Aller au contenu
Accueil > Être auteur > Inspiration > Lu récemment : Le mythe de Cthulhu – des nouvelles de l’horreur

Lu récemment : Le mythe de Cthulhu – des nouvelles de l’horreur

    Le livre Le mythe de Cthulhu est un recueil de six nouvelles écrites par H. P. Lovecraft entre 1926 et 1931. C’est un petit livre de 200 pages. Lovecraft est considéré comme l’un des plus grands auteurs américains du genre fantastique. J’avais lu l’an dernier une autre de ses nouvelles, L’Affaire Charles Parker Ward que j’avais trouvée intéressante, et j’étais très curieuse d’en savoir plus sur ce fameux Cthulhu dont tout geek a entendu parler.

    Le Mythe ce Cthulhu, par H.P. Lovecraft
    En tout cas j’aime beaucoup cette couverture avec son petit poisson ^^

    De quoi parle Le mythe de Cthulhu ?

    • L’appel de Cthulhu raconte les recherches menées par un anthropologue suite à la découverte, dans les affaires de son oncle récemment décédé, d’un bas-relief représentant une créature dotée d’ailes et de tentacules
    • Dans Par-delà le mur du sommeil, un interne dans un hôpital psychiatrique étudie le cas d’un montagnard dont les rêves sont hantés par les images de créatures immensément puissantes
    • La tourbière hantée, récit le plus court du recueil, fait intervenir les légendes irlandaises dans un château américain
    • La peur qui rôde décrit l’enquête menée par un jeune homme curieux qui cherche à savoir comment une maison abandonnée a acquis la réputation d’être hantée
    • La couleur tombée du ciel raconte une histoire assez étrange où, suite à la chute d’une météorite (forcément, ça m’a parlé 😉) et à la découverte en son cœur d’un globule d’une couleur indéfinissable, toute une ferme se retrouve progressivement infestée par une étrange maladie 
    • Enfin, dans Celui qui chuchotait dans les ténèbres, on suit l’histoire d’un intellectuel qui, ayant soupçonné l’existence de créatures extra-terrestres dotés de pouvoirs dépassant l’imagination, se rend compte qu’il a été mis sous surveillance par les créatures en question

    Impression générale

    Eh bien, j’étais déçue de ne pas en apprendre plus sur Cthulhu et qu’une seule des nouvelles lui soit consacrée. D’autant qu’on n’en dit presque rien : l’essentiel du texte parle des recherches faites pour arriver à prouver son existence, mais une fois que c’est fait, l’enquêteur traumatisé se contente d’espérer que Cthulhu et sa cité maudite soient à nouveau engloutis dans l’oubli.

    Un format et un genre inhabituels

    Le format de la nouvelle n’a jamais été mon préféré, et cette lecture le confirme. Ce que je reproche à ce format, c’est que je le trouve trop court et que je reste souvent sur ma faim. Soit je n’arrive pas vraiment à m’attacher aux personnages et je ne suis pas intéressée par les enjeux de l’histoire, soit je m’y attache et je suis triste de les quitter au bout de quelques pages.

    Enfin, le genre de l’horreur n’est pas non plus ce que j’aime lire en général. Je préfère les univers plus colorés, les histoires plus positives, les aventures rythmées plutôt que l’attente ou l’enquête terrifiée.
    On peut dire que je suis sortie de ma zone de confort avec cette lecture ! Quand je vois la liste des 100 livres geeks à lire dans sa vie, je me dis que c’est tout de même étrange de mettre dans le même panier des genres aussi différents que la high fantasy et l’horreur, et de supposer qu’ils plairont au même public.

    Néanmoins, malgré tous ces freins, j’ai quand même plutôt apprécié cette lecture. En tout cas, j’ai eu envie de lire le livre jusqu’au bout – même si je ne me précipiterai sans doute pas pour relire du Lovecraft. L’auteur arrive bien à construire ses mystères et à nous tenir en haleine tout le temps du récit, à nous donner envie de savoir comment tout ça va se terminer.

    Les débordements d’émotion

    Les textes de Lovecraft m’ont rappelé la lecture de Frankensteince qui n’est pas vraiment un compliment pour moi. Comme Mary Shelley, Lovecraft adore les débordements d’émotions : c’est une débauche de « visions d’apocalypse » où « au milieu de ces cris, la terreur et l’angoisse frappaient du fond de l’âme aux portes d’ébène de l’oubli, follement et sans espoir ». Il raffole aussi des adjectifs et des adverbes – on sent que la mode a changé à ce niveau-là, en tout cas ça m’a paru assez lourd à la lecture.

    Mais heureusement, les personnages de Lovecraft ne se contentent pas de se lamenter. Ils n’ont pas la passivité mollasse et résignée qui m’avait tant énervée chez Frankenstein, sa famille et son monstre. Au moins dans Lovecraft, les héros se démènent et vont confronter leurs peurs.

