Vous l’avez sans doute déjà vu si vous me suivez sur Twitter, Facebook ou Instagram : ça y est, j’ai enfin signé mon contrat d’édition pour Le Page de l’Aurore avec la maison Sylphe Rouge ! 😀
Histoire d’un contrat d’édition
En soi, cette étape n’amène rien de réellement nouveau puisque je travaille avec mon éditrice Yseult depuis maintenant un an et demi. Nous avons d’abord passé beaucoup de temps au printemps 2017 à discuter de la première version du manuscrit, à déterminer tout ce qu’il fallait y ajouter / supprimer / améliorer. Ensuite, pendant tout le temps de la réécriture, je voyais Yseult très régulièrement pour lui envoyer les nouveaux textes et avoir son avis sur la direction que tout ça prenait. Nous avons travaillé ensemble aux corrections finales, et c’est Yseult qui a réalisé la couverture du roman.
Cela faisait longtemps que nous parlions de ce contrat, nous avions même discuté d’une première version l’an dernier. Mais à l’époque, l’entreprise Sylphe Rouge n’était pas encore officiellement créée, et la campagne de crowdfunding n’avait pas été lancée. Les deux responsables de la maison s’étaient donc dit qu’avant de me faire signer un contrat avec elles, elles allaient s’assurer d’avoir les moyens de l’honorer.
Une fois de plus, je mesure ma chance de travailler avec une maison d’édition aussi humaine, qui a une vraie considération pour ses auteurs. Au final, tout le travail que nous avons accompli jusqu’à présent a été fait bénévolement. Elles ont accepté de prendre un vrai risque en procédant comme ça, car j’aurais légalement pu aller proposer mon manuscrit à une autre maison d’édition après l’avoir réécrit, ou alors l’auto-éditer. Mais bon, au bout d’un an et demi on se connaissait suffisamment pour se faire confiance, et elles avaient quelques raisons de croire que je n’étais pas une personne trop malhonnête.
Enfin, ça y est ! Je suis vraiment très heureuse d’avoir officialisé les choses, je peux enfin arrêter de dire « normalement », « si tout va bien », « en croisant les doigts » avant « je vais être publiée ». Il faut encore que je me pince pour y croire. Je crois que ça ne sera pas vraiment réel pour moi tant que je n’aurai pas le livre dans les mains. Mais ça n’a jamais été aussi près de se réaliser 🙂
Qu’est-ce qu’il y a dans un contrat d’édition ?
Un contrat est par nature confidentiel et je ne vais pas vous en révéler tous les détails, mais si certains se posent la question voilà les sujets abordés par un contrat d’édition (je précise que je ne suis absolument pas juriste, je vais donc essayer de ne pas dire trop de bêtises) :
- Le nom de l’auteur
- Le nom de l’éditeur
- Le nom de l’œuvre (il y a un contrat par roman)
- La cession par l’auteur des droits de reproduction et de représentation du roman – à noter que l’adaptation audiovisuelle n’est pas concernée. Cette cession donne à l’éditeur le droit de fabriquer les exemplaires du roman (sous forme imprimée et/ou numérique)
- En contrepartie, l’éditeur s’engage à assurer cette publication
- L’engagement de l’auteur à remettre son manuscrit à une date précise
- L’engagement de l’éditeur à assurer sa mise en page (avec la possibilité pour l’auteur de relire et corriger les épreuves)
- Les droits de l’éditeur : décider du format du livre, de la collection, du prix de vente, du titre, des moyens de commercialisation et de promotion, et de la date de mise en vente
- Le nombre d’exemplaires prévus pour le premier tirage
- La gestion par l’éditeur du prêt du roman en bibliothèque
- La mise à disposition chaque année par l’éditeur des relevés de droit d’auteur : informations à inclure, date d’arrêté des comptes, mode d’envoi des relevés, délai de paiement des droits
- Les éventuelles avances sur droits
- Le droit de préférence (l’auteur peut s’engager à proposer ses romans suivants en priorité à l’éditeur, avant toute autre maison d’édition)
- Les droits spécifiques à l’édition imprimée : droit de reproduction, d’adaptation graphique, de traduction, de représentation (ex : lecture publique), droit de merchandising
- L’engagement de l’éditeur à assurer une exploitation permanente et suivie et une diffusion commerciale au roman
- Les fameux droits d’auteur 😉 En broché, en poche, à l’export, en livre audio …
- Le droit pour l’éditeur de mettre les ouvrages au pilon si le stock est trop important (L’HORREUR)
- Les droits spécifiques à l’édition numérique, et les modifications éventuelles que ça implique
Tout un programme, comme vous le voyez ! La liste n’est pas exhaustive mais couvre les principaux points.
