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Comment j’utilise Chat GPT pour écrire mes romans

    En ce moment, je fais comme beaucoup de monde et je teste certaines intelligences artificielles, comme le fameux Chat GPT, pour voir si elles pourraient m’aider dans l’écriture de mes romans.

    On parle beaucoup de ces IA, parfois avec peur, parfois avec fascination. Personnellement, j’ai tendance à penser que c’est une révolution aussi inéluctable que celle d’internet, à laquelle il faut donc savoir s’adapter. Et même si aujourd’hui c’est encore un peu le Far West, je ne doute pas que des régulations interviendront bientôt pour corriger les excès et les dangers que les IA peuvent représenter.

    Pour moi, les intelligences artificielles sont des outils, ni bien ni mauvais en soi. L’important, c’est l’usage qu’on en fait. Alors voici quelques exemples des façons dont j’ai utilisé – ou pas – ces outils jusqu’à présent.


    utiliser chat gpt pour écrire

    L’intelligence artificielle est assez nulle sur certaines tâches

    Rédiger une quatrième de couverture

    Entre Chat GPT et moi, les choses ont assez mal démarré 😅.

    D’abord, pendant les premières semaines, les serveurs étaient toujours débordés et je n’arrivais jamais à me connecter.

    La première fois que j’y suis enfin arrivée, comme je devais rédiger un résumé pour une novella que je suis en train d’écrire, j’ai eu l’idée de lui demander de l’aide dessus.

    (Cette novella étant un prequel de mon roman Cité de Foudre.)

    Voici ma demande initiale :

    Je suis en train d’écrire la 4e de couverture d’une novella que je vais bientôt publier. Peux-tu remanier ce texte pour me proposer une version plus attrayante pour donner envie à des lecteurs potentiels ? Voici le texte : La jeune Vïnchka Galagrad, âgée de vingt ans, rêve de quitter un jour la maison bourgeoise de ses parents et son ennuyeuse province. Si elle se plaît à jouer avec les sentiments des garçons de la ville, Vïnchka découvre cependant qu’elle est loin d’être insensible au charme du beau caporal Adhémor.

    Lorsqu’une météorite est annoncée dans la région, Vïnchka apprend avec joie que le vieil ami de son père, le journaliste Ernaste Delpage, prévoit de leur rendre visite pour couvrir l’événement. Ce qu’elle ignore encore, c’est qu’Ernaste ne va pas venir seul…

    Sa rencontre avec Lord Orys pourrait bien bouleverser ses projets.

    Et la réponse de Chat GPT :

    Découvrez l’histoire captivante de Vïnchka Galagrad, une jeune femme de vingt ans en quête d’aventure et de liberté. Alors qu’elle rêve de quitter sa vie ennuyeuse dans la province, elle tombe sous le charme du beau caporal Adhémor. Mais lorsqu’une météorite s’annonce dans la région, tout bascule.

    Le journaliste Ernaste Delpage, vieil ami de son père, arrive pour couvrir l’événement et Vïnchka découvre qu’il ne vient pas seul. Sa rencontre avec Lord Orys, accompagnateur de Ernaste, va bouleverser ses projets et l’entraîner dans une aventure inoubliable.

    Plongez dans cette novella pleine de rebondissements, de romance et de surprises, et suivez Vïnchka dans sa quête pour trouver sa place dans le monde. Saura-t-elle suivre son cœur malgré les obstacles qui se dressent sur son chemin ? Ne manquez pas cette histoire captivante qui saura vous tenir en haleine jusqu’à la dernière page.

    Très clairement, j’ai trouvé ça nul 😂.

    Pour plusieurs raisons :

    • Le texte ne fait que mélanger les mots que j’ai fournis, au lieu de proposer de meilleures tournures
    • Pour une 4e de couverture, c’est trop long et il y a un côté “racoleur qui rapplique avec ses gros sabots” avec des tournures comme “Découvrez l’histoire captivante de Vïnchka” / “Ne manquez pas cette histoire captivante”. Un bon résumé éveille la curiosité du lecteur et montre que l’histoire est captivante, au lieu de le dire.
    • Certains éléments n’étaient pas pertinents par rapport à mon histoire. C’est une histoire de romance à la Jane Austen, pas une aventure épique. Donc non, elle n’est pas “pleine de rebondissements et de surprises” et je ne pense pas qu’elle “tienne en haleine jusqu’à la dernière page” comme le ferait un thriller. Par ailleurs Vïnchka n’est pas du tout dans une “quête pour trouver sa place dans le monde” ! 🙄

    Bref, tout ça ne m’a pas du tout aidée.

