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Lu récemment : « Les oiseaux se cachent pour mourir », saga familiale aux antipodes

    (Poke à Petite Plume qui chroniquait récemment un autre roman de la même autrice)

    Les oiseaux se cachent pour mourir est un roman de l’écrivaine australienne Colleen McCullough, paru en 1977. C’est même un best-seller : le livre australien le plus vendu au monde, d’après Wikipédia (je découvre même, en faisant cette chronique, qu’il a été adapté en mini-série dans les années 1980). L’histoire de la famille Cleary commence en Nouvelle-Zélande en 1916, et se poursuit en Australie à partir des années 1920.

    Attention, cette chronique comportera quelques spoilers.

    De quoi ça parle

    Voici la 4ème de couverture :

    Ecrasé par le soleil brûlant d’Australie, le domaine de Drogheda déploie ses milliers d’hectares à perte de vue. Sur ces terres, les Cleary vont pouvoir entamer une nouvelle vie, loin de la misère qu’ils ont connue dans leur Nouvelle-Zélande natale. Pour Meggie, neuf ans, la seule fille de cette famille de huit enfants, ce nouveau départ se présente sous les traits du père Ralph de Bricassart. Séduisant, doux, généreux, le jeune homme la marque à jamais, lui inspirant des sentiments qui ne cessent de grandir au fil des ans…

    Impression générale

    Quand j’ai lu les premières pages de ce livre, j’ai très vite accroché j’ai pensé qu’il allait être mon grand coup de cœur du début d’année. Malheureusement mon enthousiasme s’est un peu érodé dans la deuxième moitié du roman, qui est d’ailleurs très long (près de 900 pages). J’aurais autant aimé que l’autrice s’arrête à la moitié, car l’histoire s’étend sur une période de 50 ans : de ce fait, beaucoup des personnages auxquels on s’était attachés au début disparaissent et sont remplacés par d’autres que personnellement, j’ai trouvé moins attachants. De plus, autant j’ai vraiment apprécié la dimension historiquede la période précédant la 2ème Guerre Mondiale, autant la partie se déroulant dans les années 1950-60 (et qui plus est, souvent en Europe) m’a paru beaucoup moins exotique et enthousiasmante.

    Ce que j’ai le plus aimé

    Le style d’écriture m’a beaucoup plu, il retranscrit une ambiance intéressante et permet de rentrer rapidement dans l’histoire.

    Voici, pour vous donner une idée, les premières lignes du roman :

    Le 8 décembre 1915, Meggie Cleary entra dans sa cinquième année. Après que la vaisselle du petit-déjeuner eut été rangée, sans un mot mais avec une certaine brusquerie, sa mère lui mit dans les bras un paquet enveloppé de papier marron et lui ordonna de sortir. Aussi Meggie alla-t-elle s’accroupir derrière le buisson de cytise qui flanquait le portail ; là, elle s’acharna à ouvrir le paquet. Ses doigts étaient malhabiles, le papier épais ; il s’en dégageait une odeur lui rappelant vaguement le bazar de Wahine, ce qui indiquait que, quel que fût son contenu, celui-ci avait été miraculeusement acheté, pas fait à la maison ou donné par quelqu’un.

    Quelque chose de fin, de doré presque, commença d’apparaître dans un angle ; elle s’attaqua  au papier avec plus de précipitation, l’arracha en longs lambeaux.

    – Agnès ! Oh, Agnès ! murmura-t-elle avec amour, battant des paupières devant la poupée étendue dans son nid de papier déchiqueté.

    Je trouve ce début intéressant pour plusieurs raisons :
    • Il pose bien le cadre : on a une idée de l’époque, le nom de « Wahine » évoque un lieu exotique. On découvre aussi le personnage de la mère, attachée à ses enfants mais usée par une vie difficile de pauvreté et de tâches domestiques et incapable d’exprimer ses émotions
    • L’enchaînement rapides de phrases et l’absence de mots de liaison, remplacés par la ponctuation, montrent la précipitation de Meggie à ouvrir son cadeau
    • J’ai bien aimé le fait que ce roman débute dès l’enfance de Meggie, ça permet de mieux nous attacher au personnage en suivant tout son parcours et son évolution. Le début du roman est aussi une assez longue partie où la romance n’est pas encore présente et risque moins de lasser le lecteur à la longue
    • Enfin, je me rends compte en relisant cette scène qu’elle préfigure un peu la suite du roman : Meggie découvre une poupée magnifique qu’elle aime instantanément plus que tout, mais très vite cette chose trop belle pour elle, déplacée dans son environnement de petite fille pauvre, lui sera arrachée. Le parallèle avec l’histoire de Meggie et du Père Ralph est intéressant

