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Inspiration pour mon roman : la saga « Fortune de France »

    Quand j’ai commencé à vous parler du Page de l’Aurore, je vous avais dit que les premières idées pour ce roman m’étaient venues suite à la lecture (enfin, aux multiples lectures !) de la saga littéraire Fortune de France, de Robert Merle [et non, je ne parle pas du classement annuel de Challenges].

    Inspiration pour mon roman "Le Page de l'Aurore" : la saga de romans historiques "Fortune de France", de Robert Merle


    De quoi parle Fortune de France ?

    Il s’agit d’une série de romans historiques qui couvrent une très large période, de François Ier à Louis XIV, et plus exactement de l’année 1547 à 1661. La série est découpée en deux parties :

    • La première partie, qui comporte 6 tomes, raconte les aventures de Pierre de Siorac, un jeune noble du Périgord au XVIeme siècle. Pierre ayant un grand frère, qui est voué par tradition à recevoir l’essentiel de l’héritage paternel (titre, château, terres, fortune etc.), il décide de faire quelque chose d’utile de sa vie pour avoir une occupation et un revenu. Il se lance donc dans des études à Montpellier pour devenir médecin. Une fois diplômé, il part s’installer à Paris pour y exercer. Mais nous sommes en août 1572, à la veille de la Saint-Barthélémy, les tensions entre catholiques et huguenots sont à leur comble. Et Pierre de Siorac est huguenot … Mais modéré. Préférant le pragmatisme au fanatisme, il va s’efforcer de survivre et faire son chemin à la Cour : son don pour les langues va lui permettre de devenir ambassadeur secret pour Henri III puis Henri IV. À leur côté, il mettra tous ses talents en œuvre pour préserver la paix face aux dissensions, et l’unité de la France face aux ambitions de l’Espagne et de la Ligue catholique, menée par la redoutable famille de Guise.
    • Dans la seconde partie, en 7 tomes, le cher Pierre de Siorac a bien vécu et un peu vieilli : on suit désormais son fils bâtard (scandale !), Pierre-Emmanuel, contemporain de Louis XIII. Au XVIIeme siècle les guerres de religion sont relativement apaisées grâce à l’Edit de Nantes, mais la France est loin d’être stable. Louis XIII n’a que 10 ans quand son père, Henri IV, est assassiné par Ravaillac. C’est donc la reine Marie de Médicis qui s’occupe de la régence, mais c’est une incapable et une dépensière qui s’entoure de favoris sans scrupule : Leonora Galigaï, sa sœur de lait italienne un peu sorcière, et son époux l’orgueilleux Concino Concini (la seule bonne idée de Marie de Médicis aura été de repérer le talent d’un certain évêque de Luçon, plus tard connu sous le nom de Richelieu). Dans ces circonstances, le jeune Louis XIII devra se rebeller contre sa propre mère et contre toute la Cour qui le méprise pour faire respecter son autorité, mettre fin aux guerres civiles contre les princes rebelles (surtout avides de compensations financières en échange de leur obéissance), et restaurer les finances du royaume.

    J’espère que vous n’êtes pas trop perdus 🙂 Ce qui me fait rire, c’est qu’en voyant ce sujet dans ma liste d’articles à écrire je me suis d’abord dit : « zut, ça fait un moment que je n’ai pas lu Fortune de France, je vais avoir un peu de mal à me rappeler les détails » ^^.


    Passion romans historiques

    C’est ça ce que j’adore dans cette série : l’incroyable mine d’informations historiques, présentée sous une forme tellement vivante et passionnante qu’on retient toutes ces aventures sans effort ! Ces personnages historiques qui ont bel et bien existé sont décrits avec une fabuleuse richesse de détails, une voix propre, qui donnent vraiment l’impression de les avoir en face. Par exemple, les deux héros sont régulièrement amenés à faire leur rapport aux rois qu’ils servent, et au fil des ans adaptent leur style en fonction de la personnalité à qui ils ont affaire. Pour Henri III, italien par sa mère et plein de finesse, il faut un récit élégant et bien tourné. Henri IV, plus pragmatique, préfère des rapports brefs et clairs, sans enjolivement – à part éventuellement quelques histoires de femmes. Louis XIII va, quant à lui, adorer les batailles et les armes.

    Dans les premiers tomes on a beaucoup d’informations sur la vie quotidienne des Français dans les campagnes, les villes, et les différentes classes sociales. La suite est plutôt centrée sur la vie de cour et sur Paris, mais tout aussi bien documentée. En tout cas, ces romans font vraiment partie de ceux qui m’ont fait découvrir et adorer les romans historiques et qui me donnent envie d’en écrire un jour. Dans ce type de romans, l’Histoire dépasse la fiction avec des rebondissements si rocambolesques qu’on les croirait tirés par les cheveux s’ils étaient inventés.

