J’ai découvert le test MBTI il y a quelques années et depuis, je le trouve de plus en plus génial et utile, que ce soit dans ma vie personnelle ou dans le travail de mes personnages. C’est un outil intéressant pour créer un personnage de fiction et alimenter sa fiche de personnage.
Qu’est-ce que le test MBTI ?
De quoi s’agit-il ? Le « Myers Briggs Type Indicator » (MBTI pour les intimes) est un test de personnalité, ou plus exactement un outil d’évaluation psychologique. Au travers de quelques dizaines de questions, le test définit quel est votre type de personnalité parmi 16 possibilités.
Pour la petite histoire, ce test a été conçu en 1943 par une mère et sa fille, Katharine Cook Briggs et Isabel Briggs Myers. La version officielle du test est payante, mais de nombreuses versions gratuites peuvent être trouvées facilement comme sur le site 16personnalities (test disponible en français).
Les résultats, bien sûr, ne sont pas purement scientifiques et le test a même été controversé récemment. Je trouve cependant que, pour un test de personnalité, il est étonnamment juste, et tous ceux de mes proches qui l’ont passé ont eu le même sentiment. Certains reprochent aux MBTI de donner des résultats instables mais personnellement, j’ai toujours eu le même résultat à chaque fois que j’ai refait le test. La description ne colle évidemment pas à 100% mais je me reconnais néanmoins très bien dans le profil ISFJ 😉
Comment fonctionne le test MBTI ?
Le test évalue la personnalité selon 4 axes, qui ont chacun 2 extrêmes :
- Extraversion (E) ou Introversion (I) : la façon dont vous puisez de l’énergie
- Sensation (S) ou Intuition (N) : la façon dont vous recueillez de l’information
- Pensée / Thinking (T) ou Sentiment / Feeling (F) : la façon dont vous prenez des décisions
- Jugement (J) ou Perception (P) : la façon dont vous abordez votre environnement (et notamment la notion du temps)
Jusqu’ici, ça paraît un peu abstrait, mais il suffit de quelques questions pour s’y retrouver. D’ailleurs, il n’est pas toujours nécessaire de passer 15 minutes à faire le test pour connaître son profil : on peut assez instinctivement savoir de quel côté de la balance on penche sur chaque axe. Il faut aussi savoir que personne n’est à 100% d’un côté ou d’un autre, tout le monde a un profil un peu mixte entre E ou I, entre J ou P etc., mais en général on est toujours un peu plus à l’aise avec une vision des choses.
Voici quelques explications supplémentaires pour y voir plus clair :
- Extraverti ou Introverti ? Attention au raccourci facile : introverti, ici, ne veut pas nécessairement dire qu’on est extrêmement timide et qu’on ne veut voir personne. La question est plus simple : est-ce que passer du temps avec un grand groupe de personnes vous apporte de l’énergie, ou est-ce que ça vous fatigue ? Est-ce que l’idée d’un samedi soir passé seul(e) chez vous vous déprime ou vous fait plaisir ? Seriez-vous capable de partir en vacances seul(e) ?
Si la réponse est oui, vous êtes plutôt du type Introverti – sachant qu’un Introverti peut aussi tout à fait aimer passer des soirées et des vacances avec plein d’amis, hein, c’est juste qu’à la fin il aura probablement besoin d’un petit sas de décompression pour se reposer seul - Sensation ou Intuition ? Cet axe est pour moi le plus difficile à décrire, mais je vais faire un effort. En gros : le S est terre-à-terre, centré sur le concret, le présent ou le passé, il aime les détails et la précision. Le N est plus stratosphérique, plus rêveur, plus orienté vers le futur et les possibilités plutôt que sur ce qui est. Il a une vision, de l’ambition, et il aborde les choses de façon plus « macro », plus vague.
Il n’y a pas de jugement derrière ces descriptions : on peut considérer le S comme une fourmi et le N comme un visionnaire, ou bien le S comme un réaliste et le N comme un illuminé 😉 - Pensée ou Sentiment ? Imaginez qu’un ami vous raconte qu’il vient de se faire cambrioler. Quelle est votre première réaction ? « Oh mon pauvre, c’est horrible, je suis trop désolé, tu es sûr que ça va ? » ou bien « Il faut que tu appelles ton assurance et que tu ailles porter plainte. Tiens, voilà le numéro d’un serrurier » ? Le T (pensée) ne s’embarrasse pas d’émotions, il agit rationnellement, il pèse le pour et le contre dans tout ce qu’il fait. Le F (sentiment) est plus spontané et marche à l’instinct. Il accorde plus d’attention aux autres et à ce qu’ils ressentent, il fait preuve d’empathie. Le T, c’est pas son problème.
