À quoi ressemble un atelier d’écriture en ligne ?
J’ai profité du temps libre que donne le confinement pour répondre à cette question en participant à un atelier organisé par Cécile Duquenne sur Discord, sur le thème des premières phrases de roman.
Cécile Duquenne fait partie des célébrités du petit monde littéraire français, son nom est bien connu dans la communauté des auteurs amateurs sur Twitter et Instagram. Cela faisait longtemps que j’entendais parler d’elle, notamment par le biais d’une amie qui apprécie beaucoup ses contenus.
Autrice d’une quinzaine de romans et séries littéraires en seulement 10 ans, sans compter ses nouvelles et sa thèse de doctorat en littérature comparée, publiée chez Bragelonne (entre autres), coach et créatrice d’une école d’écriture en ligne, Cécile Duquenne est de ces personnes dont le CV fait baver d’admiration.
J’ai pensé que la suivre serait certainement instructif et je me suis donc inscrite il y a quelques semaines à sa newsletter quotidienne sur l’écriture, dans laquelle elle annonce ses ateliers. J’ai décidé d’en tester un pour voir ce que ça pouvait m’apporter.
La formule de Cécile Duquenne : Entre cours d’écriture et atelier
Quand on parle d’ateliers d’écriture, on pense généralement à des sessions de plusieurs heures où des auteurs s’entraînent à écrire sur un thème donné, puis partagent et comparent leur production. Du moins, c’est l’image que j’en ai.
Cet atelier sur les premières phrases était cependant différent et s’apparentait plutôt à un cours, même s’il restait assez interactif. En effet, l’objectif de cet atelier était que Cécile Duquenne présente sa propre méthode pour construire les premières phrases de ses histoires.
L’atelier durait une heure et se déroulait sur Discord, une sorte de forum de discussion en ligne qui permet d’échanger par chat ou de vive voix, de partager son écran, etc. Les micros des participants étaient coupés et seule Cécile Duquenne parlait, mais tout le monde avait la possibilité d’écrire sur le chat.
Cécile (je vais me permettre de l’appeler seulement par son prénom, sinon ça va être lourd à la longue) a d’abord présenté la théorie de sa technique. Puis elle nous a invités à prendre 5 minutes pour réfléchir à la première phrase de notre propre roman, voire la réécrire selon sa proposition. Mais il n’y avait pas de partage de nos écrits (ça aurait de toute façon été difficile et très long, dans la mesure où nous étions plus de 50 participants à l’atelier !).
Ensuite, Cécile nous a présenté 6 débuts de romans pour nous montrer, d’une part, comment ils illustraient ce qu’elle avait présenté et, d’autre part, comment chacun s’y prenait pour produire un effet particulier (choquer le lecteur, créer de l’émotion, présenter un univers imaginaire, etc.).
Tout au long de l’atelier, les participants pouvaient poser des questions ou faire des remarques sur le chat, auxquelles Cécile répondait au fur et à mesure.
Ce que j’ai apprécié, c’est que tout était présenté avec beaucoup de bienveillance et de souplesse. Cécile a plusieurs fois insisté sur le fait que sa technique n’en était qu’une parmi d’autres, une méthode pratique pour les auteurs qui coincent sur leur première phrase, mais en aucun cas une règle absolue.
De plus, elle rassurait les participants qui craignaient de dévier un peu de sa méthode. Par exemple, certains s’inquiétaient de l’appliquer sur plusieurs phrases au lieu d’une seule, ce qui n’était en fait pas grave du tout.
Apprendre à construire la première phrase de son roman
Sur le fond, j’ai aussi trouvé cet atelier intéressant, car il était très concret, avec une méthode claire, simple à appliquer, et beaucoup d’illustrations à travers les exemples de romans.
Le premier enseignement que Cécile apportait, c’était que même si la première phrase d’un roman est importante, puisque c’est elle qui doit faire bonne impression auprès du lecteur, elle n’est pas pour autant la plus capitale du roman. Elle n’a pas vocation non plus à être la meilleure.
En revanche, elle doit remplir plusieurs objectifs qui sont de générer de la curiosité et de créer de l’émotion. Pour cela, elle doit annoncer le thème du roman et immerger tout de suite le lecteur dans le récit.
La technique proposée par Cécile Duquenne pour construire sa première phrase est donc la suivante :
- Définir le thème de son histoire, c’est-à-dire l’ensemble des envies et des besoins des personnages, des pressions qu’ils subissent. Par exemple la liberté, la quête de justice, le respect des différences, la force de l’amitié ou de la famille, le dépassement de soi… Ce n’est pas forcément évident à identifier, donc ça mérite de prendre du temps pour y réfléchir.
