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Ecrire un synopsis de roman : 7 erreurs à éviter

    Qu’est-ce qu’un synopsis de roman et comment l’écrire ?

    Au cours des dernières semaines, j’ai eu le plaisir d’accompagner plusieurs personnes dans l’écriture de leur roman. Pour commencer, je leur ai demandé de me transmettre leur synopsis… Ce qui les a souvent embarrassées, car la plupart d’entre elles n’utilisaient pas cet outil ou ne savaient pas comment s’y prendre pour le rédiger. Il faut dire que j’avais une idée très précise de ce que j’attendais comme format de synopsis.

    Pourquoi cette exigence de ma part ? Qu’est-ce que je recherche dans un synopsis de roman ?Commençons par voir tout ce qu’un synopsis n’est pas pour étudier son rôle, sa structure et ses liens avec la narration.

    Ecrire un synopsis de roman : 7 erreurs à éviter

    Ma définition du synopsis de roman

    Scénario, pitch, synopsis de travail, synopsis de soumission… Les synonymes se mélangent.

    Si on revient à l’étymologie (merci Wikipédia), le mot synopsis vient du grec ancien συνοπτικος / synopticos signifiant « vue d’ensemble ».

    Pour moi, le synopsis est tout simplement un résumé complet du roman. Il est en quelques sortes un miroir rétrécissant du récit, fidèle, mais synthétique.

    C’est un outil de travail qui sert à donner une idée claire de la construction dramatique du roman, c’est-à-dire du déroulé de l’action. Il est rédigé avant de se lancer dans la rédaction (ou après avoir écrit le premier jet, pour les plus jardiniers d’entre nous) et vise à assurer la logique et la cohérence de l’ensemble. Vérifier que les événements s’enchaînent de façon claire, identifier les actes principaux et les points de rupture qui les séparent, semer les indices de façon subtile…

    Pour que ce soit plus clair, étudions quelques contre-exemples.


    1. Un synopsis de roman n’est pas un pitch

    Un pitch, c’est un outil marketing. Le pitch est une accroche courte, une présentation en quelques phrases du sujet du roman et de ses enjeux principaux. Par exemple : « Un orphelin de 11 ans découvre qu’il est un sorcier et qu’il va aller étudier dans une école de magie, mais il doit se méfier du terrible mage noir qui a tué ses parents. »

    Contrairement au synopsis, le pitch ne dévoile pas tous les éléments de l’intrigue.

    Le synopsis, lui, doit tout détailler, du début à la fin. Ce n’est pas du tout un outil commercial.

    2. Le synopsis n’est pas une quatrième de couverture mystérieuse

    La quatrième de couverture, en somme, c’est un pitch un peu allongé qui ouvre des pistes pour intriguer le lecteur.

    Prenons l’exemple de L’Apprenti Assassin, tome 1 de la merveilleuse série l’Assassin Royal, de Robin Hobb, dans l’édition de J’ai Lu : 

    « Au château de Castelcerf le roi Subtil Loinvoyant règne sur les Six Duchés ; il est aidé dans sa lourde tâche par son fils Chevalerie qui, comme son père et tous les nobles du royaume, porte le nom de la qualité que ses parents espéraient le voir développer. Ainsi le frère du Roi-servant s’appelle-t-il Vérité et leur demi-frère, né d’un second lit, Royal. Suite à une aventure restée inconnue de tous, Chevalerie donne à la lignée un nouveau descendant : un bâtard, dont la simple existence va bouleverser le fragile équilibre qu’avait établi le roi pour contrôler ses turbulents fils. Ce héros malgré lui, nommé Fitz, voit son avenir s’assombrir au fil du temps. Alors que les autres enfants ont déjà leur place à la cour et dans ses intrigues, lui devra la mériter et servir la couronne en devenant ce que personne ne voulait être : l’Assassin royal. Au service de son roi, il apprendra les poisons, le meurtre et la trahison… »

    Ce texte reste volontairement dans le flou. Par exemple « Fitz voit son avenir s’assombrir au fil du temps ». De quelle façon ? Que lui arrive-t-il ? Le lecteur ne peut que le deviner (ou bien ouvrir le livre pour le découvrir).

    Au contraire, le synopsis doit être parfaitement explicite. C’est un outil de travail pour l’auteur (et éventuellement pour l’éditeur à qui il sera adressé), il n’y a donc aucune raison de se faire des mystères. 

    Au lieu d’évoquer des conflits de façon vague, le synopsis a vocation à en détailler chaque étape pour en montrer la progression, sans passer sous silence certaines parties de l’histoire. C’est ce qui permet de visualiser chaque arc narratif de l’histoire, chaque succession d’échecs et de victoires, pour vérifier que l’ensemble est bien dosé et conduit de façon logique à la résolution de l’intrigue.

    3. Le synopsis n’est pas un plan détaillé

    Ici, la distinction est plus subtile – on pourrait presque dire que je commence à pinailler.

    Le synopsis est un texte rédigé qui intervient en amont de la préparation du plan. Il n’indique pas explicitement où commencent et s’arrêtent les parties, les chapitres et les scènes du roman. 