Dans un scénario catastrophe, le T serait typiquement le personnage qui propose la solution où on doit tuer 10 personnes pour en sauver 100, tandis que le F refusera absolument d’en entendre parler #CaptainAmerica - Jugement ou Perception ? Quand vous partez en voyage, êtes-vous plutôt du genre à tout planifier 6 mois à l’avance en épluchant votre guide avec amour, ou bien à partir la fleur au fusil en vous laissant porter par les expériences et les rencontres que vous ferez sur place ? Le J aime prévoir, organiser, préparer les choses, et ne supporte pas l’incertitude. Au contraire, le P ne supporte pas de se sentir enfermé dans un programme, il apprécie davantage le risque et l’aventure, et tant pis s’il tombe en chemin
La combinaison de ces quatre axes donne un profil en 4 lettres, et il y a donc 16 profils possibles en tout. Les voici illustrés par les personnages de Harry Potter (source ici, avec les très beaux dessins de Makani) :
Connaître mon profil et celui des gens qui m’entourent m’aide énormément à mieux comprendre et accepter les différentes personnalités : ce que je pouvais voir comme des défauts (y compris chez moi) ou des comportements incompréhensibles, ce sont simplement des façons différentes d’aborder le monde. C’est aussi utile au travail : quand on est un S et qu’on a besoin d’explication précises, mieux vaut éviter de les demander à un N … Et pour organiser des vacances de groupe, je vous recommande de mettre quelques J sur le coup 😉
Mais passons maintenant au cœur du sujet : comment utiliser le test MBTI dans l’écriture.
Comment utiliser le test MBTI pour ses personnages ?
Pour mon prochain roman Météorites, j’ai récemment ajouté une colonne « MBTI » dans le tableau où je renseigne mes fiches de personnages, et j’ai commencé à chercher le profil de tous mes personnages principaux. Je connais maintenant assez bien le test pour savoir rapidement de quel côté de chaque axe chacun d’eux pourrait pencher : j’identifie leur profil lettre à lettre, et je vais ensuite consulter la description du profil complet pour m’assurer que ça colle bien à ce que j’imaginais.
On peut bien sûr trouver ça artificiel, et réprouver le principe de mettre les gens dans des cases. Bien sûr, le profil MBTI ne suffit pas du tout à construire un personnage : son histoire, ses motivations sont des bases essentielles. Mais en ce qui me concerne, ça me rassure (probablement mon côté S) et ça m’aide à plusieurs niveaux :
- Je construis des personnalités plus complexes et plus cohérentes. Parfois, j’ai du mal à imaginer des personnages dont le caractère est très différent du mien. J’ai du mal à les faire réagir différemment de ce que je ferais, ou bien j’ai tendance à ce que tout le monde soit gentil, chevaleresque – ou au contraire, complètement odieux.
Faire le test m’aide à mieux comprendre et intégrer comment un INTJ ou une ENFP voient le monde, comment ils se comportent par rapport aux autres, quels sont les principaux défauts qu’ils sont susceptibles d’avoir sans être caricaturale (heureusement, j’ai des amies qui ont les mêmes profils que mes personnages, alors quand je ne sais pas comment je devrais les faire réagir je n’ai qu’à imaginer ce que mes amies feraient à leur place 😉).
