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L’art du juice : comment rendre ton roman follement satisfaisant

    Comme tu le sais peut-être, je travaille à mi-temps comme scénariste de jeu vidéo. Et dans notre équipe, il y a un concept qui est au centre de nos préoccupations : le “juice” (le jus, quoi 🧃).

    Qu’est-ce que c’est ? Et quel rapport avec l’écriture de roman ?


    L’art du juice : comment rendre ton roman follement satisfaisant

    Le Juice : définition

    Le juice, c’est toutes les petites choses qui vont contribuer à rendre l’expérience du joueur plus satisfaisante.

    Toutes les fioritures visuelles (paillettes, effets de lumière, boutons qui changent de taille), auditives, voire physiques (manette qui vibre) qui vont récompenser chaque interaction que le joueur va avoir avec l’interface.

    Tu tapes un truc ? Tu obtiens un gros “bam” et l’écran se colore de rouge.

    Tu ouvres un coffre ? Bim, tout s’éclaire d’une lumière dorée avec des bruits de pièces d’or dignes de la piscine de Picsou.

    Sans oublier notre effet préféré, le screenshake (le secouage d’écran, quoi).

    Si tu as du temps libre, que le sujet t’intéresse et que tu parles anglais, cette vidéo explique très bien ce qu’est le juice et ce qui fait sa saveur : https://www.youtube.com/watch?v=Fy0aCDmgnxg

    Comment intégrer le « juice » dans un roman ?

    Mais quand on écrit un roman, c’est pas un jeu vidéo.

    Loin de là.

    Tes lecteurs, tu ne vas pas pouvoir leur envoyer un gros son et lumière avec plein de screenshakes pour retenir leur attention dès qu’il se passera un truc cool.

    Tu n’as que des mots sur la page… 😅 Allez, bonne chance, hein !

    En réfléchissant à ça pendant que je faisais ma promenade quotidienne pour absorber un tantinet de vitamine D, je me suis demandé comment moi, je m’y prenais pour rendre mes romans satisfaisants.

    Qu’est-ce qui fait que je kiffe autant les relire, même au bout de la cinquième passe de corrections ?

    Je ne parle pas des gros éléments comme la structure, les enjeux ou la construction des personnages, plutôt des petits détails qui vont faire sourire mes lectrices.

    Il y a plusieurs choses.

    Le juice dans un roman : travail sur la forme

    Sur la forme, d’abord, ça passe par un certain fignolage du style.

    Je prends soin de mes descriptions, surtout quand il s’agit d’une première impression : la première fois qu’on découvre un lieu, ou qu’un nouveau personnage entre en scène.

    Je fais en sorte de créer une ambiance, une immersion dans mon univers, et de susciter des émotions comme l’émerveillement ou l’inquiétude.

    Je mets aussi pas mal de blagues 😁.

    Pas forcément des plaisanteries que les personnages se lancent, plutôt des situations que je trouve drôles, des comportements caricaturaux, ou une situation qui passe brutalement de la félicité à l’inconfort le plus total.

    Par exemple, pour te partager quelques extraits de mon manuscrit en cours :

    « Un homme qui n’avait rien de léger s’était effondré sur elle et sa voisine, déclenchant un éclat de rire chez celle-ci et des envies de meurtre chez Gisèle.”

    Ou encore :

    « Gisèle ?
    — Oui ?
    — J’ai une idée à vous proposer.
    — Oh non. »

    (Sorti de son contexte, ça a sans doute moins d’impact, mais si tu as l’occasion de faire la connaissance de mes personnages un jour, je suis sûre que tu trouveras ça savoureux, toi aussi.)

    Le juice dans un roman : travail sur le fond

    Sur le fond, ensuite, je fais en sorte de laisser plein de cadeaux cachés.

    Tout un tas d’allusions discrètes que la plupart des lecteurs ne vont pas remarquer, à part les plus attentifs et ceux qui reliront le roman.

    Récemment, une de mes lectrices m’a fait remarquer qu’il y avait beaucoup de “fusils de Tchekhov” dans mes romans, c’est-à-dire des éléments évoqués innocemment au début de l’histoire et dont on découvre l’importance seulement plus tard.

    Parfois beaucoup plus tard.

    Parfois dans le tome suivant !

    Donc quand je relis mon texte et que je tombe sur telle petite réplique anodine, aussitôt j’ai un rire machiavélique intérieur en mode “hin, hin, hin, ça c’est une référence subtile au gros retournement de situation qui va avoir lieu au chapitre 36 😈 !”.

    Ça rend mes relectures beaucoup plus croustillantes.

    Quant aux lecteurs, j’espère qu’au moment de la révélation du chapitre 36 ils seront ravis de se dire “OMGGGG mais ça avait évoqué en page 48, comment diable ne l’ai-je point vu venir plus tôt ?” (ou quelque chose du genre).


    Voilà mes quelques suggestions pour rendre un roman plus juicy !

    J’espère qu’elles te seront utiles 😉

    Note : cet article a été envoyé il y a quelques semaines aux abonnés de ma newsletter. Si tu veux recevoir d’autres conseils et réflexions sur l’écriture, inscris-toi !

    2 commentaires sur “L’art du juice : comment rendre ton roman follement satisfaisant”

    1. Wow ! Voilà un concept rafraîchissant ! Je suis ravie de découvrir que j’aime le juice et que mon roman en regorge 😁.
      Ton article me conforte dans deux idées :
      1. S’inspirer du monde de l’audiovisuel pour rendre ses romans encore plus qualitatifs/uniques et juicy
      2. L’importance de l’expérience du lecteur, car au fond c’est de ça qu’il s’agit. Un peu comme l’expérience UX pour un site Web. Ce que l’on fait ressentir, vivre au lecteur, c’est souvent ce qu’il va retenir et garder en lui après avoir refermé un livre.
      Merci beaucoup Astrid pour cet article riche en vitamine C !

      Au plaisir,
      Noucia

      1. merci à toi Noucia et ravie que cet article t’ait plu ! C’est vrai que comme j’ai travaillé en marketing à une époque, le souci de « l’expérience client » m’est resté 😉

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