    C’est au niveau du plan que vous allez pouvoir définir le chapitrage de votre roman et préciser davantage le contenu de chaque scène (si c’est votre façon de fonctionner).

    J’ai personnellement l’habitude de construire mon plan en utilisant Excel. J’y précise les personnages présents dans chaque scène, les lieux et surtout le conflit principal qui s’y joue.

    Vous pouvez également réfléchir à ce stade à la meilleure façon d’ouvrir et de conclure votre scène, ou encore définir le titre des chapitres. Mais le synopsis, lui, décrira simplement le flux général de l’action.


    4. Le synopsis de roman n’est pas une description encyclopédique de l’univers

    Plusieurs des synopsis qu’on m’a transmis commençaient par quelques paragraphes de présentation de l’univers, ou bien de sa chronologie.

    Mais c’est de la triche 😉

    Le synopsis doit suivre exactement la structure du roman. Donc, il commence avec la première scène du récit, pas avant.

    Pourquoi cette contrainte ?

    L’objectif est de vous obliger à réfléchir à la façon dont vous allez intégrer ces informations dans l’histoire de façon naturelle. Vous éviterez ainsi de vous laisser avoir par l’écueil de « l’info-dump », c’est-à-dire le fait d’interrompre maladroitement l’intrigue pour donner au lecteur un cours d’histoire-géographie et l’assommer d’informations. 

    Vous avez un système de magie régi par des règles complexes ? Intégrez une scène où votre protagoniste apprend à les maîtriser.

    Des événements mystérieux ont eu lieu quelques siècles avant l’histoire ? Montrez comment les personnages en retracent l’histoire, indice après indice.

    Le pays où se déroule l’intrigue est déchiré par une guerre ancestrale avec les nations voisines ? Plongez vos lecteurs dans une scène de bataille, ou faites en sorte que votre héros lise leur déroulé dans les journaux.

    5. Un synopsis n’est pas exhaustif

    Plus un roman est long, plus le synopsis doit l’être également, ça paraît logique. Il n’y a pas de limite officielle au nombre de mots ou de pages que doit comprendre un synopsis.

    Néanmoins, gardez à l’esprit qu’un synopsis est un résumé de l’histoire et qu’il doit vous aider à prendre du recul sur celle-ci. S’il fait quinze pages, ça risque d’être plus difficile que s’il en fait trois. Et vous aurez également sans doute plus de mal à discerner les grands axes qui se dégagent du récit.

    Le synopsis n’a donc pas vocation à reprendre chaque détail de la moindre scène, seulement ceux qui sont importants pour l’intrigue.

    Imaginons que vous décriviez un personnage occupé à fouiller une pièce à la recherche d’un indice. Une description telle que celle-ci serait trop longue :

    « Gaston commence par ouvrir un placard, où il ne trouve rien d’autre qu’un pot de café. Puis il étudie le lit et le bureau, sans rien trouver. Enfin, alors qu’il entend des pas dans le couloir, il se rend compte qu’un mécanisme est caché dans le linteau dans la cheminée. Il se cache sous le lit juste au moment où la porte s’ouvre. »

    Vous pourriez préférer :

    « Gaston fouille la pièce et découvre un mécanisme dans la cheminée. Il se cache alors que quelqu’un entre. »

    Mais si votre pot de café a une importance ultérieure (par exemple, disons que la clé du mécanisme y est rangée), il sera alors utile de le mentionner.

    « Gaston fouille la pièce sans rien trouver d’autre qu’un pot de café, puis découvre un mécanisme dans la cheminée. Il se cache alors que quelqu’un entre. L’homme prend le pot de café, puis repart. »


    6. Le synopsis n’en dit pas plus que ce que sait le narrateur

    Le synopsis est aussi un outil utile pour orienter la narration du roman.

    Comme il reprend chaque scène en suivant la façon dont elle est racontée, il ne peut pas fournir des informations dont le narrateur ne dispose pas (sauf si le narrateur est omniscient et sait tout, de toute façon).

    Prenons un nouvel exemple : »Bertha part se coucher en fermant la porte de sa chambre à clé, bien déterminée à ne pas laisser son fou dangereux de voisin la surprendre. Mais elle est loin de se douter que le voisin en question est caché dans son armoire et attend son heure en ricanant. »

    Si vous écrivez ce récit avec une narration focalisée sur Bertha, elle ne le sait pas, donc il ne faut pas le dire.

    Le résultat donnerait plutôt :

    « Bertha part se coucher en fermant la porte de sa chambre à clé, bien déterminée à ne pas laisser son fou dangereux de voisin la surprendre. Mais au milieu de son sommeil, elle entend la porte de l’armoire grincer et découvre avec horreur que son voisin s’y cachait. »

    7. Un synopsis n’est pas une remise dans l’ordre des événements du récit

    Si votre roman présente les événements dans un ordre qui est différent de l’ordre chronologique, votre synopsis doit également respecter ce principe.

    Par exemple, si vous commencez votre roman in medias res, avec une scène d’action suivie de flash-backs, ou bien si vous alternez les points de vue entre un personnage vivant à une époque et un autre vivant dans le passé ou le futur, ce déroulé doit se retrouver dans le synopsis.