    Le mystère reste entier

    En revanche, ce que j’ai trouvé frustrant, c’est qu’on a rarement une réponse précise, et encore moins la satisfaction de mettre la main sur le coupable pour l’empêcher de nuire. Dans la plupart des cas, l’être ou la chose responsable de la terreur qui règne est au mieux neutralisé, au pire laissé indemne en espérant qu’il ne viendra pas pourchasser les survivants.

    Dans certains passages, j’ai aussi trouvé que Lovecraft se montrait paresseux. Quand il évoque les monstruosités qui peuplent ses histoires, il reste toujours très vague et n’en donne jamais de description précise. Ses mots préférés sont « indescriptible », « innommable », « indicible »… Et je trouve que, pour un auteur, c’est quand même le comble !

    Trouver les bons mots pour décrire les émotions et les créatures sorties de nos imaginations, c’est à mon sens la base de notre job. Sinon, c’est très frustrant pour le lecteur. Stephen King le soulignait dans son livre Ecriture et je suis bien d’accord avec lui.

    Voici quelques exemples :

    • « L’ombre que je voyais sur cette cheminée n’était ni celle de George Bennett ni celle d’aucune créature humaine, mais une anomalie prodigieuse, un blasphème vivant, sorti du fond de l’enfer, une abomination sans forme et sans nom que l’esprit se refuse à concevoir et que la plume est impuissante à décrire »
    • « Sa couleur […] était impossible à décrire : en fait, ils employèrent le mot « couleur » par simple analogie »
    • « Partout ailleurs régnaient les variantes d’une teinte morbide fondamentale impossible à situer parmi les couleurs connues »
    • « Il me serait difficile de décrire les sentiments que m’inspira la lecture de cet étrange message. »
    • « Je suis incapable de décrire avec précision ladite surface ou la forme générale de l’ensemble. En effet, la pierre avait été taillée selon des principes géométriques inconnus des humains »

    (Franchement, Howard, fais un effort)

    Alors d’accord, laisser un certain flou peut contribuer à l’atmosphère d’horreur puisqu’on redoute davantage ce qu’on ne connaît pas, et que le lecteur peut projeter ses propres terreurs. Mais je trouve qu’au moins à la fin de l’histoire, on devrait avoir une réponse. Or, systématiquement, Lovecraft reste dans le vague.

    Racisme et sexisme, bonjour

    Un autre point assez choquant, c’est le racisme de Lovecraft quand ils parlent de peuples vivant en marge de la société qu’il connaît. Manifestement, aux yeux de Lovecraft, tout être qui n’est pas un homme américain blanc (et de préférence un intellectuel) est inférieur. A croire qu’il vaut mieux être extra-terrestre. En voici quelques illustrations :

    • « Les prisonniers se révélèrent tous des sang-mêlé de la plus basse espèce, et mentalement anormaux »
    • « Il avait le type caractéristique d’un montagnard des Catskill : un de ces rejetons étranges et repoussants d’une race paysanne primitive de colons, que près de trois siècles d’isolement dans les repaires accidentés d’une campagne peu fréquentée avaient plongés dans une sorte de dégénérescence barbare, au lieu qu’ils progressent comme leurs congénères plus heureux des districts fortement peuplés. »
    • « L’homme lui-même était lamentablement inférieur par la mentalité comme par le langage »

    Quant à l’aspect sexiste, ça ira vite : les femmes ne jouent aucun rôle dans ces nouvelles. Bref, Lovecraft est bien loin d’emporter mon admiration inconditionnelle.


    Note finale pour Le mythe de Cthulhu

    2,5/5

    Grille d'évaluation : 2,5/5

    Je suis contente de mieux connaître l’univers de cet auteur ultra-classique, mais aussi soulagée de pouvoir passer à autre chose.

    Et vous, êtes-vous des adeptes de Lovecraft ? Vous est-il déjà arrivé d’être déçu(e) par un grand classique de la littérature ?

    Crédits image : Fnac.com

    0 commentaire pour “Lu récemment : Le mythe de Cthulhu – des nouvelles de l’horreur”

