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Lu récemment : Journal d’un marchand de rêves, automates et onirisme

    Journal d’un marchand de rêves, écrit par Anthelme Hauchecorne, a gagné le prix Imaginales 2017. J’ai lu ce roman steampunk dans le cadre du PIF (le Printemps de l’Imaginaire Francophone, dont je vous parlais ici). C’est une histoire prenante et originale, même si je n’ai pas été convaincue à 100%.

    Journal d'un marchand de rêves, d'Anthelme Hauchecorne


    De quoi parle Journal d’un marchand de rêves ?

    Walter Krowley, fils d’une star d’Hollywood mais d’un tempérament solitaire, est victime d’un accident à bord d’une voiture conduite par son meilleur ami. Il se met alors à avoir des rêves plus vrais que nature et découvre un nouveau monde, celui des songes, où tout est différent.

    À Doowylloh, les Rêveurs sont régis par un Gouverneur tout-puissant et Walter y retourne chaque fois qu’il s’endort. Il est bientôt contraint d’aller explorer et cartographier le monde sauvage de Brumaire, peuplé d’automates et de hors-la-loi qui l’entraînent au cœur de luttes de pouvoir. La richesse de Brumaire, c’est son sable, et celui qui en ingère développe une créativité surnaturelle : une vraie poule aux œufs d’or pour l’apprenti réalisateur qu’est Walter Krowley.

    Impression générale sur le roman d’Anthelme Hauchecorne

    Cette année, je n’ai pas encore eu de coup de cœur littéraire. Quelques lectures sympathiques, mais aucune vraie révélation du genre « continuer à lire en sortant du métro » (La Passe-Miroir me manque, snif). Journal d’un marchand de rêves est tout de même dans le haut du panier !

    Son univers onirique a quelque chose de très novateur. Ce n’est pas une aventure steampunk comme les autres (si vous ne connaissez pas le steampunk, je vous en parle ici) : on n’est pas au XIXème siècle, pas à Londres ni à Paris, loin de l’imaginaire victorien. Brumaire est un monde crasseux, sombre, un marais plein de cambouis et de mécaniques, où la vie ne tient qu’à un fil.

    La dimension psychologique est intéressante aussi. Chaque Rêveur a, attaché à lui par une corde d’argent, un Ça qui peut prendre les formes les plus variées : fauve, caniche, fusil… Chacun a sa propre chambre, ou son boudoir, dans laquelle il ou elle se réveille chaque nuit. Et ces boudoirs comportent souvent des armoires et des penderies dans lesquels se cachent les souvenirs les plus profondément enfouis, les plus déterminants.

    Journal d’un marchand de rêves est une histoire complexe. Peut-être trop. En tout cas, je m’y suis un peu perdue. Entre Doowylloh, Brumaire, l’Ever, l’Eveil, Myst, le Gouverneur, les Outlaws, les Oniromanciens, l’ambassade, la Garde de Nuit, Butch, Hope, les automates la fougueuse Spleen et l’énigmatique Banshee, j’ai eu beaucoup de mal à comprendre qui était où, qui faisait quoi, qui travaillait avec qui. D’autant qu’il y a des trahisons et des retournements de veste à tous les étages.


    Ce que j’ai préféré

    • Un style très agréable à lire, fluide et vivant sans être simpliste, élégant. J’ai surtout noté un très beau travail sur les verbes : on trouve très peu de verbes « faibles » dans ce roman (être, avoir, faire, etc.), ça donne l’impression que l’auteur a beaucoup travaillé pour fignoler ses phrases et leur donner vie. Pour vous donner un exemple pris au hasard :

    « La lumière du soleil pénétrait dans ma chambre, hachée par les stores. Un vent lourd de sable crissait contre mes carreaux, tel un appel venu du désert des Mojaves, un spectre minéral grattant à ma fenêtre de ses ongles de silice. »

    • Le ton adopté par le narrateur, qui parle à la première personne, a un côté pince-sans-rire très amusant. Il dédramatise dans les moments les plus tragiques et se montre méfiant – à juste titre – quand les choses ont l’air de bien se passer
    • L’un des personnages, appelé John Doe, a une façon de parler particulièrement géniale. Porte-parole du chef des Outlaws, c’est l’incarnation de l’administration dans toute sa splendeur :

    « En préambule aux négociations, je vous informe qu’à des fins d’amélioration de nos services, notre conversation sera enregistrée. Pour passer à la suite, dites « étoile ». »

    Ou encore : « Si vous souhaitez vous rendre, dites « étoile ». Pour mourir, dites « dièse ».

    Ce que j’ai moins aimé

    • J’ai trouvé que la 4ème de couverture était complètement déconnectée et ne donnait pas une bonne idée de l’histoire.