Après, il y a ce qui est écrit dans le contrat et la réalité des choses.
Je sais que j’ai la chance de travailler avec des personnes de confiance, qui me consulteront sur la plupart des sujets. Elles auraient pu choisir le titre sans me demander mon avis, mais j’ai eu mon mot à dire. J’ai aussi pu donner mon avis sur la couverture. Et si dans quelques temps certaines conditions du contrat ne me conviennent plus, je sais qu’on pourra en rediscuter sereinement.
Sans compter que j’ai eu beaucoup d’accompagnement et d’explications sur les différents points du contrat, pour assurer que je comprenais tout ce que signais – d’ailleurs, les responsables de Sylphe Rouge envisagent même d’obliger leurs auteurs à suivre une formation sur le droit d’auteur pour que tout le monde connaisse bien ses droits et ait la possibilité de négocier ! Beaucoup trop gentilles, je vous dis ♥
Mais malheureusement, de ce que j’ai pu comprendre, c’est loin d’être le cas avec toutes les maisons d’édition. Certaines négligent de demander l’avis de l’auteur sur ce qui n’est pas directement de son ressort et les auteurs peuvent avoir de mauvaises surprises à la sortie du livre. Ça me paraît ahurissant que des gens puissent travailler avec aussi peu de respect.
Mais quand on est auteur, entre l’envie d’être publié à tout prix et le manque de connaissance juridiques, on peut finir par accepter n’importe quelles conditions. Le rapport de force est franchement déséquilibré.
Donc, si vous êtes sur le point de signer un contrat d’édition, renseignez-vous et faites attention ! Assurez-vous que vous signez avec des personnes fiables, qui ont vos intérêts à cœur et cherchent à créer une relation qui tiennent dans la durée. Dans ces conditions, c’est un vrai plaisir 🙂
Crédits image : rawpixel on Unsplash
Merci pour toutes ces précisions et ces renseignements!
Ça donne matière à réfléchir.
Je me demande si ça existe dans mon coin de pays une formation sur les droits d’auteurs. Je sens que je serais de la catégorie de gens qui se feraient facilement avoir, si j’avais un manuscrit à proposer. En tout cas je suis contente qu’une maison d’édition comme le Sylphe Rouge existe. Et j’espère sincèrement que leur dévouement et leur honnêteté porteront leurs fruits. Longue vie à eux! Et longue vie à ton roman!
Je dois dire que, de mon point de vue de professionnelle avertie, c’est un peu difficile de ne pas être critique 😉 J’ai relevé quelques confusions (le droit de prêt n’est pas géré par l’éditeur par exemple, c’est de l’ordre de la gestion collective, c’est-à-dire que c’est pris en charge par un organisme dédié pour l’ensemble des ayant-droits du secteur), et on aurait gagné à avoir des éléments qui expliquent comment fonctionne vraiment un contrat d’édition (sa structure même a un sens et est imposée par la loi).
Mais c’est facile à dire pour moi, et j’ai conscience que le travail de vulgarisation n’est pas évident !
Ce que je tiens quand même à souligner, c’est que les grosses difficultés et les déséquilibres qui peuvent exister dans les relations entre auteurs et éditeurs sont rarement le fait du « jargon juridique ». On peut le penser, mais en réalité les éditeurs ont une marge de manoeuvre assez faibles sur beaucoup de dispositions du contrat qui sont tout simplement des obligations légales. Au final, les conditions sur lesquelles ils peuvent principalement influer sont a priori les plus compréhensibles pour des non-juristes (la rémunération, par exemple). Ça n’empêche pas qu’un contrat d’édition est un document assez conséquent à digérer, mais il ne faut pas en avoir peur, car il a aussi été conçu pour protéger l’auteur.