    Ce qui m’a particulièrement intéressée et inspirée, c’est la relation qui unit les deux héros aux rois qu’ils servent : Henri III, Henri IV puis Louis XIII. Ces trois hauts personnages sont perçus à la fois avec le respect et l’admiration qui leur sont dus, et avec une certaine familiarité puisque les héros les côtoient de près.

    Par exemple, cette description d’Henri IV :

    « Si, parlant d’Henri Quatrième, je devais faire l’éloge de la figure de capitaine qu’il taillait à la guerre, je dirais qu’il était par-dessus tout laborieux et vigilant, ne donnait jamais d’ordre qu’il n’eut l’œil sur son exécution, se montrait ouvert à tous avis et conseils que lui pouvaient bailler ses maîtres de camp, et cependant, le moment venu, tranchait avec détermination, agissait avec promptitude, ne perdait pas cœur au milieu des revers, et dans les dents des pires prédicaments, affichait une inébranlable fiance en la victoire. […]

    Les Grands, accoutumés aux largesses parfois excessives de mon pauvre bien-aimé maître Henri Troisième, affectaient de trouver son successeur ingrat et chiche-face. Ha ! lecteur ! Que cela est faux et malivole ! Henri donnait moins de pécunes, en effet, à ses insatiables Grands (lesquels, tant plus il les obligeait, tant plus ils lui faisaient d’écornes), mais davantage à ses soldats invalides, leur servant pension jusqu’à leur mort pour les conforter d’avoir perdu, qui un bras, qui une gambe, à le servir, étant le roi le plus soucieux de son peuple qu’on vit jamais. J’en veux pour preuve cette très émerveillable remarque qu’il fit le soir de la bataille d’Ivry à un de ses officiers qui quérait de lui s’il était content d’avoir battu la Ligue. Henri, secouant la tête, répondit tristement :

    – Nenni, nenni. Je ne peux me réjouir de voir mes sujets étendus morts sur la place : je perds lors même que je gagne ! »

    [bailler = donner
    prédicament = danger
    fiance = confiance
    chiche-face = avare
    mailvole = malveillant
    pécunes = argent
    conforter = réconforter
    gambe = jambe
    émerveillable = remarquable
    quérait = demandait]

    Tome 6, La Pique du Jour

    Je trouve cette association assez fascinante : elle donne vraiment envie de s’asseoir avec eux et de participer à leurs conversations. C’est ce que j’ai essayé de recréer dans Le Page de l’Aurore, avec la relation entre Cœur et le Roi d’Or. Même si bien sûr, tous ont aussi leurs faiblesses : Henri III est trop délicat, Henri IV est trop coureur de jupons, Louis XIII est trop méfiant, etc.

    Les autres thèmes récurrents de l’œuvre sont aussi des sujets qui me parlent beaucoup : le pragmatisme et la tolérance plutôt que l’obscurantisme, la recherche du compromis et du bien commun plutôt que l’élévation personnelle. En bref, Pierre de Siorac et son fils sont des mecs bien 😉

    Enfin, le dernier autre aspect qui fait de cette série un bijou unique en son genre, c’est le style utilisé. L’auteur arrive à ressusciter les façons de parler de l’époque d’une façon très réaliste (appuyée sur les mémoires d’un personnage de l’époque, Pierre de L’Estoile, qui figure d’ailleurs dans le roman), assez naturelle à la lecture après un petit temps d’adaptation.

    D’ailleurs, le style évolue beaucoup au fil de la série : les premières scènes dans le Périgord sont pleine de patois occitan, puis on sent que le langage se modernise en arrivant au XVIIème siècle.


    J’espère que cette présentation vous aura donné envie de découvrir cette série – en tout cas, si vous appréciez les romans historiques, je vous la recommande sincèrement ! Le site Momox propose des exemplaires d’occasion : cliquez ici pour voir les offres (ce lien est un lien affilié, ce qui signifie que si vous achetez le livre, je toucherai une petite commission sur le prix de vente – sans que ça vous coûte un seul centime, je vous rassure).

    Et si vous connaissez déjà, vous me direz ce que vous en aurez reconnu dans Le Page de l’Aurore 😉

    Crédits image : Le Cardinal de Richelieu au siège de La Rochelle (1881), d’Henri-Paul Motte, parce que j’adore ce tableau et Richelieu est très stylé

    12 commentaires sur “Inspiration pour mon roman : la saga « Fortune de France »”

    1. Je ne lis pas assez de romans historiques. Je ne sais pas pourquoi, j’aime bien ça, mais je n’ai pas le réflexe de les chercher et je dois avoir moins d’occasions de tomber dessus accidentellement. Ca a l’air très intéressant (même si le nombre de tomes me fait un peu tiquer, j’adore varier mes lectures, alors m’engager pour 13 tomes, ça fait long^^). En tout cas merci pour cet article, ça me donne envie de me replonger dans les romans historiques (et probablement ceux-là au passage^^)

      1. Tu peux attaquer chaque partie indépendamment de l’autre, elles sont assez différentes. J’avais commencé par la deuxième mais avec le recul je crois que je préfère la première !

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