Surtout, une fois que leur profil est clair dans ma tête, je peux construire leur comportement et leurs réactions autour de ça et éviter les incohérences. J’ai même eu des surprises, en particulier avec deux personnages :
- Morgia, ma chanteuse de cabaret, est une ENFJ. Depuis le début, j’avais du mal à cerner qui elle était et ce qui la faisait marcher dans la vie. En étudiant son profil, je me suis rendue compte qu’il pouvait correspondre a une personnalité altruiste, éventuellement trop confiante. Et en fait, ça colle vraiment très bien à son rôle dans l’histoire, alors que dans mon premier jet j’avais tendance à la décrire (sans raison particulière) comme quelqu’un de méfiant et de très réservé
- Un autre de mes personnages chouchous s’est avéré être un ENTJ. Jusqu’à présent je n’avais pas trop creusé sa personnalité et j’en avais fait un gentil un peu lisse … Mais les ENTJ, c’est plus compliqué que ça. Ce sont des leaders charismatiques qui peuvent être têtus, autoritaires, pas vraiment tendres. Je me suis rendue compte qu’aller dans cette direction rendrait mon personnage bien plus intéressant que si je conservais la version qui ne ferait pas de mal à une mouche
- Conséquence du point précédent, j’ai plus de diversité dans mes personnages. Pour l’instant sur la dizaine de personnages que j’ai creusés pendant mon Camp NaNo, seulement deux ont le même profil MBTI – et aucun risque de les confondre, car figurez-vous que ce sont l’héroïne et l’antagoniste (je ne l’ai pas fait exprès mais je trouve ça intéressant, l’un est un peu le côté obscur de l’autre) (je me suis d’ailleurs un peu auto-trollée sur ce coup car ils sont tous les deux ENTP, un profil très éloigné du mien que j’ai donc un peu de mal à comprendre) (bref). J’espère arriver à compléter la grille de 16 avec les prochains personnages que j’étudierai. Je ne les répartis pas volontairement dans des profils différents, c’est juste qu’en creusant davantage les personnalités, les particularités émergent plus clairement et je suis instinctivement amenée à imaginer des personnages qui se distinguent les uns des autres. Certains sont curieux et superficiels, d’autres travailleurs et peu imaginatifs, d’autres rêveurs et passionnés …
Et pour Le Page de l’Aurore, me demanderez-vous ? Je n’ai fait le test que pour mon petit héros et aucun doute, c’est un ISFJ comme moi 🙂 Je comprends mieux pourquoi je le trouve si attachant !
Et vous, connaissez-vous ce test et l’avez-vous déjà utilisé pour vos personnages ? Quel profil êtes-vous ?
Crédits image : Diomari Madulara on Unsplash
Hum. C’est intéressant. Il semblerait que je sois une INFJ-T mais j’ai du mal à y croire. ^^
J’essayerai peut-être avec mes personnages, cela pourrait être instructif !
Pourquoi du mal à y croire ? 🙂
Il me semble que j’avais déjà essayé le test et que j’avais obtenu « médiateur » (oui, je ne retiens pas les sigles ^^). Avocat et médiateur sont dans le même groupe tu me diras mais l’un comme l’autre, me semblent une version idéalisée de moi. J’aimerais être telle que décrite mais je me voile la face si j’y crois ^^
Oh je te rassure c’est idéalisé pour tout le monde !
J’ai passé plusieurs fois le test, mais je n’arrive jamais à me souvenir de mon résultat…(et j’ai envie de le repasser du coup^^) Je n’ai pas encore eu l’occasion de l’utiliser pour écrire, mais j’y réfléchis pour mon prochain roman,que je compte commencer pour NaNo cette année. Ça me parait être un bon compromis pour décrire un personnage de manière simple, mais avec tout de même un minimum de profondeur et de diversité. En fait, je suis justement en train de lire un manuel sur la notion de personnalité en psychologie. Je ne sais pas si ça me servira pour mes futurs romans, mais c’est très intéressant ! Merci pour cet article !
Je t’en prie ! Tes recherches sur la personnalité en psychologie pourraient aussi m’intéresser !
Je suis un peu mitigée sur ce test. En fait, je l’ai passé en version payante quand j’étais en école de commerce (c’était un module spécifique) et à l’époque, j’avais grandement contesté le fait de mettre les gens dans des cases. Je n’aimais pas l’imprécision des questions ; selon les situations, les moments etc, ma réponse pouvait être totalement différente. On m’avait répondu que c’était lié à mon profil, justement, cette posture de contestation. J’avais trouvé ça ridicule haha. MAIS depuis j’ai pris du recul, j’ai compris que bon, ce n’est pas un absolu, qu’on peut être dans une case un jour, et dans une autre le lendemain (c’est mon cas, j’oscille toujours entre deux résultats). Mais surtout, je trouve ça hyper intéressant de l’utiliser pour construire des personnages de roman. Il ne faut pas se leurrer, c’est vraiment difficile de construire des personnalités contraires à la nôtre et ces cases peuvent vraiment aider, tant qu’on garde à l’esprit qu’elles ne sont pas une limite mais un champ des possibles.
C’est exactement ça ! Ce n’est pas un outil suffisant pour construire un personnage mais ça donne une bonne base de départ, un squelette de sa personnalité
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Salut, je suis tombée sur ton article il y a quelques jours et je trouve que ça peut en effet être un très bon outil pour créer un panel de personnages à la personnalité diversifiée (ce que j’ai beaucoup mal à faire je dois l’avouer 😅).
