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Les descriptions dans un roman : pourquoi tant de haine ?

    Les descriptions dans les romans sont de plus en plus mal-aimées, aussi bien par les lecteurs qui les survolent que par les auteurs qui s’en méfient. Pourquoi tant de haine ? Les descriptions littéraires ont pourtant une utilité qui me semble sous-estimée. Elles sont essentielles pour définir l’atmosphère d’un récit et peuvent aussi servir l’action. Alors, comment réussir une description de lieu, de personnage ou d’objet et éviter d’ennuyer son lecteur ?

    Voyons ensemble quelques pistes.

    comment réussir une description ?

    Pourquoi les descriptions sont-elles mal aimées des lecteurs ?

    Quand on pense « description », on fait souvent le lien avec « pavé interminable d’un auteur du XIXe siècle payé à la ligne ».

    Moi-même, je dois reconnaître que je garde un souvenir un peu écœuré des innombrables descriptions de boustifaille et de chaque mètre carré de la moindre boutique des Halles dans Le Ventre de Paris d’Émile Zola.

    Ces descriptions, même si elles sont écrites dans un style précis et vivant, ne correspondent plus aujourd’hui aux goûts des lecteurs. À l’heure où notre attention est accaparée par d’innombrables pubs, séries, contenus, blockbusters etc., les lecteurs sont devenus plus impatients et peuvent avoir tendance à sauter les passages descriptifs. 

    Pourquoi ? Parce qu’ils se doutent qu’ils ne rateront pas d’information importante. En effet, les descriptions ne servent souvent qu’à poser un cadre, à présenter le décor au lecteur. Elles ne comportent pas d’action, ne font pas avancer le conflit principal et ne donnent pas non plus d’information sur le cheminement intérieur du personnage.

    Bref, si on n’a pas la fibre poétique, on s’ennuie.

    Mais est-ce irrémédiable ? 

    Je pense plutôt que les auteurs n’exploitent pas toujours le vrai potentiel de leurs descriptions.


    Deux écueils à éviter dans les descriptions

    Parmi les auteurs, plusieurs écoles s’affrontent.

    Ne rien décrire

    Certains, traumatisés par Balzac, limitent au maximum leurs descriptions. Ils se focalisent sur l’action et sur les dialogues, mais avec cette approche, ils risquent de laisser le lecteur un peu sur sa faim. 

    En effet, sans décor, l’action paraît nue et quelque peu désincarnée.

    De plus, le lecteur peut avoir du mal à se représenter ce qu’il se passe, à comprendre les événements. Et un lecteur qui ne comprend pas ce qu’il est en train de lire peut bien vite reposer son livre. Les descriptions vont aider le lecteur à s’immerger dans l’histoire et dans l’imagination de l’auteur.

    Enfin, si l’auteur évite de décrire son cadre précisément, il risque d’en avoir lui-même une image assez floue et de créer des petites incohérences.

    Prenons un exemple (en détournant une scène que j’ai justement écrite l’autre jour pour le tome 2 de Météorites) : Violette entre dans une maison abandonnée aux volets barricadés. Elle referme la porte, se dirige vers un bureau, fouille les tiroirs, en sort des liasses de papiers et se met à les examiner.

    Sauf que si la porte et les volets sont fermés, elle n’y voit rien, Violette. Comment peut-elle lire ces papiers ? L’auteur n’ayant pas décrit l’obscurité qui règne dans la pièce, il ne pense pas à ce détail. Alors que s’il avait un peu creusé la description de la scène, il aurait pensé à faire en sorte que Violette laisse la porte ouverte ou allume une lampe.

    Une incohérence mineure comme celle-ci n’est pas grave, mais elle peut interpeller le lecteur qui la remarque et le faire sortir de sa lecture.

    Tout décrire

    D’autres auteurs, au contraire, tiennent beaucoup à ce que le lecteur partage très précisément LEUR vision de la scène et en décrivent les moindres détails. 

    Personnellement, j’ai plutôt tendance à faire partie de cette équipe et c’est mon éditrice qui m’a alertée sur cette tendance. J’ai notamment un lourd passif sur les descriptions vestimentaires, mais j’essaie de me soigner.
    Car non, le lecteur n’a pas besoin de connaître le moindre détail de cette robe d’après-midi à crinoline composée de quatre volants superposés en organza ivoire, sur lesquels ondulent des guirlandes à motifs de fruits et de feuilles dans les tons mordorés, avec un corsage fermé à la découpe arrondie dans le dos et des manchettes en coton brodé. 

    Enfin, je ne sais pas, mais il paraît que ça ne passionne pas tout le monde ^^

    Non seulement cette surabondance de détails insignifiants rend la description pesante, mais elle risque aussi de frustrer certains lecteurs qui préfèrent garder de la place pour leur imagination et se faire eux-mêmes une idée du lieu ou du personnage.


    Comment réussir une description ?

    L’essentiel à retenir de ces deux extrêmes, c’est que les descriptions peuvent et même doivent être utiles.

    L’astuce est de se focaliser sur les éléments essentiels et les plus représentatifs de la description, pour les mettre en avant sans les noyer sous des détails.

    Ces éléments sont ceux qui contribuent à enrichir une ou plusieurs dimensions du récit, telles que :

    • L’atmosphère. Les descriptions peuvent renforcer les émotions ressenties par le personnage et par le lecteur en les reflétant dans le décor (par exemple, une scène de suspense dans une maison abandonnée et grinçante) ou en jouant sur les contrastes (une scène de rupture à la plage en plein soleil)
    • L’intrigue. Les accessoires clés qui sont utilisés par les personnages au cours de la scène doivent d’abord être mentionnés dans une description, sous peine d’avoir l’air de sortir de nulle part de façon gratuite (par exemple, si un personnage sort tout à coup un revolver du tiroir de son bureau pour tirer sur son interlocuteur, c’est bien d’avoir d’abord précisé qu’il y avait un bureau, un tiroir et un revolver dedans)
    • Les personnages. La façon dont vous allez conduire la description peut être révélatrice, aussi bien pour le personnage qui observe (par exemple, un personnage qui ne supporte plus son célibat fera une fixette sur tous les couples heureux qu’il croise) que pour celui qui est observé (vous ne décrirez pas la chambre d’un ado paresseux en évoquant les mêmes détails que celle d’un enfant qui dort sous l’escalier)

    J’espère que ces petites astuces vous aident à y voir plus clair dans vos descriptions !

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    2 commentaires sur “Les descriptions dans un roman : pourquoi tant de haine ?”

    1. Merci pour cet article très intéressant, qui résume bien la question ! j’ai remarqué aussi que parfois un dialogue peut remplacer une description et la rendre plus « vivante ».

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