    Je suis donc retournée me creuser la tête pour écrire mon résumé moi-même.

    Sudowrite

    J’ai été très intriguée par cet article de l’autrice J.F. Penn qui explique toutes les façons dont elle a utilisé des IA pour écrire et publier une de ses nouvelles.

    Elle y parle notamment d’un outil, Sudowrite, dont elle se sert pour développer les détails de ses descriptions. Cet outil, assez impressionnant je dois dire, est capable à partir d’un mot (dans son cas, “démon”) de rédiger des descriptions qui mettent en avant la vue, l’odorat, le goût, l’ouïe, le toucher, ou qui utilisent des métaphores.

    Il peut aussi réécrire des passages pour les rendre “plus quelque chose”. Plus horrifiques, plus descriptifs, plus “show don’t tell”, plus intenses en émotions ou en conflit interne…

    Sudowrite peut même proposer des idées de personnages, de dialogue, d’univers ou d’intrigues ! De là à se dire qu’il pourrait écrire un roman à notre place… bon.

    Personnellement, le fait de me creuser la tête pour trouver des idées et des solutions aux incohérences dans mon histoire, c’est quelque chose que j’aime beaucoup. Je n’aurais pas envie de déléguer ça à un outil.

    J’étais quand même curieuse de tester Sudowrite, n’était-ce que pour voir s’il pouvait fonctionner en français (réponse : oui, mais moyennement).

    J’ai commencé en écrivant juste un bout de contexte :

    Vïnchka Galagrad et sa mère prenaient le thé avec les dames de la bourgeoisie de Venrold. Elles discutaient des potins de la bourgade.

    Ensuite, j’ai utilisé la fonction “Write”, où l’outil continue à écrire à partir du début qu’on propose. Voilà ce que ça a donné :

    On disait que le médecin venait d’envoyer à la maison des sœurs une jeune fille du bourg qui avait perdu la raison et qui était enfermée dans une chambre sombre, dans un asile de fous, comme il disait. L’asile de fous était situé à l’autre extrémité de Venrold, c’est pourquoi la jeune fille n’était pas encore connue de Galina Vassilievna.

    – Quel nom cette fille porte-t-elle ?

    – Elle s’appelait Iliane.

    – Et quel âge a-t-elle ?

    – Oh ! semble-t-il… C’était une beauté ! Elle avait un fiancé

    C’est à la fois intéressant et un peu nul 😅. On voit bien en lisant le dialogue que ce n’est pas très fluide (pas de vraie réponse à la question de l’âge, par exemple).

    Mon histoire ne parle pas du tout d’asile de fous, mais si j’avais adopté un ton plus sombre, j’aurais peut-être utilisé cette idée. J’étais aussi impressionnée de voir que l’outil proposait un nom dans un style russophone, inspiré de celui de mon héroïne, Vïnchka.

    J’ai ensuite testé la fonction “Describe”, pour réécrire le passage que j’avais proposé.

    Voici sa version “plus de conflit interne” :

    Tandis que Vïnchka et sa mère buvaient leur thé avec les dames de la bourgeoisie de Venrold, leurs conversations bon enfant étaient interrompues par le bruit des émeutes qui se tenaient à l’extérieur. La situation s’empirait, et les filles étaient à la fois terrifiées et fascinées par ce qui se passait à l’extérieur de la salle.

    (Euh mais il n’y a pas du tout d’émeute en fait 😬.)

    Une autre variation :

    Vïnchka Galagrad et sa mère prenaient le thé avec les dames de la bourgeoisie de Venrold, mais il y avait une tension palpable dans l’air. Alors que les ladies parlaient des nouvelles et potins de la bourgade, Vïnchka et sa mère devaient constamment surveiller leur comportement. Bien qu’elles se sentent attirées par leur voisinage riche et puissant, elles étaient conscientes de leur position inférieure.

