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Lu récemment : Les Sœurs Carmines, T1, horreur à la sauce steampunk

    Le Complot des Corbeaux, tome 1 de la trilogie Les Sœurs Carmines d’Ariel Holzl, a été ma première lecture dans le cadre du Printemps de l’Imaginaire francophone 2020. J’avais découvert l’auteur et son roman lors d’une conférence sur le steampunk au salon Livre Paris de l’an dernier et je m’étais décidée à l’acheter en recroisant l’auteur au Salon Fantastique.

    J’avais entendu beaucoup de bons échos sur cette série, j’étais bien attirée par sa couverture et son résumé, j’avais bien hâte de la découvrir. Et ce bon a priori a été confirmé !

    Le Complot des Corbeaux, tome 1 des Sœurs Carmines, d'Ariel Holzl


    Les Sœurs Carmines : De quoi ça parle ?

    La ville de Grisaille compte 243 cimetières, des corbeaux, des gargouilles, une brume omniprésente et une population qui s’entre-tue allègrement. C’est dans cet univers aussi sordide que dangereux que les trois sœurs Carmines s’efforcent de survivre. Orphelines depuis la disparition de leur mère, elles tentent tant bien que mal de rembourser leurs nombreuses dettes. Pour cela, Merryvère la benjamine met à profit ses talents de monte-en-l’air pour se faufiler dans les maisons cossues et procéder à quelques cambriolages.

    Malheureusement, l’un de ces vols tourne mal : au lieu de dénicher un trésor, Merry se met à dos la moitié de la ville et s’efforce d’en réchapper avec l’aide récalcitrante de son insupportable sœur aînée, Tristabelle. Pendant ce temps, la cadette Dolorine s’ennuie toute seule dans leur grande maison. Pour s’occuper, elle bavarde avec sa peluche psychopathe et les fantômes qu’elle est seule à voir, dont certains ont des secrets à dévoiler…

    Les Sœurs Carmines : Impression générale

    J’ai passé un très bon moment avec cette lecture. C’est un roman dynamique où on ne s’ennuie pas un instant, où on navigue entre le rire et l’horreur et où les pages se tournent toutes seules.

    J’ai beaucoup apprécié l’originalité du décor de Grisaille, qui fourmille de détails savoureux, et sa cruauté décomplexée qui apporte beaucoup d’humour (noir).

    « Pas étonnant alors que le taux de suicide dans les jardins publics ait fini par pulvériser tous les records, à tel point que les employés royaux ne décrochaient même plus les pendus des arbres. Ils se contentaient de vêtir les cadavres de couleurs vives et d’y épingler des guirlandes de lampions pour leur donner un petit côté festif pendant les pique-niques ou les garden-parties. »

    Grisaille est dominée par des familles d’aristocrates tous plus effarants les uns que les autres, dont certains sont des créatures magiques et/ou dotés de pouvoirs particuliers. On y croise des vampires, des gorgones, des cochers sans tête, du gaz toxique répandu dans les rues pour éliminer les rats ou les clochards… Les jeunes filles de la noblesse prennent des cours de hurlements pour se défendre. Et même la mort n’apporte pas d’apaisement puisque des nécromants peuvent ranimer des cadavres pour en faire de la main-d’œuvre bon marché.

    La narration omnisciente m’a un peu surprise car j’en lis plus rarement, mais elle était très bien gérée, surtout en ce qui concerne l’intrigue parallèle de Dolorine (qui m’a beaucoup fait penser à la petite Victoire de La Passe-Miroir : une petite fille apparemment insignifiante qui voit des choses cachées aux autres. Monsieur Nyx, sa peluche, est particulièrement flippant.

    L’histoire fonctionnait bien et était plutôt claire. Il m’est arrivé d’avoir des doutes sur pourquoi les personnages étaient à tel endroit et ce qu’ils y cherchaient, mais soit des explications intervenaient assez vite pour récapituler la situation, soit les péripéties étaient assez prenantes pour que je continue à lire sans me prendre la tête.

    La seule chose que j’ai eu du mal à saisir, c’est le pouvoir de Dolorine de voir les fantômes et leur parler : je n’arrive pas à savoir si ses sœurs en sont vraiment conscientes (mais alors, pourquoi ne l’utilisent-elles pas davantage ?) ou si elles n’y voient que l’imagination débordante d’une fillette (ce qui serait un peu frustrant).

