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Publier mon roman : le premier essai (raté)

    Que se passe-t-il quand on essaie de faire publier son roman ? Comme vous le savez (ou pas, si vous débarquez sur ce blog), je vais avoir l’immense plaisir cet automne de publier mon premier roman, Le Page de l’Aurore, aux éditions Sylphe Rouge. Mais j’avais déjà tenté de le publier en 2010, sans succès à l’époque. Voici comment les choses s’étaient passées.

    Première tentative de publication de mon roman


    Eviter l’arnaque de l’édition à compte d’auteur

    Peu après avoir terminé la rédaction du premier jet de mon roman, j’ai réfléchi à la possibilité de le faire publier. L’idée me paraissait assez irréaliste, mais j’ai alors été contactée par une maison d’édition à compte d’auteur (dont je tairai le nom pour ne pas être accusée de diffamation) qui m’offrait de prendre en charge le dépôt du roman auprès de la BNF, les frais d’impression, de logistique, de diffusion et de distribution pour 500 exemplaires et même l’organisation de séances de dédicaces. Je devais tout de même prendre en charge le coût de réalisation de la maquette, qui – heureusement pour moi et pour mon roman – était bien supérieur à mes moyens.

    J’ai ensuite été relancée par autre branche de cette ME, qui proposait de publier mon roman cette fois sans participation financière de ma part pour une publication de base en impression à la demande (la couverture originale, le référencement à la Fnac et la correction professionnelle étaient proposés en options payantes …).

    Pour être sincère, recevoir un mail où figuraient les mots « Votre livre a en effet été bien reçu par le comité et nous pensons qu’il pourrait tout à fait trouver sa place dans cette collection » m’avait rendue un peu hystérique. Naïvement, je ne m’étais pas rendue compte qu’en fonctionnant avec l’impression à la demande et sans payer de correcteur ni d’illustrateur, l’investissement aurait été assez insignifiant de leur part ^^ Et s’ils comptaient vendre le livre à 25€ sans faire de travail de promotion, autant dire que les ventes auraient été inexistantes. Ce sont vraiment des gens qui tablent sur le rêve de la majorité des écrivains, l’orgueil d’avoir son nom imprimé sur la couverture d’un livre, pour leur faire signer des contrats sans réfléchir.

    Je me suis néanmoins mis en tête que, si ces gens étaient prêts à investir pour publier mon roman, ce serait peut-être le cas pour d’autres éditeurs.

    Ces approches ont eu le mérite de me motiver à tenter sérieusement d’approcher des maisons d’édition plus légitimes. Une de mes amies travaillait à l’époque auprès d’un écrivain pour l’aider à promouvoir ses romans : elle m’a donc fourni tout un tas de conseils pour m’expliquer comment m’y prendre, rédiger le synopsis, les lettres de présentation, préparer la mise en page, etc.

    Pour m’organiser, vous allez être ébahis mais je n’ai PAS fait de fichier Excel cette fois ! Juste un fichier Word, qui reste pratique pour garder des souvenirs 😉