    Sinon, comment pourrez-vous vérifier que l’ensemble est cohérent et compréhensible pour le lecteur ?

    C’est justement tout l’intérêt de cet outil : en construisant le résumé de votre structure, il vous est beaucoup plus facile de faire des ajustements en amont plutôt que de remanier votre texte une fois qu’il est entièrement rédigé.

    Vous pouvez, bien sûr, rédiger par ailleurs une chronologie plus claire des événements, dans l’ordre. Mais votre synopsis doit toujours respecter la narration que vous avez choisie


    Voilà comment je définis un synopsis de roman. Il ne s’agit bien sûr que de ma conception des choses et chaque auteur est libre de préparer son histoire comme il veut !

    D’ailleurs, je suis moi-même en pleine découverte de l’utilité du synopsis. Je ne l’avais pas employé pour mes premiers romans, mais j’ai eu l’occasion d’en voir l’intérêt pour préparer la rédaction des deux nouvelles que je prépare pour Noël. Et je compte bien en faire mon meilleur allié pour mes prochains récits.

    Cette méthode me paraît avantageuse, car elle permet à l’auteur de prendre du recul sur son récit et d’en maîtriser tous les aspects : la logique de la progression de l’intrigue, le rythme et la narration. Si vous avez soigneusement rédigé votre synopsis en suivant la narration du roman et qu’il n’est pas clair, ce n’est probablement pas la faute du synopsis, mais c’est le signe que vous devez revoir quelque chose.

    J’espère que ces conseils vous aideront dans vos propres histoires 🙂

    Est-ce que ça vous arrive de rédiger un synopsis avant d’écrire ? Est-ce que vous voyez d’autres choses à recommander ? Répondez-moi dans les commentaires !

    Crédits image : Milan Popovic on Unsplash

    4 commentaires sur “Ecrire un synopsis de roman : 7 erreurs à éviter”

    1. Très chouette article !

      Je nuancerais deux points, en ce qui me concerne.

      D’abord, le synopsis peut intégrer le plan, surtout le synospsis de travail (qui se différencie légèrement de celui destiné à l’éditeur). Personnellement, je détaille mes synopsis avec le découpage par chapitre, d’une part, et d’autre part pour Rocambole, on détaille aussi le synopsis par épisode puisque cela permet de réussir à créer le rythme qu’on cherche (avec assez de conflit à chaque épisode, etc.).

      Ça, c’est une question de choix, mais je pense qu’il ne faut pas exclure cette possibilité.

      Ensuite, le synopsis ne doit pas inclure d’éléments que le narrateur ne connaît pas : sans doute pour un synopsis destiné aux éditeurs, mais dans un synopsis de travail, encore une fois, je trouve dommage de se priver de ça. Surtout quand on construit un récit mystère ou une enquête, avec des éléments à implémenter dès le début. C’est toujours utile d’ajouter des précisions, des informations que justement le narrateur ne connaît pas mais dont on connaît l’importance.

      C’est l’exemple avec le pot de café, mais pas assez poussé : dans un synopsis de travail, j’ai plutôt intérêt à expliciter pourquoi le pot de café est essentiel, sinon, à l’écriture, si je ne m’en souviens pas, je peux décider de retirer ce détail parce que je trouve autre chose de mieux. Pour moi, un synopsis de travail doit inclure toutes les informations qui permettent de mener l’écriture au mieux avec ce seul document, autant que possible !

      1. Merci pour ton commentaire 🙂 Bien sûr, après chacun fait ce qu’il veut de son synopsis du moment que ça lui permet de travailler efficacement !
        Ce que je trouve intéressant avec le fait de se limiter aux informations que le narrateur connaît, c’est que ça oblige à réfléchir à la façon dont il va découvrir l’information, donc à penser qu’il faudra intégrer une scène là-dessus. Et on peut se noter les précisions dans un commentaire, ou dans un document à part, pour ne pas perdre le fil.
        C’est vrai que je n’ai pas distingué le synopsis de travail et celui de soumission, parce que je pense qu’ils se rejoignent sur beaucoup d’aspects.

    2. Retour de ping : Faire le plan d’un roman sur Excel - L'Astre et la Plume

    3. Bonjour
      Et merci pour ces précieux conseils.
      Personnellement je rédige un synopsis au 3/4 de l’écriture complète de l’ouvrage :
      Quand j’ai rédigé l’ensemble des chapitres mais que je sais qu’il y a encore des ajustements à faire. En général, c’est juste avant de laisser le manuscrit reposer quelques semaines sans y toucher, en sachant que je recommencerai par une relecture complète avec un oeil neuf et critique à l’issue de cette pause.
      C’est alors que j’en profite pour amender le synopsis (faire des ajouts, des suppressions de paragraphes, réagencer les chapitres, etc).
      Ca m’aide à clarifier mes idées et à me replonger dedans rapidement.
      Et quand l’ouvrage est complètement terminé, je n’ai que quelques petits ajustements à opérer pour que le synopsis est déjà prêt !
      Stéphane

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