Créer un antagoniste charismatique que les lecteurs adoreront détester, c’est le Graal après lequel courent la plupart des auteurs. Les exemples de Dark Vador, dans Star Wars, ou de Loki chez Marvel montrent bien comment un personnage de méchant bien géré peut faire chavirer le cœur des fans, voire devenir plus populaire que le héros. Alors, comment s’y prendre pour créer un antagoniste inoubliable ? Voici quelques conseils.
Quand on pense au méchant de son histoire, on a tendance à imaginer automatiquement l’antagoniste classique à la James Bond : un personnage machiavélique qui prépare sa conquête du monde en tirant les ficelles avec un rire grinçant.
Mais ce n’est pas la seule option possible. Pour trouver l’antagoniste qui sera le plus adapté à votre histoire, prenez le temps d’étudier les différentes options disponibles.
Type d’antagoniste #1 : un autre personnage
Cette première catégorie est la plus courante. L’antagoniste est un personnage, comme un rival ou un concurrent, ou bien un groupe de personnages avec un représentant éminent (un pays ennemi, par exemple).
Vous pouvez ici explorer plusieurs pistes :
- Le Seigneur des Ténèbres
Exemples : Dark Vador, Sauron dans Le Seigneur des Anneaux, Voldemort dans Harry Potter, le seigneur du feu Ozai dans Avatar : le Dernier Maître de l’air – ou encore la Sorcière de Fer dans mon roman, Le Page de l’Aurore.
Ce méchant-là incarne le mal absolu contre lequel le héros doit lutter. Il est généralement doté d’une puissance qui semble invincible et ne manifeste que peu d’empathie pour les souffrances des autres.
La noirceur de cet antagoniste permet de faire ressortir les qualités du héros, par contraste, et de les opposer dans une lutte qui symbolise celle du Bien contre le Mal.
Le piège à éviter : en faire un personnage caricatural et purement maléfique, sans motivations claires pour expliquer sa soif de pouvoir ou de vengeance.
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- Le personnage qui a mal tourné
Exemples : Grima dans Le Seigneur des Anneaux, Draco Malfoy dans Harry Potter, Zuko dans Avatar : le Dernier Maître de l’air, ou Wickham dans Orgueil et Préjugés.
Contrairement au Seigneur des Ténèbres, cet antagoniste est à taille humaine. Malgré ses défauts ou sa cruauté, il reste à l’échelle du héros dont il complique la vie au quotidien.
C’est généralement un personnage assez complexe, au passé tourmenté par le spectre de la culpabilité ou de l’injustice.
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Type d’antagoniste #2 : une société corrompue
Qu’il s’agisse d’une entreprise puissante ou bien de la société dans son ensemble, l’obstacle auquel se heurte le protagoniste peut être incarné par l’ensemble de son environnement.
Exemples : le Ministère de la Magie dans Harry Potter (tome 7), le Capitole dans Hunger Games, de Suzanne Collins, ou la haute société new-yorkaise dans Le Temps de l’Innocence, d’Edith Wharton.
La pression exercée par cette société peut se traduire à travers de nombreux aspects, comme :
- Un gouvernement corrompu, cruel ou discriminatoire
- Des règles de morale strictes
- Une religion toute-puissante et intransigeante
- Des inégalités nées d’une crise économique
- Une entreprise monopolistique et contrôlante
- etc.
Par nature, cette société est une entité abstraite, qui ne peut manifester aucune empathie envers ceux qu’elle opprime et qu’elle contrôle.
Ce type d’antagoniste peut s’associer avec le précédent, en incarnant l’organisation malfaisante par un de ses membres zêlés ou par son dirigeant – qui pourra s’assimiler à un Seigneur des Ténèbres.
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Type #3 : la nature
Toutes les personnes ayant vécu en 2020 sont bien placées pour savoir comment un organisme microscopique peut créer des conflits magistraux 😉
Ce type d’antagoniste correspond à un élément naturel, animal, météorologique, géologique, bactériologique, radioactif ou ce que vous voulez, qui menace la survie physique des personnages.
Exemples : le vent dans La Horde du Contrevent d’Alain Damasio, la planète Mars dans Seul sur Mars d’Andy Weir, l’île déserte de Robinson Crusoë, le froid dans le film Le Jour d’Après de Roland Emmerich ou dans le jeu vidéo Frostpunk.