    Envoyer mon manuscrit

    • Première étape : j’ai listé les maisons d’éditions les plus connues en demandant l’avis de Google. J’avais peu de références puisque mes lectures fétiches de l’époque étaient surtout des J’ai Lu et des Livres de Poches généralistes, et j’ai donc commencé par faire un inventaire très exhaustif. Dans la liste : Acte Sud, Bragelonne, Mnemos, Flammarion, Albin Michel, Fayard, Mille et une Nuit, Mercure de France, POL, Gallimard, L’Atalante, Milady, Calmann-Levy, Presses de la Cité, Eclipse, Orbit, Le Belial, Les Moutons Electriques, Nestiveqnen, Fleuve Noir, Denoël, Le Pré-aux-clercs, Le Rocher, Terre de Brume, Castelmore, Sortilèges Editions, Grasset, Le Cherche-Midi, Le Dilettante, Le Seuil, Editions de Minuit, Stock, Autrement, Belfond, Joelle Losfeld, Plon, Buchet-Chastel, JC Lattes, L’Olivier, L’Harmattan, La Martinière, Les 3 orangers, la Table Ronde, Robert Laffont, Tallendier, Michel Lafon …
    • J’ai éliminé toutes celles qui n’avaient pas de collection Fantasy/fantastique
    • J’ai supprimé toutes celles qui n’acceptaient pas de manuscrit (mais en les gardant à l’œil car les souscriptions peuvent rouvrir, comme ça a été le cas pour Bragelonne)
    • J’ai étudié les conditions d’envoi de manuscrits : police, interligne, adresse, informations à transmettre, etc.
    • J’ai béni celles qui acceptent les manuscrits par mail
    • J’ai imprimé et relié cinq exemplaires pour les adresser à 5 premières maisons (souvent les manuscrits refusés sont renvoyés, ce qui permet de tenter sa chance ailleurs sans se ruiner chez l’imprimeur)
    • Comme j’ai la chance d’habiter à Paris où beaucoup de ces ME ont leur siège, je me suis amusée à aller déposer les manuscrits dans leurs boîtes aux lettres pour m’épargner le coût des timbres, ce qui vu le poids de la bête n’était pas un petit détail. Au final, j’ai proposé mon texte à Bragelonne, Mnemos, Flammarion (en visant Pygmalion), Gallimard Jeunesse, L’Atalante, Denoël, Le Pré-aux-clercs, Le Rocher et Sortilèges Editions
    • Et j’ai attendu les retours (entre 1 et 4 mois plus tard)
    Le Page de l'Aurore : première tentative de publication
    Voilà la bête ! (Qui n’avait pas le même titre, vous noterez)

    Vous vous en doutez, mon roman a été refusé. Comme je l’expliquais dans mon article sur mon évolution dans l’écriture, je n’avais quasiment pas pris de recul sur mon texte et je n’avais pas eu le courage de me lancer dans de grandes corrections de fond alors que je savais qu’elles auraient été bienvenues (notamment la fin, jugée trop brusque par une partie des lecteurs).

    Franchement, j’ai un peu envie aujourd’hui de présenter mes excuses à tous ces comités de lecture pour leur avoir fait perdre leur temps par paresse personnelle… En même temps, j’étais assez contente de ce que j’avais fait et j’étais curieuse de voir si Le Page de l’Aurore pouvait être accepté en l’état, puisqu’il avait attiré l’intérêt de ME à compte d’auteur et que j’avais quelques lecteurs très enthousiastes.

    Parmi tous ces refus, j’avais été spécialement touchée par celui de Bragelonne qui ont été les seuls à me faire un retour construit, prouvant qu’ils avaient réellement lu le livre et étudié l’histoire avec intérêt. J’avais été très touchée qu’ils prennent le temps de me faire ce retour, d’autant que les autres ne m’avaient renvoyé que des lettres impersonnelles. Voilà ce qu’ils en avaient dit :

    « Bonjour,

    Je suis désolé, mais votre manuscrit n’a pas été retenu par le staff éditorial.
    Je n’ai pas tous les détails des refus concernant les manuscrits que je n’ai pas traités personnellement. Cela dit, votre travail semble s’adresser à un public plus jeune qu’à notre public de lecteurs jeunes-adultes qui commencent au plus tôt à 13 ans et s’oriente beaucoup plus vers les 15 ans et +. (Le choix des noms des personnages et notamment celui du héros en est un élément mais aussi le cadre, et surtout l’âge des personnages principaux. En effet, un lecteur s’identifiera toujours aux personnages plus âgés que lui de deux, trois ans minimum. Ainsi si vos héros ont 13 ans, cela s’adresse donc à des lecteurs de 10-11 ans. Évidemment, les préoccupations des héros de 13 ans, leur façon de faire et d’agir sont totalement différentes de celles des héros de 16-18 ans !)
    Sinon, si votre plume est assez agréable à lire, je trouve, mais cela risque de ne pas suffire. Une constante chez les bons ouvrages adressés aux jeunes adultes est que le lecteur ne peut plus s’empêcher d’ouvrir le bouquin et de découvrir ce qu’il va se passer pour ses héros. Un dialogue par exemple, qui n’apporte pas beaucoup d’informations à l’histoire ni ne la fait progresser peut être résumé par deux lignes de narration; une fin de chapitre qui laisse le lecteur sur sa fin afin de l’empêcher de profiter de la dite fin pour faire une pause dans sa lecture; des phrases plus courtes et des mots simples permettent au rythme de l’histoire de s’améliorer. Croyez-moi, ce n’est pas évident à faire!

