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Lu récemment : « Black-Out », quand les voyages dans le temps s’essoufflent

    J’ai fini il y a quelques semaines le roman Black Out, de Connie Willis, après l’avoir eu dans ma PAL pendant très longtemps et avoir entendu des avis enthousiastes dessus. Le roman a aussi reçu de nombreux prix. Malheureusement, mon opinion est très mitigée. Attention, cette chronique comprendra des spoilers.

    Black out

    De quoi ça parle ?

    En 2060, le voyage dans le temps a été inventé et les historiens s’en servent pour visiter le passé. Découvrir les Croisades ou Pearl Harbor au plus près de l’action devient possible, et très précieux pour étudier les comportements des gens de l’époque. Tout le processus d’aller-retour dans le temps est complètement sécurisé et garanti : il suffit de se rendre à un « point de transfert » discret pour être ramené à son époque. 4 de ces historiens partent, chacun de son côté, vers une destination différente au début de la deuxième guerre mondiale : l’étude des enfants réfugiés dans le Nord de l’Angleterre, l’étude des vendeuses de grands magasins pendant le Blitz à Londres, l’étude des héros ordinaires qui se sont embarqués à Douvres pour sauver les troupes anglaises coincées à Dunkerque, etc. Seul problème : au moment de rentrer chez eux, les points de transfert ne fonctionnent plus …

    Impression générale

    Je dois dire que ce roman m’a agacée. Le pitch était très prometteur mais le résultat n’était pas ce à quoi je m’attendais.

    Je ne pensais pas que l’histoire serait aussi concentrée sur la partie « Londres 1940 », j’espérais voir un peu plus le côté SF avec les impacts que ça a sur la société de pouvoir remonter dans le temps, la logistique que ça implique, comment c’est organisé … J’aurais aussi aimé les voir explorer d’autres époques.

    Ce que j’ai le moins aimé

    Les péripéties sont extrêmement répétitives et sont les mêmes pour chacun des 4 historiens : difficultés à partir réaliser leur mission, arrivée dans le passé à un endroit et un jour qui ne sont pas ceux prévus, difficultés à trouver l’occasion de regagner leur point de transfert, problème de fonctionnement du point de transfert, attente sur place et retours réguliers dans l’espoir que le transfert remarche, attente des « équipes de récupération » censée ramener les historiens égarés, invention de théories pour expliquer leur absence … Chacune de ces étapes est vécue par les 4 protagonistes (donc autant vous dire qu’au bout de 2, on sait déjà tout ce qui va arriver aux autres) et dure beaucoup trop longtemps.

    Ces péripéties paraissent même artificielles. J’ai eu la même sensation qu’en lisant Da Vinci Code : on se sent obligé de tourner la page parce qu’il y a un sentiment de suspense, mais sans réelle motivation parce qu’on ne se sent pas impliqué dans les enjeux. Par exemple dans un passage, deux personnages qui sont chacune restées à un endroit précis pendant des mois décident au même moment d’aller voir l’autre, et comme par hasard elles voyagent exactement le même jour donc se croisent. Non mais sérieusement ? Pendant toute la scène j’ai attendu le rebondissement inattendu, espéré que l’auteur n’utiliserait pas cet artifice bien trop simpliste … eh bien, échec.

    Le plus exaspérant est que tout ça reste irrésolu. Le livre est long donc on attend TRES longtemps pour qu’il se passe un truc un peu nouveau, et au bout des 800 ou 900 pages la fin arrive sans apporter le moindre bout d’information. Certains personnages proches de nos héros historiens font parfois des allusions mystérieuses qui laissent penser qu’ils peuvent avoir une pièce du puzzle, mais ça reste très flou et on a aucun moyen de comprendre comment ni pourquoi ils pourraient en savoir plus. L’épilogue n’apporte aucune réponse claire (ou alors je n’ai rien compris).
    Je trouve ça presque malhonnête, j’ai l’impression qu’on me force la main pour acheter la suite. Or je n’ai pas été assez emballée pour enchaîner immédiatement, donc je sais que je vais devoir rester plusieurs mois (voire années) sans réponse, ce qui m’agace.

    Finalement, je suis de plus en plus dubitative sur les histoires en 2 tomes où on reste dans le flou pendant un tout le premier tome et 80% du 2ème. Un tome doit se suffire à lui-même. C’est un peu comme dans la bonne vieille série 24h chrono : au bout de quelques saisons, on savait que les 12 premières heures allaient développer une intrigue et la conclure en révélant qu’elle était intégrée à une deuxième intrigue encore plus grave. Pas développer 50% d’une intrigue.

    Je n’ai pas non plus vraiment accroché aux personnages. J’ai été gênée par le peu de descriptions physiques des héros, et par le fait qu’alors qu’ils sont historiens dans des missions passionnantes (risquées, bien sûr, mais ils s’y engageaient en connaissance de cause) ils ne pensent à rien d’autre qu’à rentrer chez eux. J’ai vraiment regretté qu’ils ne fassent pas plus leur boulot d’historien et étudient ce qui les entoure. Au lieu de ça, on subit 150 pages où le principal enjeu est « l’héroïne essaie de se procurer une jupe noire mais n’y arrive pas ». Passionnant.

    Ce que j’ai bien aimé (quand même)

    • En apprendre davantage sur le Blitz à Londres, la fréquence des bombardements, les endroits où les Londoniens s’abritaient, leur capacité hallucinante à retourner travailler  le lendemain comme si de rien n’était. Je suis allée à Londres peu après avoir lu ce livre, et c’était touchant de mieux comprendre pourquoi il y a tant de bâtiments modernes dans certaines rues
    • Parmi les personnages, j’ai tout de même apprécié Eileen (qui s’occupe d’étudier les enfants réfugiés) et les deux terreurs attachantes dont elle a la charge, Alf et Binnie Hodbin. J’espère les revoir dans le tome 2 car ce sont des petits monstres bien développés, et malgré tout on s’inquiète pour eux.

    Je suis vraiment étonnée parce que j’ai beaucoup entendu parler de ce livre récemment et je pensais qu’il était plus intéressant que ça. Si vous l’avez lu et que vous souhaitez en débattre, j’y suis toute disposée 🙂

    Note finale

    Je vais rester à « Décevant ». Je lirai peut-être la suite pour avoir le fin mot de l’histoire, mais seulement si on me la prête comme pour ce tome 1.

    grille 1-2

    7 commentaires sur “Lu récemment : « Black-Out », quand les voyages dans le temps s’essoufflent”

    1. Je n’ai pas non plus aimé Black-Out. On m’a prêté l’intégrale, une énorme brique baptisée Blitz, mais… je n’ai jamais pu me résoudre à entamer le second tome. J’ai été dégoûté par les mêmes énormes défauts que toi: l’intrigue très lente, les personnages agaçants (et parfois neuneus), les répétitions, l’enjeu faible, voire absent. Ce roman est juste mou.
      J’ai rendu ce pavé de 1200 pages à qui me l’avait prêté, et je ne suis pas tourmentée outre mesure par le suspens de la fin de cette intrigue inachevée 😉

        1. Je me suis posé la même question… Peut-être que la concurrence était pire encore? Je n’ai lu aucun des nominés pour le Nebula de 2010, ni pour le Locus et le Hugo de 2011, alors je ne peux rien affirmer.

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