    (Alors pourquoi pas, mais elles n’ont pas une position inférieure en l’occurrence.)

    Et une version “plus intense” :

    Vïnchka Galagrad et sa mère trempaient leurs lèvres dans du thé brûlant tout en écoutant les conversations mondaines et dédaigneuses des nobles dames de Venrold. Chacune tentait de surpasser l’autre avec des rumeurs plus salaces sur les habitants de la bourgade.

    C’est déjà plus intéressant, même si ce n’est toujours pas l’esprit de mon histoire. D’autres variations m’ont été proposées en anglais.

    Bref, ces petits tests m’ont bien amusée, mais encore une fois, ils ne m’ont pas aidée d’une grande aide.

    Les intelligences artificielles restent des robots qui ne peuvent traiter que les informations qu’on leur fournit. En l’occurrence, l’outil avait du mal à cerner mon histoire à partir de seulement deux phrases, d’où ses propositions souvent à côté de la plaque.

    Dall-E et MidJourney

    Mais les IA ne sont pas que des outils d’écriture : en ce moment, on entend surtout parler d’elles sur la création d’images.

    Plusieurs intelligences artificielles sont accusées de voler des images mises en ligne par des artistes, sans leur autorisation, et de s’en inspirer pour créer des milliers d’images en un clin d’œil. Ce qui inquiète aussi, c’est le risque que beaucoup de graphistes et illustrateurs (surtout des jeunes débutants à la situation déjà précaire) se voient piquer leur travail par des IA qui coûtent infiniment moins cher.

    J’entends tous les sons de cloche à ce sujet, des graphistes qui y sont favorables et d’autres radicalement contre. Je pense que les images issues de l’IA ne sont pas toutes exclusivement créées à partir d’illustrations volées, puisqu’il y a aussi des illustrations libres de droit et que certains artistes fournissent même leurs propres créations aux IA pour les entraîner. Mais bien sûr, là où il y a des vols, c’est évidemment condamnable, au même titre que le piratage des ebooks.

    >> Lire aussi mon vieil article sur la question : La culture du gratuit sur internet

    Bref, pour l’instant je suis encore mal informée sur la question, et en attendant d’y voir plus clair je n’utilise pas ces images pour ma communication, encore moins pour mes couvertures. Mais j’avais quand même envie de voir ce dont les outils étaient capables.

    J’ai commencé avec Dall-E, l’outil géré par la même entreprise que Chat GPT (Open AI).

    Voici la commande que j’ai donnée :

    An oil portrait of a 19th century, tall, handsome, twenty-year old man, with curly, golden hair, blonde sideburns, tanned skin, a sharp jaw, striking blue eyes, a dashing smile and a green corporal uniform

    J’espérais un résultat inspiré de Jude Law dans le film Le talentueux Mr. Ripley.

    À la place, ça a donné ça :

    Voilà. Donc j’ai pas insisté, hein 😂.

    Et puis l’autre jour, j’ai voulu tester l’autre outil star du genre, Midjourney, pour voir s’il saurait faire un portrait de Vïnchka.

    Je lui ai demandé ça :

    1840 woman with curly, long brown hair, wearing a green dress and a hat, holding a lace parasol, background mountains, HD 4K

    Et voici ses propositions :

    tests de génération d'image par MidJourney

    Franchement, pas si mal !

    Bon, j’aurais voulu que l’ombrelle soit blanche, que Vïnchka ait l’air plus âgée, qu’elle n’ait pas de taches de rousseur et que ses cheveux soient moins bizarres, mais bon.

    Encore une fois, ça m’a amusée de jouer avec, mais pour l’instant je n’en ai pas besoin.


    Comment utiliser Chat GPT pour écrire son roman

    Avec tout ça, on pourrait se dire que l’intelligence artificielle pour les auteurs, c’est surfait.

    Eh bien, non !

    Après mes déboires de résumé, j’ai appris à demander des choses bien plus intéressantes à Chat GPT et c’est en train de devenir un outil incontournable pour moi quand j’ai besoin de faire des recherches.

    J’obtiens des réponses de façon beaucoup plus rapide et plus synthétique que si j’avais demandé à Google, même quand je me renseigne sur des sujets pointus 🤓.