    1. Le format de la nouvelle obligé à être plus expéditif et moins développé son histoire pour présenter rapidement un univers, des personnages caractérisés où toute l’ampleur de l’histoire va reposer sur sa chute. Personnellement j’adore les nouvelles. J’avais lu une bonne partie de Maupassant au collège et j’en achète toujours dans la collection folio à 2 euros si je peux ou integral comme les Contes du Jazz. C’est une affaire goût ensuite. Concernant le sexisme et le racisme de Lovecraft je dirais que c’est à la fois l’époque et le caractère du personnage (puisqu’il prônait la supériorité WASP et adherait même aux idées fasciste). Donc un racisme propre au larron mais favorisé par une période hélas. Pour ma part je ne suis pas choquée par les descriptions que tu nous donnes concernant l’horreur avec les « innomables » et le manque de détails sur les émotions et les descriptions. C’est vrai que sur l’ensemble d’une œuvre cela laisserait mais je pense que c’est ce qui plaît à certains dans l’œuvre de Lovecraft c’est la curiosité que cela crée et réveille à cette lecture. Bref supposition je n’ai pas lu son œuvre. Il ne faut pas négliger qu’il était un pionnier du genre et à influencer les autres grands auteurs sf par la suite.
      Je ne suis pas surprise qu’on mette des œuvres aussi divergentes dans leur genre ou critère dans la liste des 100 livres geek 😉 C’est comme les 100 livres classiques qu’il faut avoir lu on a toujours de tout et je sais que je déteste ou n’apprécie pas certaines grandes œuvres que d’autres vénéres. C’est ensuite une affaire de goût mais en effet ces livres sont listés et on convient qu’il faut les avoir lu parce qu’ils ont tous eu un impact sur la littérature, le genre ou la culture d’une manière ou d’une autre. D’un point de vue culturel et littéraire ils seront toujours intéressant à lire, pour une affaire de goût cela dépend de tout à chacun.
      Ayant trop de livres à lire je ne lirai pas Lovecraft avant un moment mais je prends note de ton avis et je l’emprunterai à la bibli et te ferait un retour un jour 😊

      1. Sinon mes déceptions lectures en œuvres classiques c’était les romans de Stendhal. A part Vanina Vanini, je n’ai vraiment pas adhéré au romantisme de ces œuvres ou aux personnages bien que je comprends leur succès et leur influence. J’en ai eu d’autres mais ils me reviennent pas en tête (à part Rousseau 😁)

      2. ça m’intéressera d’avoir ton avis 🙂 Oui après évidemment ce que je dis ne vaut que pour moi, il y a des choses que je n’aime pas du tout lire mais qui vont plaire à d’autres et c’est normal.

    2. attiré par sa réputation, j’ai lu quelques Lovecraft ; très déçu : honnêtement, ça me tombe des mains : trop d’adjectifs et de superlatifs qui ne laissent aucune place à l’imagination du lecteur, mais l’assomment sous des piles trop de tentacules caoutchouteux, d’indicible terrorifiant et de mythes perdus au fond de donjon égarés. bref, du monstre de fête foraine qui se prendrait pour un démiurge.
      Borgès, qui le qualifiait de « pasticheur involontaire d’Edgar A. Poe » lui a rendu hommage dans la nouvelle « there are more things » ; mais lui s’arrête juste avant la description du monstre.

    3. J’ai tellement adoré La Couleur tombée du ciel! Ce malaise constant et nauséeux m’a vraiment prise à la gorge. Du peu de nouvelles de Lovecraft que j’ai lues, c’est ma préférée.
      Et c’est drôle que tu sortes cet article maintenant, j’ai commencé Les Montagnes hallucinées hier soir!

      J’aime bien les nouvelles et le fantastique, mais je suis loin de maîtriser ces deux domaines. Le flou que laisse systématiquement Lovecraft autour de ses monstres, Anciens et autres ne me pose pas de problème: déjà parce que c’est très courant dans les nouvelles fantastiques d’un certain âge, et ensuite parce que ça ne me gène pas de combler les trous. Mais je peux comprendre que ce n’est pas le cas de tout le monde 😉

      Et il me semble clair que ce cher Howard est plus agréable à lire qu’il ne l’était à fréquenter 😛

      1. La Couleur tombée du ciel est sans doute aussi celle que j’ai préférée dans le recueil, j’aimais bien la description de la progression de la maladie. Mais les autres défauts m’embêtaient quand même.

        Bonne lecture en tout cas 🙂

    4. J’aime beaucoup les textes de Lovecraft pour leur atmosphère très particulière, (La Couleur est l’un de mes préférés), en revanche le bonhomme n’est en effet pas des plus sympathiques.

    5. Promis dès que j’ai lu je te fais un compte rendu 😉
      En revenant sur les adjectifs et superlatifs avec les descriptions pompeuses et vagues ne sont pas plus digestes en anglais :/ Bien que à choisir question épouvante je reste adepte de Poe (dont il s’est inspiré ah ah ah). « Double assassinat à la rue morgue » est une nouvelle vraiment chouette !

    6. Retour de ping : Tous mes articles – L'Astre et la Plume

    7. Retour de ping : Bilan de mes lectures pour le Printemps de l’Imaginaire Francophone 2019 – L'Astre et la Plume

    8. Retour de ping : Bilan 2019 : Tous les livres que j’ai lus – L'Astre et la Plume

    Laisser un commentaire

    Ce site utilise Akismet pour réduire les indésirables. En savoir plus sur comment les données de vos commentaires sont utilisées.