Léa du Bazar de l’Imaginaire a créé un tag, alors j’y participe ! Le sujet : les livres qui nous ont donné envie d’écrire.
Il m’a donné du fil à retordre, ce tag, car j’ai l’impression de n’avoir pas le même rapport aux livres que Léa … Pour moi il y a mes fétiches absolus, et après … tout un tas de livre que j’aime plus ou moins bien, mais qui me marquent beaucoup moins (sauf exceptions).
(toi aussi tu as la musique des Dix Commandements dans la tête ?)
1- Le livre qui m’a parlé d’écriture
A ne pas confondre avec des livres de conseils d’écriture : il s’agit ici des livres où l’écriture est romancée.
Alors là, ça commence mal, je sèche un peu. J’ai en tête le roman L’Excuse, de Julie Wolkenstein, que j’ai lu il y a quelques années. Je me souviens que la première lecture m’avait fait une très forte impression, et que la deuxième m’avait un peu déçue. Mais j’avoue mal me rappeler les détails … Google me souffle dans l’oreillette que c’est l’histoire d’une femme qui revient sur les lieux de sa jeunesse et trouve les lettres d’un ancien ami. Cet ami lui démontre progressivement comment sa vie à elle a, très étrangement, reproduit le destin de l’héroïne du roman Portrait de Femme, d’Henry James. Maintenant que j’y réfléchis, c’est un livre qui parle plutôt de lecture que d’écriture …
L’autre exemple qui me vient à l’esprit est celui d’un film de 2007, Angel, avec Romola Garai, qui raconte la vie d’une jeune romancière anglaise, au début du XXème siècle. Ses livres connaissent un succès éclatant mais qui fait preuve d’une terrible arrogance et n’accepte pas de voir les aspects sombres de la vie. C’était parfaitement kitsch, mais à l’époque j’adorais ça, et j’étais fascinée par cette autrice si pleine d’inspiration.
Avec le recul, c’est finalement une histoire qui ne me touche plus vraiment. Son problème est, je pense, ce qui fait que les romans sur l’écriture ne m’inspirent pas tant que ça : l’écrivain tel qu’il est représenté est trop cliché. On est soit dans le mythe du poète maudit qui attend l’inspiration dans sa mansarde romantique, soit dans la caricature inverse de celui qui écrit sans effort et croule sous l’or et la reconnaissance. Lol.
AH NON ATTENDEZ J’AI TROUVÉ.
Comme on est en période de NaNo je ne vais pas supprimer ce qui précède 😉 mais ça y est, je sais quel livre m’a parlé d’écriture et m’a énormément plu : les Quatre Filles du Docteur March ! (comment ai-je pu oublier) (je revois le film tous les ans quasiment) (shame shame shame). Ah ! J’adore cette représentation ! Qu’est-ce que je compatis à la douleur de Joe quand Amy jette son manuscrit au feu … Le cauchemar ! Et comme j’aime la scène qui suit, après la maladie d’Amy, quand Joe s’installe à son chevet pour retrouver patiemment les fils de son histoire.
Cette vision-là de l’écriture me parle beaucoup plus. Joe écrit tout d’abord des histoires fantastiques et rocambolesques, qu’elle partage avec ses sœurs et qui les font voyager loin des corsets (vestimentaires et sociaux) du XIXème siècle. Joe adore écrire et rêve de ne faire que ça. Elle ne veut pas de la même vie tranquille que les autres. Elle est tétanisée quand un homme qu’elle estime critique ses histoires. Puis elle mûrit, elle affine son style, trouve sa voix, et écrit finalement un chef-d’oeuvre. Bon, on passera outre le mépris accordé au passage à la littérature de l’imaginaire ^^ J’aurais aimé rencontrer Joe et parler d’écriture pendant des heures en buvant du café.
2- Le livre avec les personnages qui m’ont le plus marquée
J’hésite entre Scarlett O’Hara d‘Autant en Emporte le Vent et Malta Vestrit des Aventuriers de la mer.
Beaucoup de gens n’aiment pas Scarlett, pour les mêmes raisons que les personnages du roman : elle est trop froide, trop ambitieuse, elle méprise les autres et/ou les utilise, ne se préoccupe pas de ses enfants, etc. Mais moi, Scarlett me fascine. Je trouve ça justement génial d’avoir un personnage principal aussi original et complexe. Je suis éblouie par sa force de caractère, par sa capacité à ne jamais se laisser happer par le défaitisme ou la nostalgie comme le font les autres Sudistes. Sans être quelqu’un de créatif, elle trouve toujours des idées pour se sortir des problèmes. Et malgré son égoïsme, elle aide aussi ceux qui l’entourent (bon, même si c’est souvent parce qu’elle n’a pas de choix). Elle déborde de vie, de charme et d’énergie.
Il y a une phrase au début du roman, quand Charles Hamilton est tout ému d’attirer l’attention d’une femme comme Scarlett :
« Il avait toujours rêvé de l’amour d’une créature magnifique, malfaisante et ardente. »
J’adore cette phrase qui résume très bien le personnage : une créature qui ne ressemble à personne dans son milieu, plus éclatante que tous les autres, qui ne se préoccupe ni de morale ni de bonnes manières, mais qui éclipse tout.
Malta Vestrit a une certaine ressemblance avec Scarlett, mais son évolution est encore plus subtile. Au début du roman, on ne peut que détester Malta. A la fin, on l’adore.