    En l’occurrence, je me pose beaucoup de questions sur la façon dont les gens vivaient il y a 200 ans, puisque même si j’écris de la fantasy, les années 1840 sont la période qui me sert de référence pour le cadre de mon histoire.

    Voici quelques exemples des questions que je lui ai posées au sujet de mon manuscrit en cours : “Comment complimenter un homme au XIXe siècle ?”, “Quelle était la mode en France dans les années 1840 ?”, “Est-ce qu’un cheval pouvait galoper en tirant un cabriolet occupé par deux passagers ?”, ou “quel type de manteau portaient les hommes en 1840 ?”.

    Voici d’ailleurs la réponse à cette dernière question :

    Au début des années 1840, les manteaux portés par les hommes étaient généralement des manteaux longs et amples, avec une silhouette en forme de cloche. Ces manteaux étaient souvent fabriqués à partir de laine ou de cachemire et étaient doublés de soie ou de satin pour plus de chaleur et de confort.

    Les styles de manteaux populaires de l’époque comprenaient le paletot, un manteau droit et long avec un col droit et des boutons sur le devant, et le surtout, un manteau plus ample avec un col en velours et des boutons cachés sous un rabat.

    Les manteaux pouvaient également être ornés de garnitures en fourrure, comme de la martre ou du vison, pour plus de chaleur et de luxe. Cependant, la fourrure était souvent réservée aux classes supérieures et aux occasions plus formelles.

    En général, les manteaux étaient un élément important de la garde-robe masculine au 19ème siècle, car ils étaient portés pour protéger les vêtements en dessous de la saleté et des intempéries, ainsi que pour afficher le statut social et le goût personnel.

    C’est vraiment extraordinaire pour moi de pouvoir poser des questions aussi précises et d’avoir des réponses claires plutôt que de devoir fouiller des tas de sites, des forums pas mis à jour depuis les années 2000 et des exposés d’élèves de 4e.

    Bien sûr, je ne cherche pas à faire une thèse sur ces sujets, seulement à donner une coloration de véracité historique à mes histoires. Donc même si certaines réponses comportent des erreurs ou des imprécisions, ça ne me dérange pas pour l’usage que j’en fais.

    Chat GPT est donc en train de devenir un réflexe très naturel pour moi quand j’ai besoin d’une information précise qui est difficile à trouver.

    D’ailleurs, je crois que l’autrice Margot Dessenne s’en sert de la même façon pour poser des questions d’ordre médical, comme elle le disait dans son podcast : “Utiliser CHAT GPT pour écrire un roman”.

    Si toi aussi tu as besoin de faire des recherches pour ton histoire, je t’encourage à essayer.


    J’espère que cette plongée dans le monde mystérieux des intelligences artificielles a été intéressante et instructive pour toi 🙂. Viens me dire en commentaire ce que tu penses de ces outils et comment tu les utilises !

    5 commentaires sur “Comment j’utilise Chat GPT pour écrire mes romans”

    1. Merci Astrid pour cet article qui permet d’y voir plus clair sur l’utilisation de ces fameux robots. Je me documente pas mal sur le sujet, et je crois que j’ai encore un peu d’appréhension à me lancer… les exemples de tes tests m’inspirent.

    2. Bonjour Astrid,
      Super article très intéressant et documenté. Je suis bluffé par l’image de la dame en vert.
      J’essaie d’écrire un livre aussi avec Chat GPT, et je n’arrive pas à lui faire écrire le nombre de mots sont j’ai besoin. Aurais tu une astuce dans ce sens ?

    3. Bonjour Astrid, je te remercie pour cet article. Je me posais toutefois une question concernant la propriété intellectuelle. j’ai très envie de copier mon livre dans le chat pour lui demander ce qu’il en pense et corriger les fautes d’orthographes. Y a-t-il un risque que le chat vole mon livre, ou que les morceaux de mon roman se retrouvent dispersés dans d’autre livre généré par l’intelligence artificielle ?

    4. Bonjour Astrid,
      Voilà je suis néophyte dans l’écriture je suis une boîte à idées mais je dois dire que les ai mon bien aidé je dis les car il est vrai qu’il faut bien relire ce qu’elles proposent je ne me sers pas d’elles pour avoir des idées juste pour les retranscrire en texte est-ce bien ?
      Merci beaucoup

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