Le souci, je pense, tient davantage des grosses carences en matière de communication et de suivi des auteurs de la part de certains éditeurs – et c’est un vrai problème.
En tout cas c’est une très bonne idée de la part de Sylphe Rouge de vous proposer de suivre des formations en droit d’auteur, ça ne peut que vous être bénéfique 🙂
(Je devrais monter sur le créneau et lancer un blog de vulga sur le droit d’auteur, allez, qui ça tente ?)
Ouiiii merci pour ton avis de pro 😘 honnêtement pour ma part le vocabulaire juridique me paraît toujours hermétique, même si en me penchant sur le sujet je me rends compte que c’est finalement assez compréhensible. Je pense que ça fait peur à beaucoup de monde !
Oui, c’est clairement déstabilisant quand on y est pas habitué. Un contrat d’édition peut paraître intimidant au premier abord, mais en prenant le temps de le lire à tête reposée pour comprendre de quoi il est question, c’est plus accessible qu’on ne le pense 🙂
Ouiiii pour ce blog !!!!
Bonjour ! Je suis l’éditrice d’Astrid (et une fidèle de son blog), et je me permets de rebondir sur ton commentaire qui est très pertinent. Je prends note des précisions à apporter auprès de nos auteurs sur l’explication des contrats, n’étant pas nous-même juristes nous expliquons les choses avec nos propres mots, mais parfois avec des oublis ou des lacunes qui sont heureusement rectifiables.
Concernant le déséquilibre entre auteurs et éditeurs, mon expérience avec plusieurs auteurs ayant eu des déboires avec certaines maisons malhonnêtes m’a confirmé que si le jargon juridique n’est pas lui-même source de confusion, il est malheureusement un outil efficace. Comme l’a souligné Astrid, au premier abord un contrat (d’auteur ou non) peut être très intimidant, et les éditeurs le savent. Beaucoup de jeunes auteurs qui n’ont jamais eu de contrat du genre sous les yeux, qui ont besoin de temps et d’explications pour bien comprendre les tenants et aboutissants de ce qu’ils signent, se voient brusqués dans leur décision (« tu signes maintenant ou tu ne signes pas du tout »), ou encore n’osent pas poser de questions et demander des précisions de peur que l’éditeur recule.
Quand j’en discute après coup avec eux, ils s’avèrent qu’ils ne connaissent pas la plupart de leurs droits, et la compréhension même après analyse du jargon n’est hélas pas facile pour tout le monde. Par dépit ou découragement, ils se sentent souvent « contraints » de croire sur parole ce que l’éditeur leur dit.
Comme tu l’as si bien souligné, l’origine du problème vient surtout du manque de communication et de transparence de certains éditeurs (et soyons honnêtes du monde de l’édition en général), notamment sur l’existence des diverses structures qui existent pour soutenir et accompagner les auteurs. Et le jargon juridique fait partie des flous que quelques-uns laissent volontairement.
Bref, désolée pour le pavé, et merci encore beaucoup de ton retour qui donne matière à réfléchir !
C’est une super idée, je suis sûre que tu aurais beaucoup de succès !
moi je serais partante! je te suivrais religieusement!
Je crois qu’il n’y a qu’une chose à dire : félicitations ! C’est super que tu sois si bien accompagnée, et à en juger de la qualité de ta couverture entre autres (qui est magnifique^^), même si c’est une toute nouvelle maison d’édition elles savent ce qu’elles font et te donnent les moyens de réussir…
Merci beaucoup ! Et oui, je pense que c’est une maison qui gagne à être connue, je leur souhaite beaucoup de succès dans leurs publications 🙂
Une formation sur le droit d’auteur ? Je trouve que c’est une super opportunité de la part du Sylphe Rouge. Tu m’as l’air entre de bonnes mains, j’en suis ravie pour toi !
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