    J’ai aussi aimé le côté très dépaysant de toute cette première partie, avec les aventures de la petite Meggie dans la Nouvelle-Zélande du tout début du XXème siècle, puis en Australie. On découvre une culture tout à fait nouvelle, un monde très agricole dans un climat terrible, sujet aussi bien aux canicules qu’au gel, aux pluies torrentielles qu’à la sécheresse. J’ai beaucoup appréciéaussi le sentiment d’espace immense qui se détache des descriptions de Drogheda, le domaine australien qui fait je crois cent mille hectares … Ainsi que toutes les descriptions des jardins, des fleurs foisonnantes, des grands enclos à moutons qu’il faut plusieurs jours pour parcourir.

    Les personnages m’ont aussi bien séduite, notamment ceux de Meggy et de ses parents, Paddy et Fee. On devine assez rapidement que Fee cache un secret dans son passé : elle est d’une famille quasi-aristocratique tandis que Paddy n’est qu’un paysan fraîchement débarqué d’Irlande. Leur relation est complexe, pourtant on y sent une tendresse et un grand respect mutuel, aucune agressivité entre eux.

    J’ai également trouvé la romance entre Meggy et Ralph bien amenée. Le thème est doublement délicat puisque non seulement Ralph est un prêtre catholique, à qui toute relation est interdite, mais en plus lors de leur rencontre Ralph est déjà un adulte tandis que Meggy n’est qu’une enfant de neuf ans ! Même si ça peut paraître gênant, j’ai trouvé que l’évolution de leurs sentiments était présentée de façon assez progressive pour n’être pas choquante.

    Ce que j’ai moins aimé

    Ce sont ici des avis très personnels sur des choses qui ne dérangeront pas forcément d’autres lecteurs.
    • L’évolution du personnage de Meggie : je l’ai trouvée triste. Au final, la petite fille pleine de vie que tout le monde adorait est devenue une femme solitaire, vaincue, coupée de ses émotions … Comme sa propre mère. En miroir, le monde grandiose qu’était Drogheda va s’éteindre avec elle, presque dans l’indifférence générale alors qu’on s’y était attaché tout au long du roman. J’aurais préféré une fin un peu plus joyeuse
    • Les enfants de Meggie, Justine et Dane. Ce n’est pas qu’ils sont mal construits mais je n’ai tout simplement pas accroché à ces personnages, leur personnalité était trop tranchée pour moi et difficile à suivre, je n’ai pas vraiment réussi à m’identifier à eux et à les apprécier

    Il y a un type d’histoires que j’aime beaucoup : celles, comme Autant en Emporte le Vent, où on assiste à la destruction d’un monde, puis à la reconstruction d’un environnement plein de promesses (j’avais notamment beaucoup aimé pour ça la suite non officielle, Le Clan Rhett Butler de Donald McCaig). Ici, j’ai eu le sentiment qu’on n’avait que la partie « lente destruction » de l’histoire, et je suis restée sur ma faim.

    Note finale

    Je mettrais 3,5 : ce roman était une belle découverte, mais finalement pas un coup de cœur.
    Grille d'évaluation : 3,5/5

    Je vous encourage quand même à lire ce livre qui est très bien écrit et qui permet de découvrir une culture et un mode de vie très différents.

    0 commentaire pour “Lu récemment : « Les oiseaux se cachent pour mourir », saga familiale aux antipodes”

    1. Je n’ai jamais lu ce roman, mais je connais la série qui est sortie il y a longtemps. J’en ai de vagues souvenirs. Je me souviens de nombreux moments de larmes. Je ne sais pas si elle est fidèle au roman, mais je te la conseille en tout cas !

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