    J’ai séjourné en hôpital psychiatrique. Pas de quoi fouetter un chat sauf lorsque, comme moi, vous êtes fils de stars. Par crainte du scandale, mes parents m’ont expédié loin d’Hollywood, dans la vieille Europe. Les meilleurs spécialistes m’ont déclaré guéri. En vérité, la thérapie a échoué. Les songes ont repris, plus dangereux que jamais. Malgré moi, je me trouve mêlé aux intrigues de puissants Rêveurs. Des gens charmants et bien décidés à m’éliminer, mais avec élégance. M’entêter serait totalement déraisonnable. Pourtant, deux plaies à vif m’empêchent de tourner la page… La première est une fille. La seconde, une soif de vengeance. Je m’appelle Walter Krowley. Vous tenez mon journal intime. Prenez-en soin. Ce livre pourrait devenir mon testament…

    Je pensais que le livre allait beaucoup évoquer le monde de l’hôpital psychiatrique, alors que pas du tout. En fait cette 4ème de couverture décrit les éléments qui arrivent après la moitié du livre ! Tout le début ne se passe pas du tout en Europe, mais à Hollywood. Quant aux deux plaies à vif, pour la fille je veux bien, en revanche la soif de vengeance… Ce n’est pas trop ce que j’ai retenu. Du coup j’étais vraiment gênée en commençant ma lecture, je ne trouvais vraiment pas ce qu’on m’avait promis et je trouve ça assez désagréable

    • Je ne me suis pas vraiment attachée au personnage principal, principalement parce que je ne comprenais pas ce qu’il voulait. Au début de l’histoire, c’est un jeune homme très insouciant voire désabusé, et il se laisse porter par les événements en se contentant de râler quand ce n’est pas assez confortable à son goût. S’il finit par s’attacher à une personne et à vouloir la retrouver malgré les obstacles, il ne choisit jamais son camp entre tous ceux qui se disputent Brumaire et ça rend encore plus difficile de s’y retrouver.
      Vers le milieu de l’histoire, on comprend qu’il veut utiliser le sable magique pour devenir un réalisateur à succès, mais c’est traité de façon assez superficielle. Même si c’est quelque chose qui l’intéresse pendant ses moments d’éveil, on ne le sent pas non plus très animé par le sujet quand il retourne au pays des songes. Et puis les personnages de junkies désabusés ne m’ont jamais trop inspirée
    • Le rythme est extrêmement rapide. Il y a des tonnes d’événements qui s’enchaînent à toute allure et, si on ne lit pas très attentivement, on s’y perd vite. Il peut y avoir en l’espace d’une page une explosion, des morts, des révélations, et une fuite improvisée. Le protagoniste prend / a rarement le temps de digérer ce qui lui arrive, on est presque constamment dans l’action et les moments de pause ou de réflexion m’ont beaucoup manqué.

    Note finale pour Journal d’un marchand de rêves

    3/5

    Grille d'évaluation : 3/5

    Personnellement, je n’ai pas été démesurément fan de cette histoire, mais je lui ai quand même trouvé beaucoup de points forts. Si vous aimez les histoires sur les rêves un peu sombres et tordus, celle-ci vous plaira sûrement ! Et c’est vraiment très bien écrit.

    Vous pouvez vous procurer le livre d’occasion en cliquant ici (lien affilié – si vous achetez le roman, le vendeur me reversera un pourcentage mais vous n’aurez rien à payer de plus).

    0 commentaire pour “Lu récemment : Journal d’un marchand de rêves, automates et onirisme”

    1. C’est drôle, quand j’étais plus jeune, je ne faisais pas du tout le lien entre la 4e et le livre, je crois que je m’en fichais un peu de la façon dont l’histoire était présentée par l’éditeur. Maintenant, je me rends compte à quel point c’est important que le résumé soit bien écrit, pour donner envie, mais aussi pour ne pas frustrer. Je suis comme toi, je n’aime pas quand il semble vendre une chose qui n’existe pas ou qui est très secondaire (une histoire de vengeance, de rédemption ou de quête des origines alors qu’il n’y en a pas, etc…). Mais je me demande si ce n’est pas un effet de mode, un peu comme les bandes annonces qu’on découpe pour donner une impression d’action rocambolesque alors qu’en vrai…
      Enfin, heureusement, le livre t’a quand même plu. 🙂

    2. J’ai hésité à lire ton article, parce que je l’ai acheté, mais pas encore lu… Mais tout va bien, pas de spoiler^^. Je suis d’autant plus pressée de le lire maintenant (mais j’ai des choses à finir d’abord !)
      Merci pour ton article !

    3. Ah, je l’avais tellement aimé, ce roman ! Mais c’est vrai qu’on s’y perd et, d’habitude, je n’aime pas ça. Mais je me suis tellement imprégnée de l’imaginaire de l’auteur que ça ne m’a pas dérangée outre mesure.

      Ceci dit, j’ai lu le premier tome du Carnaval aux Corbeaux, aussi écrit par Anthelme Hauchecorne, et j’ai été complètement perdue, tant l’intrigue emprunte de multiples chemins. Et, de ce fait, j’ai beaucoup moins apprécié ma lecture. Du coup, je comprends ton ressenti malgré tout 😉

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