- Qui : Déterminer quel personnage incarne le mieux ce thème et devra donc être au cœur de la première scène. Ce personnage n’est pas forcément le protagoniste
- Quoi : Définir quelle action fait ce personnage pour incarner le thème
- Où / quand : préciser où (ou quand) se passe l’action qu’on veut montrer
La première phrase (ou le premier paragraphe, si la première phrase est courte) doit intégrer tous ces éléments, tout simplement en montrant un personnage qui fait une action significative à un endroit donné.
La dernière recommandation de Cécile Duquenne, qu’elle a illustrée par ses six exemples, était d’analyser les incipits de romans qu’on a aimés pour comprendre comment ils créaient l’effet désiré.
En résumé, j’ai trouvé cet atelier plutôt intéressant et je serais curieuse de participer aux prochains, s’ils abordent des thèmes qui m’intéressent.
Ma première phrase
Cet atelier m’a plutôt rassurée sur le début de Météorites, que j’ai retravaillé récemment à la suite des retours mitigés de mes bêta-lecteurs sur la version précédente. En effet, j’ai constaté que mon premier paragraphe correspondait assez bien au cahier des charges proposé par Cécile Duquenne.
Pour fêter ça, je vous le présente dans son état actuel (qui sera peut-être encore modifié d’ici à la publication…) :
« Un cordon de velours interdisait encore l’entrée de la halle Vaurenard au public. Mais Vïnchka n’était pas n’importe qui. Accrochée au bras de son époux, Lord Welham Orys, elle toussa pour attirer l’attention de l’homme installé à la guérite d’accueil. »
Avec ces trois phrases, je montre que mon héroïne est très soucieuse de son statut social et tient à être remarquée par les autres, au point de les déranger pour attirer leur attention. La scène se passe devant l’entrée de la halle Vaurenard, qui se présente comme une sorte de club VIP puisqu’elle est interdite au public. Je présente aussi la relation entre Vïnchka et son mari, un aristocrate, à qui elle s’accroche comme à un trophy husband.
Qu’en pensez-vous ?
Quant au début du Page de l’Aurore, je vous ai déjà raconté les nombreuses évolutions qu’il a subies, mais je remarque qu’il ne colle pas tout à fait aux recommandations de Cécile. Ce n’est pas grave en soi, je pense avoir tout de même réussi à poser le cadre que je souhaitais – et de toute façon c’est trop tard pour y changer quelque chose 😉
Cela dit, c’est intéressant de réfléchir à comment j’aurais pu rendre ces premières lignes plus impactantes et orienter peut-être différemment ma première scène. Et puis, en tant qu’auteur, l’important est de toujours s’améliorer !
Et vous, comment est-ce que vous vous en sortez avec vos premières phrases ?
Connaissiez-vous déjà Cécile Duquenne ? Avez-vous participé à d’autres de ses ateliers ?
Je n’ai encore lu aucun de ses textes, mais elle doit bientôt sortir une série sur l’application Rocambole, ça sera pour moi l’occasion de découvrir son style.
En attendant, comme je suis curieuse, je me suis inscrite à deux de ses masterclass : « Écrire son premier roman (et arriver au bout !) », qui était proposée gratuitement au début du confinement et dont je n’ai pour l’instant écouté que l’introduction, et « Le plan d’action pour se constituer un lectorat fidèle et engagé » que je suis en train de suivre.
EDIT : vous pouvez découvrir mon bilan (positif !) de cette formation : J’ai testé la masterclass de Cécile Duquenne pour un lectorat fidèle et engagé
Je vous en ferai sans doute un bilan dans quelque temps pour faire le point sur ce que ces formations m’ont apporté.
Merci pour cet article ! Méthode intéressante, on sent l’influence de Truby dans le travail de Cécile (entre autres sans doute, mais je n’ai lu que lui à propos des besoins et faiblesses des personnages). La première phrase de Météorites que tu proposes est très bien, pour les raisons que tu expliques. Elle donne envie de poursuivre !
Merci beaucoup, je suis contente qu’elle te plaise !
Cet atelier a vraiment l’air super. Tout en bienveillance, comme tu l’écris, et très enrichissant. C’est super gentil d’ailleurs de nous partager ces petits conseils !
Je n’écris pas de roman mais j’y songe de plus en plus.. Ton blog m’inspire beaucoup pour ça alors merci. 🙂
Merci beaucoup pour ton message ! Ça me touche beaucoup que mon blog t’inspire 🙂 bon courage si tu décides de te lancer dans un roman !
Et effectivement cet atelier était très bienveillant, je crois que c’est un peu la marque de fabrique de Cécile Duquenne
La première phrase de ton roman donne envie d’en savoir plus! ^^
Trop cool ! C’est justement la réaction que j’espérais 😊
Ta première phrase pose très bien le décor du roman je trouve 🙂
Ça me fait plaisir ! Merci 😊😊