    Je suis bien conscient qu’en ce moment nous traversons une époque très difficile pour l’édition et la littérature de genre comme la nôtre n’est bien sûr pas épargnée par les contraintes qui touchent toutes les maisons d’édition. C’est une période délicate qui n’encourage pas à une certaine « clémence » pour les manuscrits que nous recevons au quotidien, et nous espérons tous pouvoir vivre des jours meilleurs d’ici l’année prochaine. Vous aurez peut-être plus de chance chez un autre éditeur. En tous cas, c’est ce que, très sincèrement, je vous souhaite.

    Bon courage et bonne chance pour la suite !
    Bien cordialement »

    Je leur suis toujours reconnaissante de cette démarche. Bon, même si je complexe beaucoup depuis sur le statut mi-généraliste, mi-jeunesse de mon roman ^^ Mais au moins j’ai supprimé les dialogues inutiles, travaillé les fins de chapitres et raccourci les phrases !

    Bref, le problème d’attendre 4 mois pour avoir des retours, et de n’avoir que des refus, c’est que forcément l’enthousiasme retombe. Je comptais initialement renvoyer mon texte à d’autres ME, mais j’ai fini par accepter l’idée qu’il avait encore besoin de travail… et que je n’étais pas motivée pour m’y atteler dans l’immédiat. Je m’étais relancée dans l’écriture de fanfictions et j’avais fini par me dire qu’être publiée chez une maison d’édition resterait un idéal inaccessible.

    Et puis, 7 ans plus tard, Sylphe Rouge est arrivé 🙂

    Avez-vous déjà essayé (voire réussi) de faire publier un roman chez une maison d’édition ? Comment vous y êtes-vous pris ?

    Crédits image : jonathan Ford on Unsplash

    15 commentaires sur “Publier mon roman : le premier essai (raté)”

    1. AH ! Le fameux fichier Exel 😛
      Toutes mes félicitations pour ce roman, c’est formidable. Un pan de l’aventure qui s’achève, un autre qui s’ouvre. Et je suis bien d’accord avec toi sur la fameuse lettre de refus, une lettre bien argumentée sur le roman, même si elle porte au demeurant une réponse négative, fait déjà plaisir. Quant au statut hybride de ton texte, toujours une question un peu délicate dans le milieu, mais j’ai tendance à penser que les meilleurs textes sont justement les hybrides, ceux qui croisent les genres, ou s’inscrivent dans une case pour mieux la renouveler 😉
      Encore bravo ! Et cet article apporte quelques bons conseils, vu que je me lance aussi dans l’aventure éditoriale !

    2. J’adore lire des articles comme ça, ça encourage et inspire! Mon rêve aussi c’est de terminer un roman, j’en écris beaucoup en simultané mais du coup je prends mon temps pour écrire et ensuite pour l’améliorer. Bravo à toi !

    3. Merci pour cet article très utile. Je vais bientôt envoyer un manuscrit à des MA et ton expérience est très intéressante, elle prouve qu’il ne faut pas se laisser décourager par les refus. La lettre de Bragelonne m’a agréablement surprise, je pense qu’il est rare d’avoir ce genre de retour constructif. Quelque part elle démontrait aussi que ton manuscrit avait du potentiel. Félicitations pour ton livre publié 😉

      1. Merci beaucoup 🙂 En effet même si c’est difficile il faut s’accrocher, et quand il n’y a que des refus c’est aussi un signe que le roman mérite encore quelques efforts. Bon courage à toi !

        1. Merci beaucoup ! Je suis en plein dans les corrections et la mise en forme, et j’envoie tout dans la foulée. Un très beau blog que tu as ! Passe une bonne journée.

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