Au début, c’est une sale petite peste trop gâtée, égoïste, qui se moque des conseils et des difficultés de son entourage et n’en fait qu’à sa tête. Son évolution vient d’abord de contraintes matérielles contre lesquelles elle ne peut rien, puis de l’ouverture à une autre dimension de l’univers, plus féérique. C’est fascinant d’assister à la transformation de Malta, de la voir gagner en maturité, prendre des responsabilités, sans complètement renier la personnalité qu’elle avait au départ, et qui comme pour Scarlett la rend remarquable. L’évolution de Malta est pour moi un modèle absolu en termes d’arc narratif de personnage.
3- Le livre qui m’a appris la narration
Je n’irai pas jusqu’à dire qu’il m’a appris la narration car je suis encore très loin d’atteindre son niveau, mais j’évoquerai sans doute La Horde du Contrevent, d’Alain Damasio. Deux choses m’ont interpellée dès que j’ai ouvert ce livre : le fait que les points de vue des narrateurs soient représentés par des signes de ponctuation, listés sur un précieux marque-page, et surtout, surtout, le fait que la numérotation des pages soit à l’envers.
Juste avant de découvrir ce livre, je me souviens avoir discuté avec une amie du fait qu’un lecteur a toujours un avantage quand il lit un roman : c’est qu’il sait combien de pages le sépare de la fin. Et là, c’était précisément ce qui était mis en avant. L’auteur nous prévient dès le premier numéro de page qu’on est face à quelque chose d’unique, une quête tirée vers un but ultime, un but au-delà duquel il n’y a pas de retour possible. Jamais aucune quête épique ne m’a autant transportée, jamais je n’ai eu à ce point à cœur que les héros atteignent leur but. Et il y a aussi le fait que l’antagoniste principal est un élément météorologique. Franchement, il fallait oser.
Et je ne parle même pas de la somptuosité du style, des voix uniques de chaque personnage, des concours de style de Caracole face au Stylite … J’avais déjà abordé ces sujets dans un précédent article. Ce livre me manque. Il faudrait vraiment que je le relise.
(Depuis, j’ai fait lire La Horde du Contrevent à l’amie en question, qui l’a adoré, et s’emploie activement à y convertir tout son entourage).
4- Le chef d’oeuvre qui m’inspire le plus
Je ne peux évidemment pas tenir plus longtemps sans évoquer Harry Potter, qui est pour moi un peu à la base de tout ❤️ J’adore ces livres. Tous. A chaque fois que je les relis, je suis bluffée d’être une fois plus happée par l’histoire alors que je la connais par cœur, je suis toujours émerveillée de découvrir l’univers des sorciers, je ris toujours autant aux blagues de Fred et George. J’ai toujours le cœur serré à la fin. Harry Potter m’a inspirée pour écrire 17 fanfictions, certaines très courtes et d’autres qui m’ont pris des années à écrire.
Je rêve d’avoir la capacité d’imaginer un univers aussi vaste et aussi cohérent à la fois, des personnages aussi attachants, une histoire si universelle qu’elle pourra traverser le temps et les générations.
5- Le livre qui m’a donné le droit d’écrire
Cette question est plus délicate pour moi : je n’ai jamais eu la sensation de ne pas avoir le droit d’écrire. J’ai toujours lu beaucoup de fantasy, donc je n’ai jamais eu de mépris pour ce genre (c’est plutôt l’inverse, j’ai du mal avec les autres !) et jamais eu de honte à écrire ce genre d’histoires.
Là encore, j’ai envie de citer Harry Potter puisque mes fanfictions sont les premières histoires que j’ai écrites. Le Seigneur des Anneaux a aussi été un tremplin d’imagination, et Autant en Emporte le Vent aussi (j’avais tellement envie de changer la fin !). Comme je vous le disais, j’ai mes piliers.
Je crois que j’attends encore le roman historique qui me donnera le droit d’aborder ce genre-là … Je suis encore trop intimidée par le réel pour m’aventurer là-dedans.
Avec tout ça, je n’ai pas trouvé l’occasion de Jane Austen ni de George R.R. Martin. J’espère qu’ils ne m’en veulent pas : ils sont eux aussi au panthéon de mes auteurs chéris.
Et vous, quels sont les livres qui vous ont amené là aujourd’hui ?
Crédits image : Annie Spratt on Unsplash
Mais qu’est-ce que tu fais dans ma tête ??? Je réfléchissais aussi à ce tag (pour après NaNoWriMo sans doute), et je ne trouvais pas tellement d’idées pour la catégorie « Livre qui m’a parlé d’écriture ». Et quand je suis arrivée à la partie de ton article qui parlait de « jeune romancière anglaise » je me suis dit « bon sang mais c’est bien sûr, les Quatre Filles du Docteur March ! ». Et là j’ai lu la suite de l’article… ^^
On l’avait en VHS, et on l’a tellement regardé avec ma sœur, je crois qu’on a usé la bande. Du coup on l’a racheté en DVD et profité pour le regarder en anglais.
Joe, c’est une de mes héroïnes favorites, avec Eowyn et Mulan, avec une plume à la place de l’épée^^.
Copine ! C’était le premier DVD que j’ai eu (je maîtrisais tellement mal la technologie que j’ai voulu le rembobiner à la fin 😁)
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