À titre personnel, j’utilise ce type d’antagoniste dans mon roman Météorites, qui dépeint un monde régulièrement ravagé par des astéroïdes.
Les histoires qui mettent en scène la nature comme obstacle principal peuvent se focaliser uniquement sur la survie du héros contre toute probabilité, ou bien associer la difficulté des conditions à d’autres enjeux, personnels ou politiques par exemple.
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Type d’antagoniste #4 : la technologie
Choisir la technologie en tant qu’antagoniste permet de mettre en scène deux types principaux de conflits :
- Soit des robots aux capacités surdéveloppées qui asservissent l’humanité (éventuellement pour le bien de la planète)
Exemples : les Cybermen dans la série Doctor Who, les machines qui construisent la Matrice dans les films Matrix des sœurs Wachowski, Ultron chez Marvel
- Soit la façon dont le progrès technologique peut détruire ou mettre en danger certaines valeurs ou certains modes de vie
Exemples : l’intégrale de la série Black Mirror sur, au choix, la nocivité des réseaux sociaux, de la télé-réalité, des notations constantes, de l’enregistrement de toutes nos activités…
On retrouve aussi ce thème à travers la figure de Saroumane dans Le Seigneur des Anneaux, qui détruit la forêt de Fangorn pour alimenter les feux gigantesques de ses fabriques d’Uruk-Hai.
Ce type d’antagoniste partage avec le Seigneur des Ténèbres ses traits de surpuissance, et avec la société corrompue sa dimension désincarnée.
Type #5 : le destin
Apparenté au hasard, le destin en tant qu’antagoniste est moins fréquent aujourd’hui en fiction. Mais il a fait le succès d’un grand nombre de tragédies classiques !
L’idée est que le héros soit l’objet d’une prophétie qui lui prédise un destin dramatique, et que tout ce qu’il tente de faire pour y échapper ne fasse que précipiter les événements annoncés.
Exemple : Œdipe.
Cette utilisation du destin est moins bien acceptée par les lecteurs aujourd’hui, car il peut être frustrant de suivre une histoire qui « ne sert à rien » et dont on connaît par avance la fin tragique. Ou bien de suivre un personnage qui fait des choix et prend des risques pour échapper à son destin, mais sans jamais en être récompensé, juste par ce que les dieux (ou l’auteur ^^) en ont décidé ainsi.
Néanmoins, on peut rapprocher du destin un autre type d’antagoniste qui sera plus satisfaisant en terme de dramaturgie : les démons intérieurs du protagoniste.
Type d’antagoniste #6 : le protagoniste lui-même
Dernier type d’antagoniste, et non des moindres.
Dans ce dernier cas, c’est le protagoniste qui se met tout seul des bâtons dans les roues. Ses malheurs arrivent à cause de ses erreurs et de ses faiblesses de caractère, de son incapacité à se remettre en question (du moins au début de l’histoire) et à changer de comportement.
Des défauts comme l’égoïsme ou la jalousie peuvent ainsi le conduire à mal se comporter avec les autres et à empoisonner toutes ses relations. Si le personnage prend conscience de ses fautes, il pourra en triompher. En revanche, s’il y reste aveugle, cela le conduira inexorablement à une chute tragique – comme s’il était victime de son destin.
Exemples : Ebenezer Scrooge, dans Un chant de Noël de Charles Dicken, Othello dans la pièce éponyme de Shakespeare.
Cette liste n’est pas exhaustive, mais j’espère qu’elle vous aidera à forger des antagonistes intéressants, adaptés à votre récit et à votre personnage principal.
Vous pouvez aussi, bien sûr, multiplier les sources de conflit pour votre héros, afin d’approfondir votre histoire et d’y apporter plus de complexité.
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Merci pour cet article, j’ai trouvé ça vraiment très intéressant, je n’aurais pas forcément pensé à tous ces types de « méchants », et pourtant en lisant j’ai eu un exemple d’œuvre que je connaissais. Ca donne plein d’idées !
Bonjour Constance et merci pour ce commentaire ! Je suis ravie que ces suggestions soient utiles 🙂