’était une pièce de théâtre quand j’avais 20 ans (que presque personne n’a lue heureusement), c’était très naturel pour moi à l’époque car j’y allais beaucoup plus, ce qui n’est plus le cas maintenant.


    4. Y en a-t-il d’autres que tu voudrais tester ?

    J’aimerais beaucoup écrire des chansons, même si l’exercice est très difficile. Une amie m’a demandé récemment de lui en écrire une, chose que j’ai faite, mais sans réponse de sa part depuis… (Camille si tu lis ces lignes, j’attends toujours ton retour …).

    5. Parlons de la publication de La Société des Anges chez Rocambole ! Comment est né ce projet ?

    C’est une histoire que j’ai commencé à écrire vers 2016 quand j’étais au chômage, puis que j’ai continué à écrire à tel point que je l’ai finie ! Pour que ma famille et mes amis puissent la lire, j’ai développé un site sur lequel elle était lisible facilement même sur portable.

    [Note d’Astrid : le site, c’est http://keuma.fr/

    Grâce à ça, elle était très accessible, j’ai eu donc beaucoup de retours même de gens dont je n’étais pas forcément proche, c’était très stimulant comme expérience. J’ai ensuite décidé de l’envoyer à des maisons d’édition, mais parmi celles qui m’ont répondu, plusieurs m’ont dit que le format n’allait pas avec leur ligne éditoriale. J’avais complètement arrêté les envois jusqu’à ce que j’entende parler de Rocambole.


    6. Comment as-tu préparé la publication de ta série sur cette nouvelle plateforme ?

    Même si Rocambole n’avait pas encore lancé son application quand j’ai envoyé mon texte, le format qu’ils présentaient (chapitre court, lecture sur portable) collait parfaitement avec ce que j’avais écrit et à la façon dont je l’avais présenté à mes proches. Je n’ai donc pas changé grand-chose à mon texte.


    7. Qu’est-ce que ça t’a apporté depuis ?

    Un vrai travail d’édition a été fait sur mon texte et j’ai beaucoup appris à ce niveau-là, notamment sur des sujets de forme. Ce sont des choses finalement assez simples que, j’imagine, beaucoup de jeunes écrivains connaissent par cœur mais qui changent énormément la manière dont j’écris maintenant.


    8. Comment est-ce que tu communiques autour de ce que tu écris ?

    Très mal. Je n’ai pas du tout le temps, ni la motivation, de passer du temps à communiquer via mes réseaux sociaux. Sans Rocambole par exemple, La Société des Anges n’aurait jamais été lue par des gens que je ne connais pas.


    9. Quels sont tes prochains projets ?

    Je suis en train d’écrire un roman, mon premier. J’y passe beaucoup de temps et je commence (enfin) à voir le bout du tunnel. Je pense qu’une fois que j’aurais fini la première version ça sera ma plus grande satisfaction jusqu’à présent en tant qu’auteur, peu importe ce que j’en fais derrière.

    10. Vas-tu garder ton nom de plume ou écrire sous ton vrai nom ?

    Je pense que je n’écrirai jamais sous mon vrai nom, pour plein de raisons, mais principalement pour séparer mes projets d’écriture de mes projets pros. J’ai choisi Keuma car c’est comme ça que m’appellent mes potes et c’est le nom de mon site, mais j’ai bien conscience de la limite de ce pseudo… Disons que si un jour je regrette ce choix, c’est que mes projets d’écriture auront plus ou moins marché, donc ce sera plutôt positif.


    11. Qu’est-ce qui te motive à écrire ?

    Vaste question.

    Je pense que j’écris pour faire quelque chose dans ma vie. Même si c’est moins vrai maintenant, je n’ai jamais vraiment eu un travail qui me passionne. L’écriture est un moyen de me dire que je fais un truc cool dans ma vie qui sort d’une quelconque routine. Ce n’est pas pour rien que j’ai commencé la Société des Anges quand j’étais au chômage.


    12. Et qu’est-ce que tu aimes le moins dans l’écriture ?

    Je dirais deux choses : le temps que cela prend et le doute. 

    Écrire prend un temps fou, ça demande forcément de faire des sacrifices ou d’avoir un rythme de vie un peu décalé. 

    Quant au doute, je trouve ça très fatigant.

    Je me demande tout le temps ce qui fait ma légitimité à écrire et à faire lire à mes proches mes projets, et malheureusement, je n’ai pas souvent la réponse. Le pire là-dedans, c’est que j’ai l’impression qu’on ne guérit jamais de ce syndrome de l’imposteur et je trouve ça très frustrant, car je me rends bien compte que cela touche des « vrais » écrivains.

    On en avait parlé après la sortie de ton premier roman, je trouvais incroyable que tu demandes si tu étais écrivaine ou pas alors que tu avais physiquement ton livre entre les mains ! J’ai lu « Jours de travail » qui est le journal que tenait Steinbeck lorsqu’il écrivait Les Raisins de la Colère. À un moment, une étudiante veut faire une thèse sur son travail d’écrivain et il se demande s’il est un écrivain. Si même Steinbeck se pose la question, on est foutus.

    [Note d’Astrid : Pour en savoir plus sur mes doutes existentiels de romancière, je vous renvoie à mon article : Se sentir écrivain(e)]


    13. Que conseillerais-tu à un auteur qui voudrait être publié chez Rocambole ?

    De ne pas faire comme moi, de ne pas envoyer son texte sans le modifier ! 

    J’ai eu de la chance que ce que j’avais écrit collait à peu près avec leur format, mais je pense que l’erreur serait d’envoyer un projet qu’on a déjà sans réfléchir à leurs attentes. Ils ont une idée très claire de ce qu’ils appellent « série littéraire ». C’est vraiment quelque chose de différent d’un roman ou d’une nouvelle avec une histoire efficace divisée en épisode, où chaque fin d’épisode donne envie de lire le suivant. 

    Le mieux étant de lire quelques séries qu’ils proposent avant d’envoyer son projet.


    14. Last but not least : quelle question aurais-tu aimé que je te pose ?

    Cela ne va peut-être pas intéresser les lecteurs de ton blog, mais j’aimerais bien un jour qu’on aborde le point de discorde qu’il existe entre nous au sujet d’un livre très connu de science-fiction française qui parle de vents sur lequel nous avons des points de vue divergents…

    [Note d’Astrid : #TeamHorde ^^]


    Merci énormément Keuma pour l’interview !

    Vous pouvez retrouver la (très bonne) série La Société des Anges de Keuma sur l’application Rocambole. Et pour en savoir plus sur son travail, je vous renvoie vers son site http://keuma.fr/, son Insagram @superkeuma et son Twitter @SuperKeuma.

    J’aimerais bien pousser l’exercice plus loin et en faire une conversation, mais j’avoue que le temps m’a manqué ces temps-ci pour explorer un autre format, audio par exemple. 

    J’espère en tout cas que ce partage rassurera les auteurs qui doutent (comme tout le monde) ou ceux qui angoissent de ne pas être assez actifs sur Instagram (ça ne change rien à votre qualité d’écrivain), et que ça vous donnera des ailes pour vos futurs projets !

    Et si vous vous croyez encore seul dans votre galère, découvrez mes autres interviews d’auteur :

    1 commentaire pour “Interview : Keuma, auteur multiformat”

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