    On découvre une galerie de personnages qui, à une ou deux exceptions près, sont présentés de façon assez succincte. Le projecteur est bien sûr mis sur les trois sœurs qui sont nettement plus développées que les autres. J’ai un faible pour les histoires de sœurs et j’ai trouvé très intéressant que, pour une fois, l’harmonie et la solidarité ne règnent pas entre elles (surtout Merryvère et Tristabelle). Sans être des ennemies irréductibles, elles sont en désaccord sur presque tout et ne se fréquenteraient certainement pas si elles n’étaient pas de la même famille.

    Leur relation ressemble à celle d’Arya et Sansa Stark. La première, mince et agile, préfère l’aventure aux fanfreluches, tandis que l’autre raffole des bals élégants et fait chavirer le cœur de nombreux prétendants. En revanche, une différence originale entre elle est que Merryvère a bon cœur tandis que Tristabelle, en harmonie avec Grisaille, est indifférente aux souffrances des autres et ne dédaigne pas un bon petit bain de sang de vierge dans les salons de beauté vampires.

    En revanche, comme il s’agit d’un premier tome on a un petit peu la sensation qu’il ne s’agit que d’un épisode pour mettre en place le décor. L’héroïne elle-même se demande « tout ça pour ça ? » à la fin du tome.

    On sent assez peu d’évolution chez les trois sœurs qui restent fidèles à elles-mêmes tout au long de l’histoire : Merryvère ne se remet pas particulièrement en question, Tristabelle n’a pas eu de prise de conscience sur son comportement, Dolorine continue à être ignorée par les adultes.

    Enfin, pour l’anecdote, ça m’a fait plaisir de croiser mon prénom dans le livre (page 163), ça n’arrive pas souvent 😊


    Ce que j’ai préféré dans Les Sœurs Carmines

    • L’édition ! Le livre est un très bel objet qui mérite d’être acheté au format papier. Outre la couverture d’un beau rouge brillant (réalisée par Melchior Ascaride), les pages sont agrémentées de silhouettes des personnages et surtout des dessins de Dolorine dans les chapitres qui lui sont consacrés. J’ai trouvé ça très appréciable d’avoir entre les mains un livre qui exploitait tout ce potentiel
    • L’exposition était très bien menée : Grisaille est dominée par 8 grandes familles qu’on découvre progressivement. Chacune a son moment de gloire dans l’histoire, ce qui donne le temps de comprendre les particularités de chacune avant de passer à la suivante. On n’est donc pas étouffé par les informations et j’ai eu beaucoup de plaisir à découvrir successivement toutes les horreurs dont chaque maison est capable
    • Les noms (un sujet qui me tient à cœur !) sont bien trouvés et assortis à l’ambiance de Grisaille. La famille Sépulcre et celle des Tourmente, les Vermeils et les Forge-Rage, l’impasse Scolopendre, sans parler de Grisaille elle-même… J’aime beaucoup également les prénoms des trois sœurs 
    • La naïveté de Dolorine est exploitée de façon très intelligente. Du haut de ses huit ans, beaucoup de choses lui échappent, à commencer par une bonne partie du vocabulaire. Dans son journal intime, elle raconte avec ses yeux d’enfants des choses qu’elle ne comprend pas (et ne raconte pas à ses sœurs) mais que le lecteur peut facilement déchiffrer. C’est très amusant de pouvoir approfondir l’enquête de cette façon

    Ce que j’ai moins aimé

    • Quelques personnages disparaissent au fil de l’histoire et ne donnent plus de nouvelles, alors qu’on a pris la peine de les présenter (par exemple Thomas, du premier chapitre). Je suppose (j’espère, en tout cas) qu’on les reverra dans les prochains tomes et que l’ensemble des arcs narratifs trouvera une conclusion
    • La manie agaçante de Tristabelle de détacher les syllabes de tous les mots, qui s’accentue vers la fin du tome (« a-bo-mi-na-ble-ment », « dia-bo-lique », etc.) Je trouvais que ça manquait de naturel (je sais que c’est l’objectif, mais bon)

    Les Sœurs Carmines : Note finale :

    4/5

    Grille d'évaluation : 4/5

    Même si je reste un tantinet sur ma faim, j’ai beaucoup apprécié ce roman que j’ai dévoré en quelques jours et j’ai hâte de découvrir la suite de l’histoire !

    Si vous appréciez les univers steampunk, je vous recommande chaudement de découvrir Grisaille. Vous pouvez le découvrir chez les éditions Mnemos.

    Sur ce, je retourne à mes autres lectures et j’espère que vous passez un aussi bon PIF que moi 🙂

    2 commentaires sur “Lu récemment : Les Sœurs Carmines, T1, horreur à la sauce steampunk”

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