Mais je me posais une question, lorsque tu réalises ce test sur un personnage, tu le fais de tes yeux à toi, ou de ses yeux à lui, comme si c’était lui qui le remplissait ? Par exemple, mon héroïne est plutôt quelqu’un d’impulsif et de mauvaise foi et pourtant elle se voit totalement stable émotionnellement. Elle pense qu’elle ne laisse pas les sentiments dicter son comportement, pourtant elle peut partir au quart de tour si un autre personnage critique ses choix et que cette critique (positive ou négative d’ailleurs) ne corresponde pas à son point de vue.
En tout cas merci pour cet article, il me tarde d’aller découvrir les autres 😊
Hello, merci pour ton commentaire !
Je dois dire que ta question n’est pas simple, puisque tu rajoutes la difficulté d’avoir un personnage qui se ment à lui-même. Normalement, je fais le test comme si c’était le personnage qui le remplissait.
Je pense que tu aurais intérêt du coup à faire le test deux fois : une fois tel quel le personnage se voit et une fois telle qu’elle est réellement. Le deuxième test te donnera des indications sur sa vraie personnalité, sa façon de réagir aux événements, et le premier te montrera en quoi chacune de ces réactions la mettra en conflit avec elle-même… Eventuellement jusqu’à ce qu’elle accepte sa vraie nature !
J’espère que c’est clair 🙂 Bonne lecture !
J’ai effectivement pensé à procéder de cette manière. Merci pour ta réponse et tes explications 🙂
Bonjour !
Je connaissais déjà les profils MBTI avant de lire cet article (et c’est d’ailleurs ça qui m’a fait cliquer dessus ^^’)
C’est en effet un système que je trouve très pratique pour continuer à creuser ses personnages, ça donne une petite base à utiliser si on ne sait plus trop comment définir un personnage.
Personnellement je m’en suis servi pour définir plus en profondeur mon personnage principal (qui est ENTJ au passage) et ça m’a aidé vraiment à la rendre plus réaliste et à combler les aspects de sa personnalité qui m’était encore obscur.
J’avais aussi deux autres personnages que je connaissais bien mieux qu’elle, j’ai passé le test en me mettant dans leur peau et en lisant les descriptions je me suis rendu compte que c’était eux sur de très TRES nombreux points (ils sont ISTP et ESFJ si ça intéresse quelqu’un).
Et c’est un système qui peut aussi aider dans la construction des relations. Pour reprendre mon exemple de l’ISTP et de l’ESFJ ; deux personnalités qui n’ont pas vraiment la même perspection du monde ; ils étaient frère et sœur de cœur avant de faire le test, mais ensuite je me suis rendu compte que ça ne collait pas forcément entre eux. Ça peut être un défaut à corriger tout comme un défi à relever pour adapter leur histoire et expliquer leur attachement ! De mon côté j’ai dit (et c’était déjà le cas avant de définir leur personnalité) qu’ils été tous les deux orphelins et adopté pas la même personne qui à faire leur éducation. Même si l’une le fut à l’adolescence, avait déjà traverser de terribles épreuves et que l’autre fut trouver bébé dans une forêt peut de temps après, ils ont noué des liens très fort au fils du temps qui les ferons, par la suite, renié leur conviction ou leur gloire pour l’autre. Cela fait de leur relation une des plus forte de mon histoire.
Bref, j’ai un peu raconté ma vie mais c’est quelque chose qui me tient à cœur et qui permet de cerner beaucoup plus facilement un personnage lorsqu’on a pas une licence en psychologie. Aussi, si tu lis ça c’est que tu es allé jusqu’au bout de mon commentaire : Merci et bravo à toi ! (parce-que c’est un peu long et pas toujours intéressant). Si j’arrive à être publié un jour et que j’ai la chance que tu me lise, peut-être que tu reconnaîtra cette relation. Si c’est le cas, n’hésites pas à revenir ici fait une petite coucou ! 😉
Coucou ! Merci beaucoup pour ton commentaire, je suis bien contente de voir que je ne suis pas la seule à m’appuyer sur le MBTI. Même si je dois reconnaître que, si je l’utilise au début de la construction de mes personnages, j’ai un peu tendance à m’en écarter ensuite au fil de la rédaction, à mesure qu’ils s’affinent. Est-ce que tu as déjà attaqué cette partie ou est-ce que tu en es toujours aux préparatifs ?
Dans tous les cas, je te souhaite une bonne écriture !
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